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Le doute doit-il être universel ou faut-il le limiter à certains domaines ?

Publié le 24/10/2024

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« Le doute doit-il être universel ou faut-il le limiter à certains domaines ? On peut considérer le doute comme constitutif de la philosophie parce qu’il est inséparable de la pensée même.

Douter vient du latin dubitare qui signifie balancer entre deux choses.

Il révèle un état d'incertitude qui fait qu'on ne peut pas prendre une décision soit par manque de connaissance, soit par faiblesse psychologique, soit volontairement.

Il est associé à une forme de sagesse évitant les jugements hâtifs et péremptoires.

Douter n’est pas nécessairement nier car nier c'est déjà se prononcer (ceci est vrai ou ceci est faux), tandis que douter implique que l'on refuse de se prononcer.

L’objet du doute concerne les sensations et le rapport au réel.

Il pose la question de la certitude des savoirs. Si le doute nous est présenté comme attitude philosophique par excellence, nous chercherons à savoir si le doute doit être universel, c’est a dire s’appliquer à toute chose ou s’il faut le limiter à certains domaines. Pour cela, nous traiterons du doute universel à travers l’argumentation sceptique, puis nous verrons le doute inspiré de Socrate qui contribue à l’amélioration de soi et par extension de la société et enfin nous poserons les limites du doute. L’indécision volontaire fait partie de l’argumentaire sceptique.

Le scepticisme est une philosophie et un mode de vie qui consistent à examiner les choses et les idées, et à les comparer pour montrer que chaque raisonnement peut être réfuté.

Il consiste à révéler la contradiction des opinions.

Aucune idée n’est jamais restée seule.

Dès que l’une surgit, une autre, contraire, se dresse.

Il n’y a rien d’incontestable ni d’irréfutable.

« A tout raisonnement on peut opposer un raisonnement de force égale » Sextus Empiricus.

Il s’agit d’un doute radical pour lequel rien n’est absolument certain et la vérité inaccessible.

Le scepticisme est donc le refus des dogmes et des opinions arrêtées, non pas parce qu’elles sont fausses, mais parce qu’on ne sait pas si elles sont vraies ou fausses.

Pour le sceptique, ce ne sont pas les phénomènes qu’il faut rejeter, mais les théories qui se fondent sur leur interprétation.

Nous pouvons l’illustrer par l’expérience de pensée du « cerveau dans une cuve » d’Hilary Putnam ; mais nous aurions tout aussi bien pu prendre pour exemple le film Matrix.

Dans cette expérience de pensée, un savant nous opère et retire notre cerveau pour le placer dans une cuve remplie de liquide physiologique.

Il branche ensuite notre cerveau à un ordinateur, qui lui envoie des impulsions électriques de manière à simuler les sensations que nous ressentons au quotidien.

On a alors l’illusion d’être dans le monde réel.

Notre perception consciente résulte de processus cérébraux indépendants du corps.

Cette expérience nous montre qu’il se pourrait que je sois en fait un cerveau dans une cuve.

En tout cas, il m’est impossible d’exclure que je suis un cerveau dans une cuve.

Et s’il m’est impossible d’exclure que je suis un cerveau dans une cuve, je ne peux pas savoir si les choses que je perçois existent, ni si j’existe moi-même. Mais le doute universel, c’est-à-dire qui concerne tous les domaines de la pensée est-il nécessairement radical ? Selon Socrate, douter de tout, ne rien prendre comme allant de soi est un devoir pour l'homme « Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien.

». Socrate interpellait les gens et les questionnait sur tel ou tel sujet familier : le beau, le bien, la justice, la vertu, toutes ces choses que tout le monde croit bien connaître.

Sûrs d’eux-mêmes, les gens lui répondaient et il leur démontrait alors qu’ils se trompaient, qu’ils ignoraient tout de la question.

Socrate ramenait l’erreur à l’ignorance des Hommes (« nul ne fait le mal que par ignorance »).

Par ce jeu de questions réponses il visait la connaissance de soi, la recherche morale étant au centre de ses préoccupations. On voit qu’ici le doute, c'est ce qui permet le progrès de l'humanité au sens moral.

C’est une forme de sagesse évitant les jugements hâtifs et péremptoires.

C’est une manière de développer sa propre réflexion, hors des opinions dominantes et en laissant de côté aussi ses préjugés.

C’est une invitation à repousser nos limites personnelles pour approcher le vrai, l’essentiel.

C’est une manière de s’améliorer. Et ainsi le doute va permettre le progrès de l’humanité au sens politique car douter ce n'est rien d'autre que faire preuve d'esprit critique, de remettre en cause l’ordre établi.

C’est ce qu’ont mené les philosophes des Lumières en faisant prendre conscience au peuple qu’il pouvait imaginer une vie meilleure avec davantage de droits et de libertés dans une société plus égalitaire. Le doute est vu ici comme un devoir moral.

Le citoyen éclairé se doit de douter de tout. Le doute est donc le moyen de la réalisation du progrès social, sans forcément remettre en cause les fondements de la société, mais en suivant les principes de prudence et de modération.

En effet, à défaut de connaître la vérité dans ces domaines, il est préférable de s’éloigner des excès et d’adopter les opinions les plus modérées, car si l’on se trompe, on risque moins de s’éloigner de la vérité qu’avec des opinions extrêmes. C’est là une préconisation de René Descartes qui accorde une grande importance au doute, pour apprendre à se méfier de ses perceptions, des sens souvent trompeurs.

Il donne l’exemple de l’illusion que donne une tour carrée ; vue de loin ; elle apparaît ronde.

Le principe cartésien fondamental est : « Ne rien admettre en nous qui ne soit absolument certain.

Frapper de doute tout ce qui n’est pas certain d’une certitude absolue ».

Mais dans sa démarche, le doute est provisoire ; il.... »

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