Le dialogue est-il la solution des questions politiques ?
Publié le 28/10/2005
Extrait du document
Analyse du sujet:
Le dialogue est un échange oral entre plusieurs individus dans lequel il ne s’agit pas pour chaque partie d’énoncer simplement un point de vue mais de les confronter dans le but de parvenir à une entente ou un accord. Etant donné cette fin idéale, le dialogue est communément opposé en politique aux conflits, à la violence. En réalité, le dialogue est une certaine manière de résoudre un conflit que l’usage de la violence.
L’homme est un être doué de langage, c’est par le langage qu’il parvient à fonder une communauté politique. Il convient de rappeler que le terme grec logos signifie aussi bien la raison que le langage. L’homme est animal doué de raison, c’est-à-dire doué de parole. On peut aussi rappeler que le terme de barbare imitait la manière de parler des non grecs. Les barbares sont ceux qui, aux yeux des grecs, n’ont pas véritablement de langage. La parole est donc fondamentale dans la naissance de la politique et plus précisément dans la démocratie. C’est grâce à elle qu’on délibère, qu’on exprime son opinion, qu’on argumente et qu’on persuade.
Il faut se demander ensuite ce qu’on entend par « questions politiques «. Après tout, nous ne savons pas s’il s’agit de politique extérieure ou intérieure.
· En politique extérieure privilégier le dialogue reviendrait à privilégier la diplomatie, la concertation et ce que l’on appelle le multi-latéralisme à la violence systématique ou à la menace. Or d’emblée, on voit que menacer peut aussi passer par la parole. Il faut donc distinguer le dialogue entre égaux où chaque partie peut parler librement et sans crainte du dialogue entre inégaux,et dans lequel l’adhésion du plus faible risque toujours d’être obtenue par la contrainte et ainsi n’être jamais sûr.
· En politique intérieure, il y aurait une alternative similaire. Soit on on instaure un dialogue entre des parties en conflit, soit l’Etat par la contrainte impose une loi ou un décret à l’origine du conflit.
Or nous pouvons constater que l’alternative entre la violence et le dialogue repose dans les cas les plus courant sur des rapports de force, des intérêts divergents. Le dialogue y est souvent la recherche d’un juste milieu, juste milieu qui n’est pas à égal distance, qui n’est pas non plus forcément la justice mais qui est un compromis relatif à la puissance des parties qui se confrontent. Autrement dit, la confrontation qui naît dans une société entre des intérêts divergents ne cesse pas nécessairement par le dialogue alors même que ce-dernier remplit un autre objectif : la paix sociale.
Problématisation:
La réponse à la question peut donc varier suivant se que l’on entend par le terme dialogue, et l’idée qu’on se fait de sa fin. Le dialogue semble vain si l’on croit par lui parvenir à réunir des intérêts divergents. Peut-on en effet s’appuyer seulement sur la raison pour parvenir à l’entente, ou faut-il user de la force, et plus précisément de la crainte de la force pour gouverner ou fonder un état politique ? Ne faudrait-il pas se demander quelle espèce de dialogue pourrait régler la question politique par excellence celle de l’union d’un ensemble d’invidividus en un état ?
«
a) En réalité, il faut préciser la définition du dialogue pour ne pas le réduire à une sorte de manière pour le fort de ne pas faire usage de sa force et pour imposer sa loi.
Danstous les cas que nous avons analysé précédemment une chose était constante :l'inégalité qui régnait entre les parties du dialogue.
Or, cette inégalité était ce quifaisait que le dialogue était souvent davantage une procédure plutôt qu'une véritablediscussion.
Par exemple dans le traité de Verdun les représentants de la France ontmontré un grand dédain à l'égard de leur interlocuteur.
Ils ont imposés des conditionsinacceptables et ainsi travaillés à la guerre future.
Ici, le droit rejoint le fait, le faiblequi accepte les règles du fort n'est pas obligé par sa promesse.
En effet celle-ci lui estarrachée par la contrainte.
Mais peut être faudrait-il dire que dans ce cas il n'y a pasdialogue.
Pour qu'il y ait à proprement parler dialogue il faut qu'il y ait une certaineégalité. b) Le dialogue cependant repose sur une autre condition.
Si le dialogue a lieu entre desintérêts divergents, il faut bien qu'il y ait la possibilité d'un accord qui ne soit pas basésur le rapport de force.
Or, comment cela serait-il possible ? Cela n'est envisageableque s'il existe un intérêt commun qui pourrait être dégagé d'un divergence apparented'intérêts.
On peut voir ici le rôle de la raison.
Un locuteur dans le dialogue peut avoirraison, dire le juste, son interlocuteur devra au fil du dialogue être convaincu.
Si aucundes deux n'a raison, le dialogue doit permettre de trouver le juste, et est une méthodepour y parvenir.
On peut bien sûr penser aux célèbres dialogues platoniciens.
Le justeest d'ailleurs plus difficilement contestable. c) Dans ces conditions le dialogue peut régler des problèmes politiques, et notamment les conflits entre citoyens.
Néanmoins, pour que cela fonctionne, encore faut-il qu'il n'yait pas de classes sociales de corps particuliers qui rendent les intérêtsstructurellement divergents.
La division de la société en caste ou classe sociale rendimpossible le véritable dialogue. Conclusion : On voit ainsi qu'il se dessine un véritable cercle, le dialogue ne peut se substituer à laforce que dans un état où règne une certaine égalité entre les citoyens, et qu'une unionpolitique réunisse des intérêts divergents.
Or c'est à la politique de rendre possible cesconditions du dialogue.
La question politique de la réunion d'individus ne peut être réglerpar le dialogue alors que celui-ci ne peut venir qu'au sein de l'état politique légitime.
D'unautre côté l'état politique véritable ne peut venir que par le dialogue.
La politique et ledialogue sont intiment liés..
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