Le devoir et le bonheur (dissertation)
Publié le 15/04/2023
Extrait du document
«
Chaque homme sur Terre aspire un jour à être heureux dans sa vie.
Cet état se
définit par la jouissance du bonheur, mais le concept et la définition de celui-ci est propre à
chaque individu.
Le degré de bonheur atteint, le contentement de cet état n'est pas le
même selon les personnes.
La question posée nous interroge, en tant que sujets (« nous
»), sur un aspect primordial de notre vie : le bonheur.
Le verbe « être » pose le problème
de savoir si le bonheur est un état, une nature, si l’on peut l’atteindre, etc.
Il y a tout
d'abord une contradiction apparente entre l'idée du devoir moral (qui vise à établir les
règles, dit ce qui doit être, le comportement à adopter...) d’atteindre le bonheur, et celle
d'être heureux.
Le bonheur est un état de plénitude à atteindre, il est même parfois
présenté comme l'objectif premier d'une vie.
Ainsi, doit-on être heureux ? Nous verrons
dans un premier temps l'aspect du devoir moral, en montrant que le fait d'être heureux ne
relève pas d'un devoir .
Ensuite, nous aborderons la question de la possibilité d'être
heureux .
Ces deux parties nous mèneront donc à une réflexion sur le besoin d'être
heureux, notamment dans notre société, et d'un point de vue universel.
Le bonheur n'est pas un devoir moral d'un point de vue personnel.
Le bonheur est
une envie spontanée de l'homme et n'est donc pas à mettre en lien avec la morale.
Chacun aspire au bonheur, et cela fait partie de nos désirs.
Nous sommes libres de
désirer car cela est dans la nature même de l'homme.
Le caractère de l'obligation morale,
qui nous impose d'être heureux, se heurte donc à celui de nos envies dont celle du
bonheur qui est profondément ancrée à l'intérieur de nous-mêmes.
Il peut s'avérer être un
objectif à atteindre dans la vie et même en être le but ultime.
L'idée de devoir amène une
obligation qui fait tout de suite entrer en compte l'aspect contraignant, l'effort.
Ce statut de
devoir repose sur une obligation définie par le système que l'on accepte, par la loi, la
société, les circonstances.
La morale sous-entend un respect du code de conduite que
chacun se doit d'adopter.
On nous soumet à l'idée de quelque chose d'imposé, qui relève
de notre bon-vouloir mais qui, normalement, devrait relever de notre choix personnel.
Le
choix suppose qu'il y ait une liberté d'action et de décision.
Or, cette liberté n'est pas en
accord avec l'idée du devoir, de l'obligation.
Si le fait d'être heureux est un devoir, alors nous ne pouvons plus faire ce que nous
désirons.
Les actions menées respecteraient cette obligation morale, mais pourraient à
l'inverse bafouer nos propres codes moraux et notre quête du bonheur.
Notre conduite
personnelle, dictée par nos désirs et envies, peut se trouver en désaccord avec ce que
nous dit de faire la morale.
Le devoir moral ne peut donc pas s'associer avec l'idée du
bonheur .
De plus, l'homme cherche naturellement des solutions à cette énigme : quels moyens sont
bons pour atteindre le bonheur ? Le bonheur est, comme nous l'avons dit, une quête
ultime dans la vie, et cela en fait un objectif encore plus difficile à atteindre.
Platon exprime
clairement ce but : « Atteindre le bonheur sera le principal but ».
Le fait de penser que l’on
se doit d’être heureux, ne pourrait-il pas entraîner le contraire ? Sont extrêmement rares
ceux qui peuvent se détacher de leurs désirs, les désirs ne sont donc pas ou très peu
contrôlables.
Pourtant ce sont ces mêmes désirs qui contribuent à l’atteinte du bonheur,
car lorsque nous parvenons à assouvir nos désirs, tout de suite se crée un sentiment
d'accomplissement qui mène à la joie.
Cependant, nous sommes conditionnés par la
société de consommation, par exemple, à toujours vouloir concrétiser nos envies mais
aussi à en créer en permanence de nouvelles.
Notre égo, notre corps ne se différencie
pas toujours de notre esprit pour savoir quels désirs sont essentiels, ou non.
Cela nous
amène au problème suivant : si nous voulons à tout prix être heureux et que nous ne
pouvons pas nous détacher des pulsions qui commandent notre comportement, alors
arriver à réaliser tous nos désirs devient impossible et le bonheur inatteignable.
Savoir que
le bonheur peut ne pas être atteint pourrait conduire dans le cas contraire au malheur.
La
morale ne peut donc pas nous ordonner de nous élever à un état de plénitude.
Ainsi, le bonheur ne peut pas être un devoir moral, la liberté de vouloir être heureux
s'oppose déjà à la morale qui impose cet état.
De plus, il demeurerait une incohérence
dans le fait que le bonheur doive être atteint, mais pourrait aussi ne pas l'être selon les
capacités de chacun à trouver et suivre le bon chemin pour l’atteindre.
Mais ce sujet
implique déjà que nous puissions être heureux.
Le devoir d'obtenir le bonheur suggère d'abord qu'il y ait une possibilité d'être
heureux.
Plusieurs philosophes se sont penchés sur cette énigme et différentes analyses
sur les façons de parvenir au bonheur ont ainsi été émises.
D'un point de vue personnel,
l’approche est complexe et les critères de bonheur différents.
Le bonheur peut être lié à la
sagesse, étant au départ un critère pour les grecs, qui signifiait que l'on était calme,
serein, tranquille, quelles qu’en soient les circonstances.
Or, cette notion s'est étendue
parmi les philosophes et chacun a développé sa propre définition.
Pour Socrate la
sagesse coïncide avec la recherche de la vertu (tendre au bien, suivre les règles, la loi
morale), qui peut être assimilée à la recherche du bonheur.
Il disait ainsi : « Une vie sans
examen ne vaut pas d'être vécue ».
L'homme pour être vertueux, et ainsi accéder au
bonheur, doit donc sans cesse se remettre en question.
La recherche de la vertu est donc
nécessaire car en se posant des questions et en se plaçant sans cesse en situation
« d'examen de soi-même », on atteindrait le bonheur.
Être heureux serait donc une forme
de moralité.
Pour Plotin, le bonheur doit se conformer à une vie de l'intelligence, qui ne se résume pas
à un profit du monde matériel auquel le corps est rattaché.
Il différencie bien le corps et
l'âme car, selon lui, les plaisirs du corps ne sont qu'éphémères et n'assurent pas le
bonheur absolu.
Il ne se préoccupe donc pas des plaisirs du corps, bien qu'il faille
l'entretenir.
Pour lui, la vie sur terre n'est qu'une étape avant l'élévation de notre âme vers
le bien.
Sa conception du bonheur est ainsi en accord avec celle de Platon qui affirme que
celle-ci n'est pas possible sur Terre, car le corps est dissociable de l'esprit, et seul l'esprit
est capable de se tourner vers le bonheur.
Ils résolvent l'énigme du bonheur, en se
détachant de tout ce qui est matériel n’ayant que peu d’importance.
Certains seraient donc à la recherche du bonheur, et d'autres s'estimeraient déjà l'avoir
trouvé (dans l’au-delà).
Toutefois, beaucoup d'entre nous n’ont pas réellement d'idée de ce
qu'est le bonheur.
Celui-ci peut être bien souvent traduit par des plaisirs instantanés, des
émotions.
Les émotions peuvent être ressenties et transmises à ceux qui nous entourent.
Aussi, d'un point de vue personnel, nos actions nous reviennent.
En théorie, nous
cherchons à satisfaire nos désirs, et assimilons ces plaisirs du corps à une certaine
conception du bonheur.
Il s'agirait donc, pour être heureux, d'être libre de tout désir, mais
nous n'en sommes pas tous capables, et non égaux face....
»
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