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Le destin de l'homme est-il de rompre avec son animalité en conservant et en augmentant ses connaissances ?

Publié le 27/02/2008

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L?homme d?alors est certes proche de l?animal, mais il connaît un bonheur que ne restreint ni la société civile, ni l?exercice de son libre arbitre. -          L?homme est alors forcément juste, car dans son c?ur parle sa conscience, cet « instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré d'un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rend l'homme semblable à Dieu » ainsi qu?il l?écrit dans le livre IV de l?Emile. -          Pour ces raisons, on peut affirmer avec Rousseau que le destin de l?homme n?est pas de rompre avec son animalité en conservant et en augmentant ses connaissances, car cet état de fait n?est pas souhaitable, ce n?est pas un bien mais un mal et il aurait mieux fallu que cela n?arrive pas.     Mais c?est aussi une fatalité.   -          Toutefois, Rousseau assure que cette chute malheureuse de l?homme dans l?état social (état où l?homme use de sa raison et perd son animalité de nature) était une fatalité. -          Elle était une fatalité car l?homme se distingue des autres animaux par ce qu?il appelle la « perfectibilité ». La perfectibilité désigne une aptitude de l?homme à développer, en fonction des circonstances, les facultés proprement dites (imagination, sensibilité active, raison) que sa nature ne contient d?abord qu?au titre de pures virtualités : on peut donc la définir comme une « faculté qui, à l?aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l?espèce, que dans l?individu, au lieu qu?un animal est, au bout de quelques mois, ce qu?il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu?elle était la première année de ces milles ans » (Rousseau, Discours sur l?origine et les fondements de l?inégalité parmi les hommes, première partie) -          En effet pour Rousseau, l?homme est un être doué de liberté, ce qui signifie qu?il est capable d?échapper au diktat de l?instinct naturel et de se perfectionner : « la nature seule fait tout dans les opérations de la bête, au lieu que l?homme concourt aux siennes en qualité d?agent libre. » (Rousseau, Discours sur l?origine et les fondements de l?inégalité parmi les hommes) -          Pour cette raison, il était fatal que l?homme, tôt ou tard, échappe à l?emprise de la nature et se perfectionne dans ce sens. -          En ce sens là, on peut donc dire que le destin de l?homme est bien de rompre avec son animalité en conservant et en augmentant ses connaissances.     Le destin de l?homme n?est cependant pas encore accompli.

« - D'après Rousseau, la rupture avec l'animalité a été pour l'homme une déchéance profonde qui a charrié plus de malheurs que de bienfaits : « Quand d'uncôté l'on considère les immenses travaux des hommes, tantde sciences approfondies, tant d'arts inventés, tant deforces employées (…) et que de l'autre on recherche avecun peu de méditation les vrais avantages qui ont résulté detout cela pour le bonheur de l'espèce humaine, on ne peutqu'être frappé de l'étonnante disproportion qui règne entreces choses, et déplorer l'aveuglement de l'homme qui, pournourrir son fol orgueil et je ne sais quelle vaine admirationde lui-même, le fait courir après toutes les misères dont ilest susceptible et que la bienfaisante nature avait pris soind'écarter de lui.

» (Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes , première partie, note IX) - Ainsi d'après Rousseau, « Nos âmes se sont corrompues à mesure que nos sciences et nos arts se sontavancés à la perfection » ( Discours sur les sciences et les arts) et il faut soutenir que « l'état de réflexion est un état contre nature, et que l'homme qui médite est un animaldépravé » ( Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes , première partie). - A l'encontre de ceux qui font l'éloge du progrès, Rousseau postule le bonheur de l'homme à l'état de nature, un homme qui n'est guère autre chosequ'un animal. - D'après Rousseau, la liberté et le bonheur à l'état de nature ne font qu'un, car l'homme écoute alors les impulsions de son cœur et c'est en toute bonne volonté qu'il suit ses conseils.L'homme d'alors est certes proche de l'animal, mais il connaît un bonheur que ne restreint ni lasociété civile, ni l'exercice de son libre arbitre. - L'homme est alors forcément juste, car dans son cœur parle sa conscience, cet « instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré d'un être ignorant et borné, mais intelligent et libre; juge infaillible du bien et du mal, qui rend l'homme semblable à Dieu » ainsi qu'il l'écrit dans le livreIV de l' Emile . Rousseau: "Conscience ! Conscience ! Juge infaillible du bien et du mal" Cette formule de Rousseau, que l'on peut lire dans l'Emile, aborde la question de la consciencedans sa dimension morale.

En effet, si comme nous l'avons montré dans l'analyse de la citation dePascal, la conscience signifie au sens premier « accompagné de savoir », elle prend également unsens moral, et les expressions que nous venons d'évoquer montrent qu'elle apparaît comme cesentiment qui pourrait nous permettre de distinguer le bien du mal.

Tel est le sens de la formule deRousseau puisqu'il la qualifie de « juge infaillible ». Ainsi, la conscience morale serait ce sentiment moral inné que tout homme possèderait.

Il suffitalors d'écouter « la voix de sa conscience » pour savoir qu'on a mal agi, ou, pour bien juger, dejuger « en son âme et conscience ».

Si on peut alors définir l'homme par la conscience, c'est doncaussi en tant qu'être moral ou, en tout cas, en tant qu'être pour qui la question morale se pose.Pourtant, faire reposer la morale sur un sentiment n'est pas sans poser problème.

En effet, n'est-ilpas possible de faire le mal en toute bonne conscience ? Comment dans ces conditions Rousseau peut-il soutenir l'infaillibilité de ce sentiment ? Parce qu'unsentiment anime le cœur des hommes et caractérise l'humanité : la pitié, sentiment qui le conduità souffrir au spectacle de la souffrance de l'autre.

Pourtant, de nombreux événements dans la viecourante et dans l'histoire nous montrent que ce sentiment n'est pas toujours présent chez leshommes.

En effet, si on affirme que l'homme est animé par ce sentiment, que sa conscience leguide, comment, une fois encore, comprendre la barbarie, la violence, la cruauté dont les hommespeuvent être capables ? L'argumentation de Rousseau est double :- si les hommes sont capables de cruauté, c'est parce que la société les a pervertis en faisantnaître le vice, la comparaison et la rivalité ;- l'existence de ce sentiment est avérée par la réalité.

En effet, si la morale ne reposait que sur laraison, cela ferait bien longtemps que l'humanité aurait disparu. - Pour ces raisons, on peut affirmer avec Rousseau que le destin de l'homme n'est pas de rompre avec son animalité en conservant et en augmentant ses connaissances, car cet état defait n'est pas souhaitable, ce n'est pas un bien mais un mal et il aurait mieux fallu que cela n'arrivepas. 3.. »

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