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Le désir peut-il se satisfaire de la réalité?

Publié le 08/05/2011

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Une "tradition" philosophique condamne le désir dans la mesure où il semble nous condamner à une insatisfaction permanente : à peine comblé, le désir se déplace sur un nouvel objet. Si le désir n'est que matériel, comment peut-on expliquer que, si souvent, à cause du désir nous ayons connu de la frustration ou bien un manque ? Si un individu, dans son existence, était capable de désirer, tour à tour, chacun des objets et des êtres composants la réalité, il ne pourrait par la suite que juger cette réalité profondément insatisfaisante (puisque son dernier désir témoignerait qu'il lui manque encore quelque chose) . Cette hypothèse se contente tout de même de souligner, dans le désir, la présence et l'importance d'un manque ou bien d'une absence : d'après cela on voit mal comment l'individu pourrait se satisfaire du donné, et donc de la réalité. Le désir peut-il donc se satisfaire de la réalité? On peut comprendre cette question de plusieurs façons : soit qu'il faut se demander s'il faut si le désir peut accepter la réalité telle qu'elle est, soit qu'il faut se demander si le désir peut, grâce à la réalité, être comblé. Le désir semble toujours être en quête d'un au-delà de ce qui est présent : il vise un possible, mais si ce possible devient réel à son tour, le désir renaît généralement en se fixant un autre objet.

« Le désir peut-il se satisfaire de la réalité ? Le désir a été défini de manières très différentes par des philosophes de toutes les époques.

Pour des philosophesde l'antiquité comme Platon, l'homme ne doit désirer que la vérité et ne doit rechercher que la justice.

Selon Epicure,pour définir le désir, il faudrait distinguer les désirs naturels des désirs vains.

Pour les stoïciens, il faut distinguer lesdésirs selon les désirs qui dépendent de nous et ceux qui ne dépendent pas de nous.

D'après ces trois définitions,on pourrait associer la réalité avec la vérité, avec les désirs naturels ou encore avec les désirs qui dépendent denous.

Cependant, un aspect de la réalité semble émerger de toutes les définitions.

Le désir est un manque, c'est ledésir de la symbolisation d'un objet, c'est l'idée associée avec la satisfaction d'obtenir ce que l'on désire.

Le désirétant défini comme un manque, ne peut-il jamais se satisfaire de quoique ce soit ? Comment obtenir alors lasatisfaction et atteindre le bonheur sans toutefois renoncer au désir afin de vivre heureux dans la réalité ? Le désir étant un manque, il est donc impossible de le satisfaire puisque lorsque l'on obtient ce qu'on désirait, on nele désire plus.

N'importe quel désir que le corps ou l'âme peut posséder est aussitôt évaporé dès lors que ce désirest satisfait.

Une fois notre objectif atteint, la pensée se réoriente vers un nouveau désir qui lui aussi, s'il estsatisfait sera oublié comme tous les autres désirs avant lui et tous les autres après lui.

C'est ce que dénonceEpicure dans Lettre à Ménécée :Lorsque cela s'accomplit en nous, les orages de l'âme se dispersent, le vivant ne chemine plus vers ce qui lui faitdéfaut et ne vise plus quelque supplément au bien de l'âme et du corps.

En effet, nous ne sommes en quête duplaisir que lorsque nous souffrons de son absence.

Or maintenant nous ne sommes plus dans le manque du plaisir -EpicureOn revient alors à la définition du désir qui énonce un manque et une nécessité de combler ce manque.

Certainsdésirs peuvent être satisfaits par ce qui existe dans la réalité.

Par exemple, les désirs de manger ou de boire sontdes désirs qu'il est possible de réaliser.

Cependant, certains désirs ne peuvent pas être atteints comme par exemplele désir d'immortalité.

Epicure a classé les différents désirs en deux catégories, les désirs vains et les désirs naturels.Parmi les désirs vains, on trouve les désirs artificiels, comme la richesse ou la gloire, et les désirs irréalisables,comme le désir de l'immortalité.

Parmi les désirs naturels, on trouve les besoins nécessaires, pour le bonheur(l'ataraxie), pour la tranquillité (la protection) et pour la vie (nourriture et sommeil), et les besoins simplementnaturels comme la variation des plaisirs et la recherche de l'agréable.On remarque que les désirs nécessaires sont plus facilement atteints que les désirs vains.

En effet, il est possible dene plus avoir faim, de ne plus avoir soif, ou d'être en sécurité parfaite avec ce qu'on trouve dans la réalité.Cependant, il n'est pas possible de satisfaire des désirs artificiels.

On n'a jamais assez de richesse, jamais assez degloire, jamais assez d'amour.

Ce sentiment d'insatisfaction perpétuelle ne peut donc pas être réprimé par ce que l'ontrouve dans la réalité.La différence entre les désirs naturels atteignables et les désirs non naturels inatteignables peut égalements'apparenter avec la différence entre les besoins et les désirs.

Les désirs naturels nécessaires seraient alors desbesoins essentiels à la vie tandis que les désirs vains seraient alors les désirs.

On remarque que l'on pourrait vivresimplement en satisfaisant ses besoins.

On satisfera alors les besoins organiques du corps et on fournira le strictnécessaire pour la survie du corps.

Cependant, ceci ne nous réduirait-il pas à un état bestial où les sentiments etl'âme n'auraient aucun besoin ? C'est pourquoi Epicure associe l'ataraxie avec les désirs naturels nécessaires, afin degarder l'homme dans un état supérieur à la bête.

L'ataraxie, contrairement au bonheur infini, est atteignable et aune fin.

On peut être satisfait dans son bonheur.

Cependant, les désirs vains ne sont jamais assouvis.La réalité ne nous permet d'accomplir que nos désirs naturels et nécessaires.

En revanche, lorsque l'on désire unerichesse infinie, une gloire infinie, un pouvoir infini et une vie infinie, on se heurte à la réalité.

La réalité, c'est ce quiexiste réellement, les choses matérielles, les sentiments qui existent.

La réalité c'est également ce que la sociétédans laquelle nous vivons a créé.

C'est à cette réalité que se heurtent les six grands désirs qui animent les hommesselon Epicure : les désirs de nourriture (gourmandise), de la chair (la luxure, concupiscence) de l'argent (lacupidité), du pouvoir (l'ambition) et des honneurs (l'orgueil).

La réalité, c'est aussi les lois que les hommes ontcréées.

Ce sont ces lois qui retiennent les désirs trop impulsifs de la chair, trop égoïste de l'argent, trop injuste dupouvoir.Enfin, il est possible qu'un homme se retrouve dans une situation où il désire deux choses opposés et qu'il seraimpossible de satisfaire les deux en même temps.

La réalité, le monde dans lequel nous vivons, ne permettra pas,par exemple, à un homme d'être polygame.

Plusieurs situations poussent les hommes à choisir parmi leurs désirs.

Onremarque par conséquent que les désirs de l'homme ne peuvent en aucun cas tous être satisfaits par la réalité.On observe donc que les besoins peuvent êtres satisfaits par la réalité.

En revanche, les désirs égoïstes deshommes ne peuvent pas être satisfaits par la réalité puisque, soit ils sont atteints et on ne les désire plus, soit ilssont atteint et on en désire davantage et, à force de désirer toujours plus que ce que l'on a, on se heurte à laréalité puisqu'il n'est pas possible d'atteindre l'infini.

Les désirs étant infinis, il est impossible de satisfaire le désir parla réalité.

Ainsi, nous pouvons nous poser la question de comment faire pour vivre heureux, malgré l'insatisfactiondes désirs ? La satisfaction, le bonheur et la plénitude de l'esprit pourrait-ils donc être dissociés du désir ? On pourrait d'abordpenser que pour accéder au bonheur et pour être heureux, il faudrait avoir une vie simple et modeste, une vieétrangère au désir.

Cependant, si l'on souhaite vivre une vie simple et moderne, c'est aussi que l'on désire cette vie.On ne pourrait alors jamais échapper au désir à la satisfaction du désir.

Si l'on vie une vie sans désir, on ne peut pasêtre satisfait car on vivrait de manière bestiale sans plaisir, se contentant du stricte minimum pour satisfaire lesbesoins organiques du corps et en rien on ne satisferait les besoins ou les désirs de l'âme qui différencient l'hommede l'animal.

Cependant, y a-t-il vraiment des désirs propres à l'homme que chacun désirerait ou bien les désirs sont. »

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