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Le désir – le bonheur : texte de Schopenhauer extrait du Monde comme volonté et comme représentation

Publié le 22/02/2012

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schopenhauer
Introduction Si l'un de nos désirs les plus fondamentaux est celui d'être heureux, nous avons tendance à penser spontanément que le bonheur réside dans la satisfaction du plus grand nombre de nos désirs, sinon de tous. Pourtant cela ne nous conduit-il pas à vouloir satisfaire sans cesse de nouveaux désirs et à éloigner par là toute perspective de bonheur ? Tel est le problème que Schopenhauer envisage dans cet extrait du Monde comme volonté et comme représentation. N'est-ce pas en effet le désir en tant que tel qui est finalement l'obstacle le plus essentiel au bonheur ? C'est ce que Schopenhauer tente de démontrer ici ; cela implique donc que le bonheur ne peut être atteint que par la mort du désir, qu'en cessant de désirer. Mais cela va-t-il de soi ? Faut-il condamner tout désir absolument comme le préconise l'auteur ou bien distinguer seulement ceux qui sont compatibles avec le bonheur de ceux qui s'y opposent ? N'y a-t-il rien de bénéfique dans le fait de désirer ? Nous examinerons ces questions après avoir expliqué dans un premier temps les idées du texte.
schopenhauer

« développer toutes, choisissez une piste ou deux en essayant de vous appuyer sur des connaissancesphilosophiques.

Voici les questions que le texte peut conduire à se poser et les idées qu'il était possible dedévelopper : Le texte oppose désir et bonheur : le bonheur est-il cependant dans le repos complet comme le pensel'auteur ? Le bonheur ne se trouve-t-il pas dans le fait de désirer, comme le pense l'un des personnages du roman LaNouvelle Héloïse de Rousseau : « Malheur à qui n'aplus rien à désirer ! il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède.

On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'onespère et l'on est heureux qu'avant d'être heureux.

En effet, l'homme, avide et borné, fait pour tout vouloir et peuobtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu'il désire, qui le soumet à sonimagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et, pour lui rendre cette imaginairepropriété plus douce, le modifie au gré de sa passion.

Mais tout ce prestige disparaît devant l'objet même ; rienn'embellit plus cet objet aux yeux du possesseur ; on ne se figure point ce qu'on voit ; l'imagination ne pare plus riende ce qu'on possède, l'illusion cesse où commence la jouissance.

(…)Vivre sans peine n'est pas un état d'homme ;vivre ainsi c'est être mort.

Celui qui pourrait tout sans être Dieu serait une misérable créature ; il serait privé duplaisir de désirer ; toute autre privation serait plus supportable.

» N'est-ce pas même le seul bonheur accessible à l'homme que d'être heureux à l'idée qu'on va l'être ? Idée àdévelopper… Peut-on accepter une conception qui ne voit enfin dans le désir que souffrance et misère ? N'y a-t-il pas aucontraire un dynamisme, un élan propre au désir qui donne sens et valeur à notre existence : le désir n'est-il pascomme l'affirmait Spinoza dans l'Ethique « l'essence de l'homme », la source de l'affirmation de notre être, de ce quinous fait agir et construire nos vies ? N'est-ce pas comme le montre aussi Françoise Dolto ce qui permet d'entrerdans le langage, la communication avec autrui, de développer les facultés d'imagination et d'invention d'un enfant ?Idée à développer… Le texte suggère que le bonheur ne peut être atteint qu'en se délivrant de tout désir : maiscomment parvenir à un tel idéal ? Par quel moyen peut-on éteindre le désir ? Est-ce réellement envisageable ? Laréflexion de Schopenhauer a été influencée par sa lecture des textes de la tradition bouddhique : celle-ci voit bienen effet dans le désir une souffrance et dans l'extinction du désir la source du nirvana, état suprême dedétachement, de paix intérieure où s'abolit même le sentiment de l'individualité.

Dans la tradition philosophiqueoccidentale, l'idée que le bonheur ne peut être atteint que par la maîtrise complète des désirs, par la victoire surceux-ci était défendue dans l'antiquité par les philosophes stoïciens.

Le texte condamne le désir de façon radicale :est-ce légitime ? Ne faut-il pas à la place distinguer les désirs problématiques de ceux qui peuvent être compatiblesavec le bonheur comme le proposaient dans l'Antiquité les épicuriens ? Réflexion proposée : pour être heureux, faut-il cesser de désirer ?a) Désir et souffrance La critique de Schopenhauer se fonde sur l'impossible satisfaction complète du désir : le désirnous pousse à rechercher une satisfaction qui sera nécessairement brève, très modérée, disproportionnée parrapport à la difficulté, à la complexité et à la longueur de la recherche et de l'attente ; satisfaction toujours partielleen plus (un désir satisfait signifiant toujours au moins dix de frustrés).

Loin d'éloigner de nous le mécontentement etla douleur, le désir l'augmente, l'intensifie et la renouvelle à l'infini : ainsi le désir est synonyme d'incomplétude, definitude, de misère et de malheur ; avoir toujours quelque chose à désirer, c'est bien le signe de notre incapacitéfondamentale à trouver le bonheur et de l'absurdité de l'existence qui s'attache ainsi à quelque chose qu'elle ne peutatteindre.

Cette analyse rejoint l'idée développée par Aristophane, un des personnages du Banquet de Platon, ausujet de l'amour.

Voir dans votre manuel les extraits p.

58 – 59.

Selon le mythe qu'Aristophane raconte, chaquehomme recherche dans l'amour la moitié originelle qui lui manque ; et lorsqu'il la retrouve, il aspire à ne plus fairequ'un avec l'autre, sans jamais le pouvoir absolument.

L'amour est donc synonyme de souffrance, puisque le désirest condamné à ne pouvoir être satisfait pleinement.

b) Cesser de désirer ce qui ne dépend pas de nous pouratteindre l'ataraxie Les désirs s'associent d'autre part toujours à des craintes : car l'on craint de ne pas avoir ce quinous manque et quand on parvient à se le procurer, on craint aussi de le perdre.

Comment concilier la crainte et lebonheur ? Nos désirs nous attachent à toutes sortes de choses qui ne dépendent pas de notre volonté seule, maisdu cours extérieur des événements, des circonstances.

Les philosophes stoïciens (de Stoa qui veut dire Portique :les premiers philosophes de cette école enseignaient sous le Portique de l'agora d'Athènes) dès le quatrième siècle avant J.-C.

préconisent donc pour atteindre le bonheur de se délivrer des craintes et desespérances que font naitre les désirs : de ne plus rien désirer d'autre que ce qui dépend de nous seuls ( de notrepensée et volonté) et de nous détacher de tout de qui dépend d'autrui (de ses opinions) ou des événements (de lafortune, du sort).

Ainsi la gloire, les honneurs, la réputation dépend de l'opinion des autres ; la richesse, la santédépendent des circonstances, puisque la richesse et la santé peuvent nous être ôtées sans que nous le voulions parun coup du sort.

Les Stoïciens enseignent donc à cesser de désirer tout cela, à ne pas craindre les revers de lafortune, la pauvreté, la maladie ni la mort, à accepter les événements tels qu'ils arrivent.

La souffrance physiquepeut être supportée : c'est l'idée qu'elle est un mal qui nous la rend insupportable ; de même c'est l'idée que la mortest un mal qui nous la fait craindre et nous inspire le désir d'immortalité.

Il dépend de nous de contrôler nosreprésentations et de cesser de penser que la souffrance et la mort sont des maux ; ou encore que la richesse, leprestige, le pouvoir sont des biens indispensables.

L'homme peut être heureux de façon inaltérable dès que son âmeparvient à atteindre un état d'impassibilité complète à l'égard de ce qui ne dépend pas de lui ; alors son âme connaitl'ataraxie, c'est-à-dire l'absence de troubles, d'agitation, autrement dit la sérénité parfaite.

Aucune souffrance nesaurait l'atteindre alors.

Il est imperturbable devant l'adversité, sans craintes ni désirs, parfaitement détaché,acceptant volontairement le destin.

Pour eux c'est la même chose d'être heureux, sage et libre : mais de même quele bonheur ne se définit plus par ce qui peut être apporté ou retiré par les événements, la liberté ne réside pas dansla maitrise des événements extérieurs, dans un pouvoir sur le monde : elle se concentre exclusivement dans la. »

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