Le désir est-il la marque de la misère de l'homme ?
Publié le 20/03/2015
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«
Dissertations 57
I - Désir et bonheur
a) Plus que le besoin, le désir est pour chacun synonyme de manque ou
de privation.
Le besoin correspond à l'état de l'organisme privé des res
sources nécessaires
à son bon fonctionnement, il est d'ordre physiologique
et son objet est parfaitement déterminé.
Une nourriture simple peut satis
faire ma faim, un verre d'eau peut étancher ma soif.
La satisfaction du désir
est plus difficile : aucun objet fini ne semble capable de le combler.
b) Ainsi l'animal, qui connaît le besoin mais qui ignore le désir, n'a-t-il
jamais fait preuve que d'un sensualisme borné.
Chez lui, le plaisir est su
bordonné à la satisfaction des besoins inférieurs de la vie, qui sont
strictement limités.
c) L'homme, au contraire, semble radicalement incapable de satisfaction.
Hanté par le désir, la nature paraît l'avoir voué à l'inconstance
et à l'ennui.
De la masse immense des faits qui corroborent cette hypothèse, nous ne
retiendrons que deux exemples.
Bichat, qui trouvait, en dépit de ses
nombreux travaux, le temps d'abuser des plaisirs, écrivait au sujet de la vie
sexuelle :
«je dirais presque, si je n'avais égard qu'aux lois de notre
organisation matérielle, que la constance est un rêve heureux des poètes
1 • »
Et cette même inconstance constitue le sol dans lequel la société de
consommation, accablée d'une mauvaise santé de fer, puise la sève qui lui
assure son prestige planétaire
...
L'homme, parce qu'il est un être de désir,
est condamné à chercher un bonheur qu'il sent confusément inaccessible
mais auquel il ne peut pourtant renoncer.
II -Ltl misère de l'homme peut-elle être l'indice de sa grandeur ?
a) Pascal a proposé une explication théologique de cette inquiétude.
L'homme, animé d'une capacité infinie d'amour, a perdu la paix de l'âme en
se détournant de Dieu par le péché.
Seul Dieu, objet infini d'un amour
infini, pouvait éternellement combler les aspirations du cœur, qu'aucune
réalité finie ne peut satisfaire.
Depuis le péché originel, les hommes
cherchent, sans le savoir, un objet
à la mesure de leur amour.
Mais, pleins
de concupiscence et loins d'un Dieu qui s'est voulu caché, leur attention est
tout entière fixée sur des objets finis qui ne peuvent pas ne pas les décevoir.
Semblable à Don Juan, chacun, qu'il se l'avoue ou non, traîne son désir de
déception
en déception, tout rempli d'agitation et soucieux de se divertir,
1.
Recherches physiologiques sur la vie et la mort, art.
V,§ 2..
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