Le désir de justice n'est-il pas la revanche et la vengeance des pauvres ?
Publié le 11/04/2012
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Pourquoi désirer la justice si l'on est fort et riche ?! La justice n'est-elle pas une revendication des pauvres ?

«
Deuxième partie: qu'en est-il du besoin de justice et de son fondement?
• Le concept de justice et son irréductibilité :l'idée de justice, dans sa double
acception (norme morale et norme instituée dans
le groupe pour en régler
le fonctionnement), correspond aux exigences de la vie sociale.
Il s'agit de
régler
les rapports entre les hommes et de fonder l'harmonie de la vie
sociale.
Diversement conçue, l'idée de justice stipule généralement que
chaque membre du groupe doit recevoir
ce qui lui revient compte tenu de la
réciprocité des droits et des devoirs et de la complémentarité des tâches et
des fonctions.
Avec des nuances, une telle conception se trouve chez Platon
(La République, livre IV), chez Spinoza (Traité théologico-politique, chapitre 16)
et chez Rousseau (Du contrat social).
Explicitant les conditions idéales du
fonctionnement de
la communauté, l'idée de justice est donc un fondement
de
la vie sociale.
Lorsqu'elle n'est pas observée, l'harmonie du groupe est
compromise.
• Le besoin de justice atteste un «dysfonctionnement», un déséquilibre,
dont la prise de conscience s'effectue sous des formes diverses : morale,
politique, sociale,
etc.
Est juste celui qui a une disposition constante à vouloir
qu'à chacun soit attribué
ce qui lui revient (cf Spinoza, ibid.).
Une telle aspi
ration fait partie, en droit, de tout homme en tant qu'il
se reconnaît membre
d'une communauté et qu'il en valorise
les exigences constitutives : le besoin
de justice est fondé sur la conscience
d'un manque qui n'altère pas seulement
l'individu, mais aussi
la communauté dont il est partie prenante.
Troisième
partie: est-il vrai que le besoin de justice se trouve unique
ment chez ceux qui sont déshérités ?
•
Le besoin correspond sans doute à un manque, ressenti directivement et
même objectivement.
Rien d'étonnant à
ce que les personnes «déshéritées»
(la notion même est significative : n'ayant pas reçu l'héritage «normal» du
groupe) ressentent plus que d'autres un tel besoin.
Marx, évoquant plusieurs
types d'exploités, montre que l'opposition de classes sociales aux intérêts
différents et antagonistes est en elle-même génératrice d'injustice.
Les
exploités, plus que les autres, éprouvent le besoin de justice .
Mais cela ne
veut pas dire que leur seul désir est d'inverser la situation, en devenant à leur
tour exploiteurs.
• J.:exigence éthique par laquelle un homme manifeste qu'il ne se satisfait
pas d'une situation marquée par un manque de justice n'est pas réductible
à l'intérêt.
Un homme, tout en profitant d'un état de fait dépourvu de
justice (occupant par exemple la position objective
d'un exploiteur), peut
fort bien faire valoir un besoin de justice et lutter contre l'ordre social dont
il bénéficie.
Qu'un tel cas soit rare ne lui confere que plus de valeur.
Owen,
socialiste utopique, fut à l'origine un capitaliste nanti avant de tenter, par
esprit de justice, la réalisation pratique d'unités de production reposant sur
d'autres rapports sociaux que ceux de l'exploitation de l'homme par
l'homme
(cf Owen, Œuvres choisies)..
»
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