Le déroulement de l'histoire montre-t-il le progrès de l'humanité ?
Publié le 27/10/2005
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La notion d'histoire prend des sens multiples et est donc ambiguë. L'histoire désigne en effet tout à la fois le devenir historique et la connaissance qu'on en prend. Mais ici le sujet semble exclusivement parler du devenir historique, du passage du temps. L'existence humaine tout entière est historique : elle est tendue entre souvenirs du passé et la tentation d'avenir. C'est pourquoi on admet généralement qu'il n'y a d'histoire véritable qu'humaine. La nature en effet agit au hasard, alors que les hommes délibèrent, agissent en fonction d'un but, réalisent des projets et peuvent se perfectionner. Le progrès renvoie le plus souvent au mouvement d'un moins vers un plus. Il s'agit ici alors de savoir si l'histoire montre que l'homme accumule de plus en plus de connaissance, devient meilleur. Il semble dans un premier temps que les conditions de vie et les moeurs ont évolué depuis le début de l'histoire. Pourtant peut-on dire que l'homme s'améliore? Les guerres du XXème siècle ne sont-elles pas un cinglant démenti de l'idée de progrès? Comment penser l'histoire pour penser l'amélioration de l'homme?
«
Traditionnellement, les philosophes répondent que l'homme est intelligent, qu'il a une raison, bref qu'il a une natureplus « riche » que celle de l'animal.
Rousseau ne se contente pas de cette perspective qui sous-estime l'influencedes causes externes.
Il soutient même que « tout animal a des idées puisqu'il a des sens », et qu' « il combine sesidées jusqu'à un certain point ».Il est par ailleurs possible que l'homme n'ait « aucun instinct qui lui appartienne », ce qui lui permettrait des'approprier tous ceux des animaux.
Mais cette question est discutée.
Elle prépare, cependant, l'introduction de lanotion île perfectibilité, finalement caractéristique incontestable- île l'homme.
En mettant en avant ce concept deperfectibilité, Rousseau définit en effet la nature de l'homme connue une pure virtualité, qui ne suppose, chezl'homme purement naturel, aucune qualité déterminée, bien qu'elle les contienne toutes en puissance.
La viesolitaire, oisive et libre, de cet homme, laisse toutes les possibilités qu'il enferme en sommeil.
Dans ce texte,Rousseau indique que la faculté de se perfectionner ne développe toutes les autres facultés qu' « à l'aide descirconstances ».
Si celles-ci n'avaient pas changé, l'homme serait resté dans son état originaire.
La perfectibilité, enelle-même, ne produit rien.En outre, ce mot ne doit pas faire penser que l'homme dont les facultés se développent se dirige nécessairementvers une « perfection », un état idéal ou simplement meilleur; pour Rousseau, au contraire, cette faculté a d'abordété « la source de tous nos malheurs », puisque sans elle nous coulerions « des jours tranquilles et innocents ».Comme le montre avec éclat l'état présent, la nature de l'homme contenait autant de possibilités de lumières qued'erreurs, de vertus que de vices, de valeurs positives que de valeurs négatives.
On peut dire que, jusqu'à présent,les défauts l'ont emporté.Mais quelles furent ces « circonstances » qui sollicitèrent des possibilités qui auraient pu ne jamais se manifester ?Rousseau parle du « concours fortuit de plusieurs causes étrangères, qui pouvaient ne jamais naître ».
Il s'agit biend'un malheur, d'une malchance, en ce sens.
Des catastrophes naturelles ont « forcé » les hommes à vivre les uns àcôté des autres, puis à s'unir en sociétés.
La nature de l'homme ne contenait aucun principe de sociabilité.
Et la viecollective explique l'apparition du langage, de l'intelligence, des passions, de la conscience morale, etc.Pourtant, il ne faudrait pas croire que Rousseau n'est que nostalgique d'un état de nature « passé » (hypothétique).C'est lui aussi qui écrit que l'homme devrait « bénir sans cesse l'instant heureux qui l'en arracha et qui, d'un animalstupide et borné, fit un être intelligent et un homme » (Contrat social, I, 8).
La perfectibilité contient peut-être lapromesse d'une certaine réalisation de soi positive, si les circonstances sont propices.
En tout cas, il est impossiblede retourner à la pure nature, l'irréversibilité de l'histoire fait de nous des êtres définitivement « dénaturés ».
Laréflexion pédagogique (cf.
Émile) et politique (cf.
le Contrat social) de Rousseau est donc la recherche de « bonnesinstitutions », de celles « qui savent le mieux dénaturer l'homme » (Émile, II), réaliser sa nature essentielle.
Le XIXème voit se développer une foi dans le progrès.
Ainsi Auguste Comte et Hegel par exemple voit dans leprogrès une sorte de loi inscrite dans l'ordre de la vie et de l'histoire.
Hegel, par exemple, voit dans l'histoire "lamarche graduelle" par laquelle l'esprit acquiert le savoir de ce qu'il est; elle est réalisation de la liberté de l'esprit.L'histoire aurait donc une fin qui correspondrait au savoir absolu.De par sa faculté d'apprendre et de se perfectionner, l'humanité a une histoire et progresse toujours plus dans lasomme de connaissance, de savoir-faire,...
2.
Il n'existe aucune amélioration morale de l'homme Pourtant les événements du XXème siècle tels les guerres mondiales, les génocides, ont dissipé les illusions duprogrès historique.
L'homme malgré les enseignements que lui ont apporté justement l'étude du déroulementhistorique ne semble pas avoir évolué moralement.
Il est toujours régi par des passions et des pulsions destructriceset desordonnées.
Ainsi, après Auschwitz, beaucoup se sont demandé si l'homme était réellement capable des'améliorer.Il faut cependant remarquer que la conception linéaire de l'histoire n'est pas universelle.
En effet, dans d'autrescivilisations, chinoises par exemple, l'histoire est conçu cycliquement.
Chaque période vécue se reproduirait dans uncertain laps de temps.De plus, ne voir l'histoire que comme progrès linéaire, cela revient à dire que les peuples de l'antiquité par exempleétait beaucoup moins évolués que nous, que leur intelligence était limitée, bref cela revient à dénigrer toutecivilisation antérieure.
Les philosophes du XVIIIème( philosophe des lumières) critiquaient ainsi les mythes et lessuperstitions des premiers peuples.
Herder, va s'employer à critiquer des conceptions.
Il s'agit de considérer que lesmérites de l'espèce restent constants et que chaque période du passé exprime à sa manière l'humanité.
Dans Une autre philosophie de l'histoire , il défend une conception cyclique du temps, chaque peuple passe par des périodes d'apogées et de déclins et chaque passage d'un cycle à l'autre ne doit pas être considéré comme amélioration.
3.
L'intérêt pratique d'une conception idéaliste de l'histoire L'homme donc ne semble pas s'améliorer du point de vue moral.
Bien au contraire, l'idée du progrès aujourd'huisemble davantage être une menace sur l'humanité.
Le progrès s'apparente à une contrainte qu'il faut apprendre àmaîtriser.
En effet, les conséquences des nouvelles technologies( biotechnologiques, informatiques,...) sur la vie etl'activité humaine soulèvent des problèmes éthiques et sociaux considérables.
Autant de problèmes qui font quebeaucoup déplore que les progrès moraux et sociaux ne soient pas proportionnels aux autres formes de progrès.Et pourtant cette désillusion qui semble régner à la fin du vingtième peut être aussi dangereuse.
Nous vivons dansun monde où il semble que le meilleur ne puisse plus arriver et c'est bien plutôt le pire qui nous attend.
Penser quel'histoire a un sens et qu'elle peut être le lieu d'un progrès présente ce que Kant appelle un intérêt "pratique", c'est-à-dire moral.
Cela nous permet de refuser de voir notre propre histoire nous échapper, et d'oeuvrer en vue d'un état.
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