Le Criton, Platon - l'évasion de Socrate
Publié le 31/01/2011
Extrait du document
Le Criton
Condamné à mort par les juges d’Athènes, Socrate attend dans sa prison le moment fixé pour sa mort. Criton lui rend visite et lui propose de le faire évader. Tout a été prévu et le projet est réalisable. Socrate refuse
au nom du respect dû aux lois de la cité, qui sont les sœurs des lois en vigueur dans l'Hadès: les lois morales.
... «On ne doit ni se dérober, ni reculer, ni abandonner son poste, mais il faut [...] ou bien faire ce qu’ordonne la cité, ou bien l'amener à changer d'idée en lui montrant en quoi consiste la justice.)*
Platon,
Criton
Quoique injuste, la condamnation de Socrate est le verdict des Athéniens, un verdict qui doit être exécuté pour quiconque met la loi, la justice et le salut de son âme au-dessus de la satisfaction égoïste de désirs individuels. Les convictions de l’opinion publique ne doivent pas faire oublier que, pour quiconque poursuit la vertu, il est interdit de répondre à l’injustice par l’injustice. L’évasion serait une injustice, Socrate doit donc rester en prison.
«
Introduction
Platon a vécu de 428 à 347 avant J.-C.
Il a été le disciple de Socrate : il a fondé l'Académie et a tenté en vainde mettre en pratique ses idées philosophiques en Sicile.
Après la mort de Socrate en 399, trois des dialoguesde Platon réhabilitent la mémoire de son maître : l' Apologie de Socrate , le Criton et le Phédon .
Au début du Criton , voilà un mois environ que Socrate attend en prison son exécution.
À l'annonce du retour du bateau de Délos, Criton vient trouver Socrate pour essayer une dernière fois de le persuader de s'enfuir.
Ilévoque d'abord la honte qui rejaillira sur lui après la mort de Socrate, s'il ne réussit pas à le sauver, et il luidémontre la facilité matérielle de l'entreprise.
Ensuite Criton met en cause directement Socrate en lui rappelantses devoirs.
Premier axe d'étude : l'enchaînement logique des arguments.
Deuxième axe d'étude : la leçon de morale de Criton.
I- L'enchaînement logique des arguments
Criton veut démontrer que le refus de Socrate de s'évader est contraire à la justice : oude dikaion pragma .
Il tente de battre Socrate sur le plan du raisonnement et marque bien les étapes de l'argumentation : l'adverbe eti indique ainsi que l'on arrive à quelque chose de plus important.
On distingue trois étapes.
1) lignes 1 à 4, jusqu'à se diafqeirai boulomenoi
Criton reproche à Socrate de se trahir lui-même ( sauton prodounai ).
2) lignes 4 à 12, jusqu'à epimeleisqai
Criton élargit ce reproche en évoquant les enfants de Socrate qui souffriront de l'absence de leur père.
Ligne4 : pros de toutois ...
kai tous ueis tous tautou...
prodidonai:
on remarque le parallélisme des constructions avec l'utilisation du même verbe prodidomi , qui s'oppose dans les deux cas à exon : « tu trahis… alors qu'il t'est permis de… ».
3) lignes 12 à 15
Criton revient à la honte qui atteindra aussi bien Socrate que ses amis : uper sou kai uper hmwn aiscunomai (l.
13).
L'adverbe ws (ainsi) insiste sur la conséquence du refus de Socrate : le déshonneur.
Ce passage est donc bien structuré, avec une gradation dans les arguments..
»
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