Le corps, en nous, s'offre-t-il à l'humanité ?
Publié le 27/10/2005
Extrait du document
Analyse du sujet :
Corps : Le corps est le deuxième attribut de l'humanité, le premier est l'âme, l'esprit, la raison, la conscience. Pour les philosophes idéalistes (Platon, Descartes, Kant, Etc.) l'homme est une relation duelle et conflictuelle entre son âme et son corps. La raison est poussée par le corps à se tromper, ce dernier est donc condamnable du point de vue de la raison c'est à dire de l'humanité.
Pour les philosophes « matérialistes « ou « naturalistes « (Aristote, Spinoza, Nietzsche, Etc.), la raison émerge du corps, il en est la possibilité et la réalité matérielle.
L'homme peut donc être définit de deux façons : pour les premiers il est essentiellement un être rationnel, libre, une « substance pensante « comme le dira Descartes dont le corps n'est que l'abri. Pour les seconds il est un corps pensant, un « animal rationnel « comme le dira Aristote : sa pensée elle-même est intégrée dans la nature en tant qu'elle en est un produit.
Humanité : Du point de vue général : l'humanité est ce que les hommes ont en commun, leur nature, ce qui définit leur espèce. Du point de vue moral, l'humanité est une valeur. Être libre implique la responsabilité de ses actions et de leurs conséquences. Quand ces actions et leurs conséquences influent sur la vie d'autrui, la liberté entre en conflit avec celle de l'autre, le problème moral est né : « Est-il juste que ma liberté contraigne mon semblable, celui qui est comme le dit Aristote un « autre moi-même « ? « L'humanité pose donc d'emblée le questionnement sur le terrain moral : dans l'action qui distingue deux personnes humaines, leur humanité les plonge dans la responsabilité.
S'offrir : S'offrir c'est se donner sans mesure, sans restriction. L'offrande est également le cadeau fait au dieu dans l'espoir non assuré de s'attirer leur clémence et leurs grâces. Le sacrifice, s'il est une sorte de monnaie d'échange est avant tout gratuit parce que personne n'a la certitude que ce sacrifice est convenable et suffisant, du point de vue des dieux. Il s'agit de leur faire un cadeau, le plus somptueux possible afin que ce geste désintéressé et soumis les « désarme «.
Problématisation :
Nous nous interrogeons sur le corps et son rapport avec l'humanité. Le corps, en nous, s'offre-t-il à l'humanité ? Si nous sommes des êtres essentiellement rationnels, ne semble-t-il pas qu'au contraire, le corps puisse être l'obstacle qui nous empêche de communier rationnellement avec nos semblables en nous poussant à nous tromper ? Mais pourtant, sans le corps lui même, nous n'aurions aucune existence commune avec nos semblables.
Ne serait-ce au fond nier notre présence réelle au monde que de nier le corps humain comme dimension essentielle de l'humanité ?
Dans ce cas, ne faudrait-il reconnaître que le corps nous permet la communion avec nos semblables, en tant qu'il nous donne réalité à notre liberté ? Ne faudrait-il alors envisager que l'incarnation de cette liberté, notre corps, doit être offerte à l'humanité (comprise comme valeur) pour que le rapport avec le libre semblable, son corps, ne se transforme pas en guerre civile, en lutte de pouvoir ? C'est ce que nous essaierons de comprendre en dernier lieu.
«
2 .
Si l'idéalisme présente le corps comme un obstacle à la reconnaissance de l'humanité, il semble tout demême que le corps puisse apparaître comme la réalité de l'humanité.
a) Sans doute une des déterminations essentielles de l'humanité est bien la rationalité et la liberté qui l'accompagne.Mais il faut remarquer que sans le corps humain, cette liberté n'a pas de réalité.b) Sans réalité elle ne peut être responsable : elle ne peut être réellement confrontée à la limitation de sa liberté età la question morale : « Est-il légitime que ma liberté nuise à celle de l'autre moi-même ? » Sans réalité elle n'estqu'une idée, sans effet, sans corps pour l'incarner, sans conséquences, donc sans responsabilité morale.Problème : En scindant en deux l'homme, en séparant son corps de sa pensée, en posant comme une pureextériorité le corps par rapport à la pensée, on enferme cette dernière dans une intériorité « sans porte ni fenêtre ».Dans ces conditions elle reste vierge de toute compromission mais reste également seule.
Transition : Comment comprendre alors la relation du corps humain (incarnant la liberté de la raison donc)à son humanité ? 3 .
Le corps doit être offert à l'humanité, à la moralité, sans quoi la communauté idéelle se transforme enguerre réelle.
a) Aristote définissait l'homme en tant qu'« animal rationnel ».
Il est un êtredoué de raison mais également doté d'un corps qui le met en relation avec lesautres produits de la nature.
Son corps incarne la liberté de la raison.b) Quand l'homme regarde l'un de ses semblables, sa raison n'y voit qu'uneapparence dont elle peut juger de la vérité.
Mais le regard en lui-même, portésur le visage d'autrui, le force à sortir de l'insouciante certitude de lui-même,le force à sortir de la liberté de sa pensée.
Il le place en face de laresponsabilité que cette liberté découvre comme réalité de son incarnation.c) C'est pourquoi, le corps doit être offert, à l'humanité, à laliberté/responsabilité, à la morale.
L'homme doit « sacrifié » la liberté de savolonté, la liberté corporelle (le « je fais ce que je veux », sa spontanéité) àla responsabilité que cette liberté implique dans l'incarnation humaine : desconséquences pour la liberté des « autres que moi », reconnus comme« autres moi-même ».
Le regard du corps objective quand ce dernier n'incarnepas la rationalité de l'humanité, il objective même autrui.
Objectiver autruic'est s'objectiver soi-même, s'est se nier donc en tant qu'homme, corps douéde raison, réalité pensante et agissante, être humain et responsable..
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