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Le contrat social permet-il à l'homme d'être libre en société ?

Publié le 06/03/2004

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  II-La liberté n'est pas la licence.               Mais il faut s'attacher à mieux déterminer à quelle liberté l'individu renonce lorsqu'il contracte le pacte social. C'est une liberté primaire, dont il jouissait dans l'état de nature, qui est sacrifiée sur l'autel du contrat social. La liberté dont il s'agit est aussi appelée licence, elle correspond à l'accord entre le désir et l'agir de l'individu. C'est une liberté égoïste, tournée vers la seule satisfaction des besoins. Dans la licence, il n'y a ni hésitation, ni prise en compte d'une altérité, l'individu fait simplement ce que bon lui semble, du moment qu'il en est capable.             En exerçant sa licence, l'individu suit les exigences de sa seule volition, mais risque à tout moment de s'exclure de la vie de la société. En effet, la cohabitation avec les hommes ne saurait se concilier avec l'exercice tout puissant de la volonté particulière de chacun. La vie sociale implique une dimension d'échange, de compromis, de temporisation des désirs, de frustration et de renoncement. Vouloir conjuguer existence sociale et licence c'est en idéal se mettre hors la loi et c'est ce qui peut, en fait, avoir lieu.

« La société impose des règles aux hommes, dont elle organise la coexistence pacifique.

Comment justifier ce contrôlede nos désirs les moins conformistes ? Quelle est l'origine de la vie en société et quels fondements la légitiment? A cette question des origines, la réponse contractualiste affirme que la société ne résulte pas d'une nécessiténaturelle.

Nul individu ne saurait se suffireà lui-même tel que la nature l'a fait naître.

Pour autant, dans cet « état de nature », ce ne sont ni les liens deparenté ni les liens de voisinage qui rendent nécessaire la vie en société.

Le hommes s'assemblent en société àpartir d'une décision volontaire prise en commun.

La cité, la polis grecque ou la societas romaine, résulte d'uncontrat qu'on dit «social» parce qu'il détermine les rapports, la sociabilité que les hommes ont décidé d'entretenir. L'origine de la société et les fondements de la vie politique relèvent-ils d'une même théorie ? Au Moyen Âge, lepactum associationis concerne l'engagement du Prince devant Dieu et sa promesse de garantir le bien-être de sessujets, qui lui doivent en retour obéissance.

Une première difficulté apparaît : comment concilier ce contrat desorigines, reposant sur une décision volontaire collective, et l'obligation où chacun se trouve en fait de se soumettreà l'autorité des gouvernants de son État ?Les théories du contrat social ne considèrent pas tant la réalité historique et empirique du pacte que le principeexplicatif et légitimant du social.

L'idée du contrat social s'avère opératoire pour résoudre la question de la légitimitéd'une vie en société.

Elle est alors reliée à la fiction d'un hypothétique « état de nature », essentiellement définicomme le contraire de la civilité et comme le règne de la force. Pufendorf, Hobbes, Spinoza, Locke ou Rousseau font de la théorie du contrat social une théorie rationnelle de l'Étatqui en permette une déduction à partir des prémisses du droit.

Ils s'accordent pour penser que, dans cethypothétique état de nature, chacun dispose librement d'un pouvoir sur les choses, limité seulement par laconcurrence du pouvoir des autres et l'inégalité naturelle.La sortie de l'état de nature a lieu quand un accord collectif fait naître une loi civile qui réorganise l'ensemble despouvoirs et les redistribue sous la garantie de son autorité.

C'est sur les fondements de l'autorité que lesdivergences vont se cristalliser.

Pufendorf, théoricien du droit naturel, considère que l'autorité civile doit êtreassujettie à l'autorité ultime de la Nature, qu'il identifie à la loi universelle, laquelle, émanant du Créateur, est valablepour toutes créatures.

Le contrat social est à la fois un pacte d'association et un pacte de gouvernement sousl'autorité de magistrats redevables envers Dieu.

Selon Hobbes, c'est pour échapper à la guerre de tous contre tousque chacun se désiste de son droit naturel en fonction d'un calcul rationnel d'intérêts.

Tous faisant de même, cesdroits sont confiés à un tiers chargé de les représenter et d'agir en leur nom.

Le pacte institue la Res publica.Rousseau ne considère pas le contrat comme un transfert de droit motivé par un désir de paix.

Du contrat social faitde la liberté la motivation du contrat.

C'est elle qui fait naître le peuple en corps, puis l'érige en Volonté générale.Chacun contracte, non seulement, avec chacun et avec lui-même, mais en outre avec le tout. Peut-on sans contradiction voir dans le contrat qui lie des individualités le socle d'un engagement envers une entitécollective ? Hegel conteste cette logique rousseauiste.

Un contrat est un accord entre deux volontés particulièresqui se reconnaissent mutuellement.

C'est un acte qui relève du droit privé.

Importé dans la sphère de la viepublique, il fait dériver l'État vers une liberté et des droits abstraits, incapables de garantir l'organisation sociale qu'ildevait pourtant achever.. »

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