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Le conflit est-il le fondement de tout rapport à autrui?

Publié le 03/12/2014

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Le conflit est-il le fondement de tout rapport à autrui ? INTRO : Le XXème siècle, de par les multiples troubles et traumatismes aberrants qu'il a entraînés - deux guerres mondiales, d'innombrables guerres civiles, le fascisme et le nazisme,... - nous rappellerait, s'il en était besoin, les difficultés qu'ont les hommes à vivre ensemble. Ces difficultés sont-elles insurmontables ? Demandons-nous pour le savoir si les rapports avec autrui sont nécessairement de l'ordre du conflit. Tout penseur aguerri confronté à la question se dirait naturellement qu'il va de soi que l'Homme entretient d'autres relations avec autrui, car qu'en est-il de l'amour ? de l'amitié ? de la sympathie ? de l'entre-aide, de la solidarité... ? et pourtant, nous remarquons qu'il s'agit d'un réel sujet de débat pour les Philosophes, divisés entre l'idée que la relation avec les autres est une relation vitale et existentielle, théorie ensuite approfondie par des penseurs comme Sartre disant que ces relations doivent alors nécessairement être conflictuelles, s'opposant ainsi à d'autres philosophes ayant perçu d'autres formes de rapports. Ainsi, la question de savoir sur quels fondements se basent les relations à autrui a longtemps et continue aujourd'hui encore d'être un sujet à controverses. Nous essaierons donc d'amener à notre propre jugement sur la matière, d'abord en analysant les autres relations évidentes qui nous rapprochent d'autrui, ensuite en mettant en lumière que le conflit - rapport prédominant jusqu'en ce siècle - en constitue une pathologie majeure, et enfin que le conflit demeure toutefois un facteur nécessaire à la constitution de soi. PARTIE 1 : Il va de soi que nous ne sommes pas que conflit avec autrui, sinon on aurait une conception bien triste et pessimiste de la vie : il faut s'assurer que des relations bienveillantes avec autrui soient possibles. Quand on pense au mot « autrui », différents termes surgissent dans notre esprit, et pas uniquement ceux reposant sur la différenciation première caractéristique du je confronté à l'autre. Non, quand nous pensons à autrui, on pense également à la notion de « prochain », sous l'influence de la tradition biblique, avec la très célèbre formule : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Ainsi, l'autre implique la reconnaissance d'une proximité, et fait ainsi appel à l'exercice d'une sollicitude, et en outre à la démonstration du respect auquel l'autre a droit, et dont l'autre doit également nous faire part. Le respect étant, de façon générale, le sentiment qu'impose la valeur d'une personne, d'une chose ou d'une règle et qui conduit à s'abstenir de toute action pouvant lui porter atteinte ; c'est pourquoi la maxime de notre action doit être selon Kant : « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans tout autre, en même temps comme une fin, jamais simplement comme un moyen ». Mais nos rapports à autrui vont bien plus loin encore qu'une simple démonstration de respect : l'autre est couramment désigné aussi par le terme de « semblable », qui implique la reconnaissance d'une identité ainsi que l'affirmation d'un lien de parenté - Mikel Dufrenne dans son oeuvre Pour les hommes souligne ainsi que la relation à autrui repose sur un paradoxe : « quand je rencontre quelqu'un, je le reconnais comme si je l'avais déjà connu » ; je le reconnais comme homme même s'il m'est étranger. Penser autrui comme « semblable » amène alors également à admettre tous les sentiments d'affinité qu'on doit lui adresser, comme par exemple la solidarité ou la sympathie. Eprouver de la sympathie à l'égard de l'autre permet alors d'approcher autrui autrement qu'en ennemi ; et on...

« Eprouver de la sympathie à l’égard de l’autre permet alors d’approcher autrui autrement qu’en ennemi ; et on va alors s’adonner à communiquer avec cet autre pour tenter de comprendre les mouvements d’action, les pensées, les caractéristiques et les valeurs qui muent ce nouvel être et, à la longue, la sympathie pourrait même transformer cette relation nouvelle et inexpérimentée en une relation bienveillante comme l’amitié et l’amour.

Tous autant que nous sommes éprouvons le besoin de se faire accepter par les autres, d’entrer dans leur cercle intime de confidentialité et ainsi avoir accès aux désirs, craintes et aveux qui tourmentent quotidiennement leur âme.

Cette relation fonctionne réciproquement : l’ami va également être celui qui va soit nous consoler quand on en a besoin, ou bien nous faire voir que nos aspirations ne peuvent et ne doivent pas être menées à bout, ou encore nous réprimander pour un quelconque méfait commis.

L’amitié – ce lien sympathique entre deux ou plusieurs personnes qui ne repose ni sur l’attrait sexuel ni sur la parenté – produit en effet une telle ampleur sur la constitution de notre être car, selon l’analyse d’Aristote, l’amitié véritable, qui relève d’un choix libre et d’une bienveillance réciproque, se distingue de l’amitié utile et de l’amitié plaisante qui ne sont que des caricatures d’amitié, dont le but est d’en tirer quelque chose soi-même.

L’amour est le summum de ces relations bienveillantes : elle ne représente pas uniquement l’affection réciproque entre deux personnes incluant aussi bien la tendresse que l’attirance physique ; de surcroît elle désigne tout attachement à une valeur, à une chose ou à une personne avec la volonté de s’y vouer.

Ainsi, l’amour qu’on porterait à l’égard de l’autre nous permettrait de se rapprocher le plus possible des valeurs qu’on chérit tant dans cette personne, ainsi que de cautionner l’autre à continuellement respecter et assumer en tant que telles les valeurs et principes qu’elle prône.

La sympathie s’avère ainsi être une relation susceptible d’être fondamentale : elle témoignerait en faveur du fait que nous ne serions pas programmés pour nuire aux autres et nous opposer systématiquement à eux.

Jean Jacques Rousseau (1712-1778) est le théoricien de cette sympathie naturelle et considère que les hommes sont spontanément enclins à être bons les uns à l’égard des autres.

Dans son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), il exprime sa foi rationnelle en la « bonté naturelle » de l’être humain, qu’il représente par sa capacité à éprouver de la pitié à l’égard de l’autre ; selon Rousseau, c’est la pitié « qui nous porte sans réflexion au secours de ceux que nous voyons souffrir », qui inciterait l’être humain a faire son bien « avec le moindre mal d’autrui qu’il est possible ».

Ainsi, très clairement, la sympathie apparaît comme un sentiment psychologique naturel qui est susceptible de lier les hommes les uns avec les autres sans qu’ils entrent en conflit les uns avec les autres. TRANSITION : Ainsi, de toute évidence, d’autres relations sont envisageables que celles qui relègueraient les autres dans l’altérité distante et volontairement hostile que suggère l’expression « conflit ».

Cependant, si l’homme était bon de lui-même, pourquoi serait-il nécessaire de lui demander d’aimer son prochain ? C’est ce que se demande le psychanalyste autrichien, philosophe à ses heures, Sigmund Freud (1856-1939), en prenant le contre pied des thèses rousseauistes pour montrer que le conflit est inévitable, l’homme étant selon lui naturellement enclin à nuire ses semblables.

[Comment le conflit entre soi-même et autrui entre-t-il alors en scène ?] PARTIE 2 : L’homme, vivant toujours avec autrui, établit inévitablement des relations avec lui.

Ces relations font qu’il s’aperçoit très vite que ses désirs peuvent être confrontés aux désirs de l’Autre, et ainsi être contraints à un interdit.

L’être humain ne tarde alors pas à faire preuve d’un égocentrisme radical, dont témoigne d’ailleurs l’usage du mot « autrui » qui véhicule l’idée d’une priorité, et ainsi d’un privilège du « moi » par rapport aux autres.

Pour Jean Paul Sartre (1905-1980), c’est ce souci premier de soi qui nous condamne au conflit.

Sartre met en évidence le fait qu’un sujet fait systématiquement de l’autre un objet, et que l’autre agissant de même, deux « ego » ne peuvent que s’affronter.

Si je veux passer avant les autres, je me heurte nécessairement à eux, car les autres. »

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