Le conflit est-il le fondement de tout rapport à autrui?
Publié le 03/12/2014
Extrait du document
«
Eprouver de la sympathie à l’égard de l’autre permet alors d’approcher autrui autrement qu’en
ennemi ; et on va alors s’adonner à communiquer avec cet autre pour tenter de comprendre les
mouvements d’action, les pensées, les caractéristiques et les valeurs qui muent ce nouvel être et, à la
longue, la sympathie pourrait même transformer cette relation nouvelle et inexpérimentée en une
relation bienveillante comme l’amitié et l’amour.
Tous autant que nous sommes éprouvons le besoin
de se faire accepter par les autres, d’entrer dans leur cercle intime de confidentialité et ainsi avoir
accès aux désirs, craintes et aveux qui tourmentent quotidiennement leur âme.
Cette relation
fonctionne réciproquement : l’ami va également être celui qui va soit nous consoler quand on en a
besoin, ou bien nous faire voir que nos aspirations ne peuvent et ne doivent pas être menées à bout, ou
encore nous réprimander pour un quelconque méfait commis.
L’amitié – ce lien sympathique entre
deux ou plusieurs personnes qui ne repose ni sur l’attrait sexuel ni sur la parenté – produit en effet une
telle ampleur sur la constitution de notre être car, selon l’analyse d’Aristote, l’amitié véritable, qui
relève d’un choix libre et d’une bienveillance réciproque, se distingue de l’amitié utile et de l’amitié
plaisante qui ne sont que des caricatures d’amitié, dont le but est d’en tirer quelque chose soi-même.
L’amour est le summum de ces relations bienveillantes : elle ne représente pas uniquement l’affection
réciproque entre deux personnes incluant aussi bien la tendresse que l’attirance physique ; de surcroît
elle désigne tout attachement à une valeur, à une chose ou à une personne avec la volonté de s’y vouer.
Ainsi, l’amour qu’on porterait à l’égard de l’autre nous permettrait de se rapprocher le plus possible
des valeurs qu’on chérit tant dans cette personne, ainsi que de cautionner l’autre à continuellement
respecter et assumer en tant que telles les valeurs et principes qu’elle prône.
La sympathie s’avère ainsi être une relation susceptible d’être fondamentale : elle témoignerait en
faveur du fait que nous ne serions pas programmés pour nuire aux autres et nous opposer
systématiquement à eux.
Jean Jacques Rousseau (1712-1778) est le théoricien de cette sympathie
naturelle et considère que les hommes sont spontanément enclins à être bons les uns à l’égard des
autres.
Dans son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), il
exprime sa foi rationnelle en la « bonté naturelle » de l’être humain, qu’il représente par sa capacité à
éprouver de la pitié à l’égard de l’autre ; selon Rousseau, c’est la pitié « qui nous porte sans réflexion
au secours de ceux que nous voyons souffrir », qui inciterait l’être humain a faire son bien « avec le
moindre mal d’autrui qu’il est possible ».
Ainsi, très clairement, la sympathie apparaît comme un
sentiment psychologique naturel qui est susceptible de lier les hommes les uns avec les autres sans
qu’ils entrent en conflit les uns avec les autres.
TRANSITION : Ainsi, de toute évidence, d’autres relations sont envisageables que celles qui
relègueraient les autres dans l’altérité distante et volontairement hostile que suggère l’expression
« conflit ».
Cependant, si l’homme était bon de lui-même, pourquoi serait-il nécessaire de lui
demander d’aimer son prochain ? C’est ce que se demande le psychanalyste autrichien, philosophe à
ses heures, Sigmund Freud (1856-1939), en prenant le contre pied des thèses rousseauistes pour
montrer que le conflit est inévitable, l’homme étant selon lui naturellement enclin à nuire ses
semblables.
[Comment le conflit entre soi-même et autrui entre-t-il alors en scène ?]
PARTIE 2 : L’homme, vivant toujours avec autrui, établit inévitablement des relations avec lui.
Ces
relations font qu’il s’aperçoit très vite que ses désirs peuvent être confrontés aux désirs de l’Autre, et
ainsi être contraints à un interdit.
L’être humain ne tarde alors pas à faire preuve d’un égocentrisme
radical, dont témoigne d’ailleurs l’usage du mot « autrui » qui véhicule l’idée d’une priorité, et ainsi
d’un privilège du « moi » par rapport aux autres.
Pour Jean Paul Sartre (1905-1980), c’est ce souci
premier de soi qui nous condamne au conflit.
Sartre met en évidence le fait qu’un sujet fait
systématiquement de l’autre un objet, et que l’autre agissant de même, deux « ego » ne peuvent que
s’affronter.
Si je veux passer avant les autres, je me heurte nécessairement à eux, car les autres.
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