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Le cadre de Boule de Suif de Maupassant (cadre historique, géographique)

Publié le 14/03/2015

Extrait du document

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·  La diligence

Le voyage en diligence reste, au xixe siècle, une véri­table aventure. De nombreux récits en témoignent, chez Balzac, Hugo, George Sand, Nerval, Maupassant et bien d'autres. Elle fait partie du décor et explique bien des accidents et des surprises. On ne sait pas quand on arri­vera, ni comment ; les routes sont mauvaises, les voitures inconfortables et le voyage très lent. Mais surtout, les longs trajets sont l'occasion de tisser des liens et de nouer des intrigues.

Ces divers éléments caractéristiques du voyage en dili­gence, nous les retrouvons dans Boule de Suif, mais là, les choses se compliquent. La neige empêche d'avancer, et la voiture met plus de cinq heures pour faire quatre lieues (environ 16 km) ; c'est-à-dire que l'on voyage moins vite qu'à pied. « La voiture avançait lentement, lentement, à tout petits pas (p. 22). «

Le cadre historique 

 

La guerre comme thème

· L'auberge

Dans cette fuite pour échapper aux Allemands, les fugitifs espèrent trouver un hâvre de paix : ils tombent en territoire ennemi, l'auberge étant habitée par un officier prussien. « Bien que la diligence fût immobile, personne ne descendait, comme si l'on fût attendu à être massacré à la sortie. « L'auberge est cependant une étape de repos le premier soir ; ils peuvent s'y réchauffer et y manger. Mais dès le lendemain, elle est un nouveau lieu d'enfer­mement, presque une prison. La diligence est bloquée. Les fugitifs ne peuvent fuir à pied, à cause de la neige et de la guerre.

Dans ce monde clos, les « rituels « (chapitre II) revê­tent une grande importance : repas, conversations, jeux, demande de l'officier ; toutes ces étapes se répètent de façon régulière et accentuent l'impression d'univers car­céral.

 

Nous retrouvons ainsi, dans le cadre du récit, le même univers de clôture que dans la structure de l'oeuvre. L'effet d'enfermement complète l'effet de cercle.

maupassant

« Mais la guerre ne sert pas seulement de toile de fond au récit ; elle le pénètre, l'occupe entièrement.

La capitu­ lation, la trahison sont les sujets mêmes de l 'œuvre.

La guerre sert également de prétexte pour réunir des person­ nages qui ne seraient jamais rencontrés dans la société en temps de paix.

Maupassant nous décrit l'invasion allemande en trois étapes : - la défaite de l'armée française et le repli des troupes désorganisées ;.

-l'arrivée des Prussiens ; - l'occupation et la fuite d'un certain nombre de civils vers des zones non occupées permettant un départ éven­ tuel vers l'Angleterre.

La rapidité avec laquelle se succèdent ces trois étapes permet de comprendre le degré d'affolement des personna­ ges ; étudions-les maintenant dans le cadre de la narration ...

Nous entrons dans le texte avec les troupes vaincues, en déroute ; le début de la nouvelle, reconnaissons-le, n'est pas bien gai : Pendant plusieurs jours de suite des lambeaux d'armée en déroute avaient traversé la ville.

Ce n'était point de la troupe, mais des hordes débandées.

Les hom­ mes avaient la barbe longue et sale, des uniformes en guenilles, et ils avançaient d'une allure molle, sans dra­ peau, sans régiment.

Tous semblaient accablés, éreintés, incapables d'une pensée ou d'une résolution, marchant seulement par habitude, et tombant de fatigue sitôt qu'ils s'arrêtaient.

On voyait surtout des mobilisés, gens pacifiques, rentiers tranquilles, pliant sous le poids du fusil ; des petits moblots alertes, faciles à l'épouvante et prompts à l'enthousiasme, prêts à l'attaque comme à la fuite ; puis, au milieu d'eux, quelques culottes rouges, débris d'une division moulue dans une grande bataille ; des artilleurs sombres alignés avec ces fantassins divers ; et, parfois, le casque brillant d'un dragon au pied pesant qui suivait avec peine la marche plus légère des lignards.

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