Le bonheur est-il la fin ou le moyen de la morale ?
Publié le 24/05/2012
Extrait du document
Mais - et sur ce point nous nous séparons de Kant -
cet idéal est fait de biens et de valeurs à réaliser et non de
devoirs à accomplir ou de lois à observer. La morale kantienne,
en effet, nous paraît inacceptable en tant qu'elle fait du devoir
et de la loi morale un absolu. L'absolu est le bien ou la valeur.
Ce n'est pas son obligation qui fait la bonté morale d'un acte;
au contraire, c'est sa bonté morale qui le rend obligatoire.
«
ceux qui lui font dire "que l'observation de la loi morale, sans
aucun égard
au bonheur, est pour l'homme l'unique but final,
et qu'elle doit être regardée comme la seule fin de la créa
ture " (2
) •
Non seulement nous tendons spontanément et pouvons
tendre
au bonheur, mais le bonheur est un élément indispen
sable du souverain bien dans
la recherche duquel consiste la
moralité.
Kant, en effet, combat l'opinion des stoïciens, d'après
lesquels seule la vertu
doit compter ( 3).
Avec la vertu, i 1 faut
le bonheur, c'est-à-dire
"l'état dans le monde d'un être raison
nable, à qui, dans le cours
de son existence, tout arrive suivant
son souhait
et sa volonté " (4).
Et c'est précisément parce que
la nature
ne réalise pas cette nécessaire conjonction de la vertu
et du bonheur que 1 'auteur de la critique conclut à 1 'existence,
au-dessus de la nature, d'un
être qui assurera cette conjonction
indispensable pour assurer la cohérence rationnelle de la mo
rale; l'existence de Dieu est un postulat de la raison pratique,
et elle est exigée pour garantir le bonheur aux vertueux.
On
ne peut donc pas reprocher à Kant de faire fi du bonheur.
Bien plus, il admet une certaine obligation
de chercher à
être heureux
sur cette terre : " Assurer son propre bonheur,
dit-il
(" Fondements "· p.
97-98), est un devoir (au moins indi
rect) : car le
fait de ne pas être content de son état, de vivre
pressé par de nombreux soucis et au milieu de besoins non
satisfaits pourrait devenir aisément une grande tentation d'en
freindre ses devoirs.
" Mais, on le voit, dans ce cas, ce n'est
pas pour lui-même que le bonheur
est cherché, mais seulement
comme condition nécessaire à l'accomplissement
du devoir:
"Le bonheur n'est pas le but, dit-il ailleurs ( 5), c'est le moyen
nécessaire pour écarter les obstacles qui s'opposent à la mora
lité du sujet.
"
B.
Dans le système moral de Kant, le bonheur ne joue donc
qu'un
rôle secondaire.
" Le bien suprême est constitué par la
moralité ; le bonheur, au contraire, forme sans doute le second
élément du bien suprême, mais cependant
de manière qu'il ne
soit que la conséquence, conditionnée moralement et pourtant
nécessaire, de la
moralité " (6).
(2) Elémenls métaphysiques de la doctrine ùu droit, traduction Barni, p.
3-i:l.
(3) Critique de la raison pratique, p.
120-129.
(~) Ibid., p.
13-1.
(5) Principes métaphysiques de la morale, traduction Tissot, p.
162.
(6) Critique de la raison pratique, p.
128..
»
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