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Le bonheur dépend-il de l'Etat ?

Publié le 08/10/2009

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       L'Etat est l'organisation juridique qui définit une société, l'organise et la régit suivant des lois et des principes qui sont des normes. En ce sens, l'Etat est à la fois une puissance coercition et la possibilité pour l'homme d'exprimer sa liberté en toute sûreté. Le bonheur est une recherche personnelle, subjective et dépend des aspirations de chacun en tant qu'il se définit comme un état de satisfaction plein et permanent. Or comment la collectivité pourrait connaître mon bonheur individuel en tant qu'elle ne peut connaître que le collectif et l'intérêt général. Pourtant le bien commun existe mais est-ce le bonheur. C'est en ce sens que la question du rapport de dépendance ou non entre le bonheur et l'Etat se pose. Or nous aurons à coeur de monter l'impossibilité d'une dépendance exclusive de l'Etat dans la recherche personnelle du bonheur en tant que cela constituerait un despotisme (1ère partie). Néanmoins cela n'exclut pas toute dépendance en tant qu'elle ne serait pas un asservissement (2nd partie) faisant alors de l'Etat le garant d'une liberté seule apte à permette la recherche personnelle d'un bonheur au sein de l'espace public (3ème partie).

« b) Et l'on peut effectivement parler de la morale dans la mesure où le législateur en tant que créateur des normesjuridiques définit le contenu du droit ce qui implique que l'espace où s'exprimera la liberté individuelle relativement àla poursuite du bonheur dépendra de l'action du législateur, donc d'une certaine vertu de ce dernier.

Par ailleurs, àmoins de vouloir délibérément amoindrir les forces de la collectivité, le législateur n'aura aucun intérêt à freiner cetterecherche pourvu qu'elle reste dans le cadre et les limites de la loi comme le note Kant dans la proposition VIII de l'Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique : « quand on empêche le citoyen de chercher son bien-être par tous les moyens qu'il lui plaît, avec la seule réserve que ces moyens soient compatibles avec la libertéd'autrui, on entrave le déploiement de l'activité générale, par suite en retour, les forces de la collectivité ».c) Or, comme Kant l'énonce la Fondation de la Métaphysique des mœurs : « Assurer son propre bonheur est un devoir », et nous avons déjà vu que le législateur se place lui-même au-dessus de la loi.

Dans ce cas se pose alorsle problème du recours possible de l'ensemble de la communauté ou d'un groupe appartenant à cette dernière afinde réaliser ce devoir si jamais le législateur n'était qu'un « moraliste despotique ».

Autrement dit, cela renvoie à laquestion du droit de révolte ou du droit de résistance relativement à l'action du législateur et cela d'autant plusqu'étant au-dessus de la loi le législateur, nous pourrions y voir le développement de la notion de « Trust » commecela apparaît chez Locke, impliquant alors un droit de résistance.

Transition : Ainsi la recherche du bonheur est un devoir pour l'individu ce qui explique que cette définition ne puisse secomprendre que subjectivement.

En ce sens, le rôle de l'Etat doit simplement être d'offrir cet espace de liberténécessaire afin que l'individualité s'exprime.

III – L'Etat comme condition du bonheur a) En fait la nature de l'Etat est tout autre.

Et il y aurait effectivement une contradiction interne entre la nature del'Etat et le principe législatif si ce dernier devait garantir le bonheur de chacun de ses citoyens.

Kant insiste dans Théorie et pratique : « Le souverain veut rendre le peuple heureux selon l'idée qu'il s'en fait, et il devient despote ; le peuple veut ne pas se laisser frustrer de la prétention au bonheur commune à tous les hommes et il devientrebelle ».

En effet, non seulement, le souverain deviendrait despote mais surtout ce serait permettre à chaquecitoyen de remettre en cause la législation au nom de son droit au bonheur que l'Etat devrait avoir pour base.

L'Etatn'a pas pour but que promouvoir le bonheur de ses citoyens mais bien de faire en sorte que toutes les conditionssoient réunies pour que cela soit possible.

Autrement dit, l'Etat a pour but d'assurer la liberté de tout un chacun etsa sécurité.

Et c'est bien ce que montre Kant au paragraphe 45 de Doctrine du droit . b) L'Etat doit administrer le droit afin que le lien social entre les individus perdure.

En ce sens, il y a un rôlecoercitif.

Kant développe ce point notamment dans la sixième proposition de l' Idée d'une histoire universelle du point de vue cosmopolitique .

En effet, le rôle du législateur est bien de fournir un cadre : celui de la société afin que les libertés et les déterminations individuelles puissent l'exprimer : « C'est seulement dans un enclos tel que celui dela société civile que les mêmes penchants produisent par la suite le meilleur effet; tout comme les arbres, par celamême que chacun cherche à prendre aux autres l'air et le soleil, se contraignent à les chercher au-dessus d'eux, etpar là, acquièrent une belle croissante droite; tandis qu'en liberté et séparés les uns des autres, ils laissent leursbranches se développer à leur gré, et poussent rabougris, tordus et de travers.

Toute culture, tout art qui ornel'humanité, le plus bel ordre social sont les fruits de l'insociabilité qui, par elle-même, est contrainte de se disciplineret ainsi de développer complètement, par un art extorqué, les germes de la nature ».c) Or comme le note Kant dans la Doctrine du droit , l'Etat est le lieu qui est crée justement en vue de la possibilité pour les individus d'exprimer leurs libertés leur permettant d'accéder au bonheur.

En ce sens ce qu'il faut bien saisirc'est le passage de ce que l'on peut appeler la liberté naturelle à la liberté civile.

La liberté est sauvegardée dans lesdeux cas, mais elle a changé de forme.

La liberté naturelle est le puissance que j'ai sur chaque chose tandis que laliberté civile est la liberté en tant que je fais partie d'une société.

L'Etat est finalisé au développement de la libertéindividuelle.

C'est pourquoi l'Etat kantien se définit comme fin en soi.

Et cela est clairement dans l'esprit de sonarticle Qu'est-ce que les Lumières ? puisqu'il s'agit de ne pas maintenir l'homme dans son état de tutelle, c'est-à- dire de minorité.

Il faut le rendre majeur.

L'Etat est libre parce qu'il respecte la liberté de ses citoyens.

Conclusion : Le bonheur ne dépend donc pas de l'Etat mais bien de l'individu.

Faire du bonheur la mission de l'Etat seserait priver de liberté l'individu et conduire au pire des despotismes alors que l'Etat doit promouvoir justement laliberté.

Et c'est bien pour cela qu'il est du devoir du législateur de laisser la liberté à l'individu afin qu'il définisse etpoursuive subjectivement sa quête de bonheur qui est son propre devoir.

Le bonheur ne dépend donc pas de l'Etatdans la mesure où ce n'est pas lui qui le produit mais en tant qu'il offre les conditions nécessaires à sa possibleréalisation.. »

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