Le bonheur consiste-t-il à pouvoir consommer toujours plus ?
Publié le 25/09/2012
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«
CUNY Jérémy ; TS2
10/01/2012
La société dans laquelle nous vivons aujourd’hui nous incite à penser que le bonheur serait
relatif à une certaine « chance », tout en se résumant aux plaisirs, c’est-à-dire en la satisfaction de
nos désirs matérialistes.
Etymologiquement le mot « bonheur » signifie la « bonne augure ; la bonne chance ».
Ainsi
on considère l’homme riche comme chanceux parce qu’il peut en effet satisfaire tous ses désirs.
Qui
ne s’est effectivement jamais imaginé à la place d’un de ces « gens du monde », qui inondés d’argent,
peuvent se faire des plaisirs sans limites ? Dans notre société industrielle le bonheur est devenu
synonyme de réussite lorsque progressivement le bonheur tel que la religion le définissait (c’est-à-
dire davantage tourné vers le monde être-que nous verrons plus loin) a laissé place à la définition
qu’en donnait la société industrielle.
Celle-ci n’est en fait rien d’autre qu’une société de production de
biens, répondant à une logique capitaliste.
Par-là, la réussite que nous avons évoqué, se caractérise
parce que l’on a ou ce que l’on peut avoir, puisqu’effectivement la donne a changé est désormais
l’ « on est ce que l’on a ».
C’est ainsi que posséder de l’argent est considéré comme une circonstance
favorable car finalement, qui peut jouir d’assez d’argent pour s’offrir l’ensemble de ses désirs ? Si peu
de monde qu’avoir de l’argent est devenu une aubaine dont tout le monde veut se saisir.
Ce lien qui
semble indéfectible entre la chance et le bonheur est d’autant plus manifeste dans les langues
occidentales, où il n’est désormais plus anodin de trouver dans un dictionnaire des synonymes le
mot « chance » comme substitutif possible au mot « bonheur », dans cette optique, en allemand
par exemple « Glück » veut à la fois dire « bonheur » et « chance ».
« Vous avez de l’argent ? Peu importe la quantité [a fortiori il y a les crédits], dépensez-le » :
c’est en résumé le message publicitaire contemporain auquel nous avons droit entre deux
avertissements de santé publique du gouvernement.
Dans toute société matérialiste digne de ce
nom, il est en effet important de faire comprendre, inconsciemment, aux masses populaires, que le
bonheur est dans l’accumulation des biens.
Vêtements, voitures, bijoux,… autant d’éléments associés
aux plaisirs et qui sont mis à notre disposition dans notre culture de l’abondance.
L’effacement de la
religion en Europe, celle-là qui promettait une vie de bonheur après la mort, a rappelé aux hommes
la brièveté de la vie et ainsi à quel point ils avaient si peu de temps pour être heureux.
La
consommation a donc été un relais de petits plaisirs, de « bonhommes-instants » comme les
nomment Boris Cyrulnik.
En achetant et en accumulant, on a l’impression d’avoir à portée de mains le
bonheur, d’ « être » à travers notre « avoir », le bonheur est ainsi devenu une plaque tournante de la
consommation et de notre économie.
Il faut en effet produire ces biens pour pouvoir les acheter, et il
faut les acheter pour avoir de la croissance, la croissance qui est indispensable pour produire : quel
beau cycle, vertueux pour certains et vicieux pour d’autres.
Cette conception du bonheur par la
succession de plaisirs, conduit les hédonistes radicaux, à l’image de Michel Onfray, à satisfaire les
désirs qu’offre la société contemporaine pour produire différents degrés de « surexcitation, mais qui
ne sont pas générateurs de joie [ce qui rend] nécessaire la quête de plaisirs toujours plus neuf,
toujours plus excitants» (Erich Fromm, Avoir ou Être ).
Ces recherches successives de plaisirs nouveaux
ne conduisent donc nullement au bonheur, sinon simplement à toujours plus stimuler les désirs et les
envies.
Le bonheur est donc dépendant de la possession d’argent, qui est vu dans notre société
comme une chance d’accéder au bonheur, quelque chose donc d’enviable.
Ainsi le bonheur est
devenu un objet de consommation –sans aucun doute essentiel, un élément charnier du système
économique, s’intégrant parfaitement dans notre société matérialiste.
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