Le bonheur consiste-t-il à ne plus rien désirer?
Publié le 09/01/2005
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En quoi l'arrêt du désir pourrait-il contribuer à notre bonheur ? Si l'on considère le désir comme manque, c'est-à-dire comme la quête insatiable de ce que nous n'avons pas, il semble certain que nous sommes condamnés à rester insatisfaits ; d'une manière générale, on pourrait dire que si nous désirons être heureux, c'est que nous ne le sommes pas effectivement. Le désir serait donc ce qui éloigne du bonheur considéré comme un état de repos et de satisfaction. Cependant, cette conception nous invite à penser que l'homme peut renoncer au désir, qu'il peut refuser sa condition d'être désirant. Il faut donc que nous nous demandions si cela est possible et si, le cas échéant, le bonheur est compatible avec nos désirs eux-mêmes.
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ANALYSE ET PROBLEMATISATION DU SUJET.
§ Le bonheur semble se définir au premier abord comme étant la satisfaction de toutes nos inclinations.Il semble donc avoir partie liée au désir, d'autant plus qu'il semble être l'objet de tous nos désirs.
Lebonheur serait donc le terme d'une série de désirs satisfaits.
Il semble donc de prime abord que lebonheur soit conditionné par la satisfaction de nos désirs, là où le malheur serait dû à la non-satisfaction des désirs.
L'homme étant avant tout un être sensible, son bonheur dépendraitentièrement de la réalisation ou non de ses désirs. § Cependant il semble que le désir se définisse quant à lui comme étant lié à une satisfaction toujoursdifférée.
Il est ce par quoi nous faisons l'expérience du temps et c'est pourquoi il semble être la causede notre malheur, ne débouchant jamais sur une satisfaction stable, mais étant toujours renouvelé :le désir est ce qui n'est jamais satisfait, chaque désir laissant toujours place à un autre désir, et ce,dans un mouvement perpétuel et sans fin.
Dès lors, comment pourrait-il avoir partie liée au bonheur,qui est un état de satisfaction stable et durable, s'il est quant à lui instable et source de malheur ? § Le bonheur semble alors distinct du plaisir et donc du désir qui en est le moteur.
Le bonheur serait-ilalors l'absence même de désir ? Faut-il se déprendre de tout désir, de toute satisfaction, donc detoute sensibilité pour pouvoir être heureux ? Le bonheur est-il alors un état supérieur à celui del'homme, que l'homme, sensible ne pourrait atteindre, dans la mesure où il serait trop haut pour lui ? § Il semble bien pourtant qu'il soit possible à l'homme d'être heureux, mais ce bonheur est-il alors le vraibonheur ou seulement une illusion due au désir ? Le désir serait-il alors l'autre du bonheur, cetteillusion de bonheur dont les hommes se contentent « faute de mieux » et afin de satisfaire à un plaisirimmédiat ? Le bonheur serait alors conditionné non pas par les désirs, et à fortiori par la satisfactionde nos désirs, mais par leur maîtrise, c'est-à-dire par une attitude vertueuse. § Le bonheur s'identifie-t-il à la satisfaction de tous nos désirs, se définissant alors comme une suite deplaisirs immédiats et éphémères, ou est-il au contraire conditionné par l'absence de tout désir, outout au moins par la maîtrise des désirs, se définissant alors dans la vertu ? PROPOSITION DE PLAN.
I) Le bonheur comme satisfaction de nos désirs et l'illusion d'une liberté sans bornes. § Le bonheur semble bien avoir partie liée avec le plaisir, la satisfaction, donc avec le désir, dont lanature semble être d'être satisfait.
Le bonheur serait donc un état de satisfaction, et je suivrais mesdésirs en croyant suivre ma nature.
Le bonheur serait alors à la fois dépendant du désir et de laliberté, la satisfaction de tous nos désirs, condition de notre bonheur, étant alors considérée commeune liberté absolue, sans borne.
Le bonheur s'identifie alors au plaisir que l'on retire de la satisfactionde nos désirs.
Il est alors le résultat d'une double attitude de l'homme : d'un côté éviter la douleur etla privation de joie, et de l'autre, rechercher les jouissances.
Le principe de plaisir détermine alors lebut de la vie, ainsi que le dit Schopenhauer, dans Le monde comme volonté et comme représentation : « ce qu'on nomme bonheur, au sens le plus strict, résulte d'une satisfaction plutôt soudaine de besoins ayant atteint une haute tension, et n'est possible de par sa nature que sousforme de phénomènes épisodiques ».
Le bonheur, défini comme satisfaction de tous nos désirs, seraitalors éphémère, immédiat et instable, il serait la résolution d'un désir propre à chacun, un bien être,entrant dans le calcul des plaisirs et des peines.
L'individu est alors, selon cette perspective,constitué de séries de désirs à assouvir. § Le bonheur semble donc bien de prime abord se définir comme la satisfaction de tous nos désirs, dansla mesure où nous somme constamment mus par des envies, des désirs…le bonheur serait donc « fairece qui nous plaît ».
Le bonheur défini comme absence de toute limite à nos désirs et leur satisfactionsemble bien consister alors dans le fait de ne faire que suivre son plaisir, ses désirs, et ce, sansaucune contrainte extérieure.
Cependant cette forme de bonheur, qui serait une sorte de libertéabsolue dans la satisfaction de nos désirs, n'est-elle pas une illusion de bonheur ? En effet, si cetteforme de bonheur semble n'admettre aucune contrainte et soumission extérieure, il semble qu'il y aitune soumission interne au sujet lui-même, en tant qu'il est soumis à ses désirs : l'homme n'est alorsplus libre de ne pas désirer et, étant soumis, il perd sa liberté et donc la possibilité du bonheurvéritable.
Il y aurait donc une forme de soumission, soumission de l'homme à ses désirs.
C'est ce quesemble montrer Platon dans le Gorgias .
Calliclès soutient en effet que le bonheur et la liberté, c'est accomplir exactement tout ce qui nous plaît.
Mais c'est pour Socrate une illusion, car le sujet estsoumis à ses désirs contraint perpétuellement par eux et par conséquent, n'étant pas libre, il ne peutatteindre le bonheur.
Celui qui fait ce qui lui plaît a donc l'illusion d'un bonheur sans borne, car sonbon plaisir seul est aux commandes.
Dès lors, le véritable bonheur ne s'évalue pas à l'aune dusentiment subjectif, il nécessite une certaine discipline, une certaine maîtrise de nos désirs, et ce, parla raison.
Une maîtrise par la réflexion semble donc nécessaire au véritable bonheur, afin qu'il ne soitpas confondu avec une simple illusion de bonheur qui consisterait dans la satisfaction toujoursdifférée de nos désirs.
L'erreur semble donc consister dans le fait d'assimiler le bonheur et le plaisir..
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