Le besoin de croire.
Publié le 04/11/2009
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Un fait est cependant tout aussi évident que le détachement progressif des hommes par rapport à l'expérience religieuse primitive, c'est leur tendance à remplacer cette religion par une autre ! En même temps que la critique philosophique ruinait méthodiquement la valeur de la Religion, le Dieu théologique se métamorphosait en un autre Dieu à l'insu des philosophes. Ainsi on remplaça Dieu par la foi en la Science (on la trouve au XVIe siècle chez Francis Bacon, et on la retrouve, expressément nommée « religion de la Science « chez Haeckel à la fin du XIXe siècle), par la foi dans le Progrès (qui se développe au début du XIXe siècle), par la foi dans l'Humanité (pierre angulaire de la « religion positiviste « d'Auguste Comte, idée-force des premiers socialismes), par la foi dans l'Histoire et dans un « Sens de l'Histoire « (reprise laïque de la foi religieuse en la Providence, telle que l'exprimait Bossuet par exemple, foi historique qui commence avec les Encyclopédistes et qui trouve son point culminant avec Hegel), par la foi dans le Prolétariat (mythe marxiste typique qui fait du Prolétariat et de sa conscience de classe le grand moteur de l'Histoire et le potentiel infini de la réalisation de l'Humanité parfaite). Par ailleurs les doctrines philosophiques ou métapsychologiques les plus irrespectueuses devenaient « sacrées « pour des disciples militants et remplaçaient la Bible. « Le Capital « de Marx, de même que les ouvrages de Freud, connaissent aujourd'hui des exégètes, des interprètes, et des sectes ennemies se dessinent, s'opposant sur des « lectures « différentes de la nouvelle Bible, comme autrefois les Catholiques, les Protestants, les Orthodoxes, les Anglicans, les Jansénistes et autres « chapelles « prêtes à recommencer la Saint-Barthélémy.
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