Le beau s'impose-t-il à notre jugement ou en résulte-t-il ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
21) La place du
jugement dans la perception selon Kant.
Pour Kant, l'essentiel est sans doute un déchiffrage de l'énigme du goût : tout
en affirmant qu'il ne faut pas en disputer, chacun gardant le sien sans
prétendre à l'assentiment d'autrui, c'est un fait que les hommes ne se résignent
pas à déserter ce domaine de la communication, puisqu'on peut les voir se
contester incessamment la valeur de leur goût, comme s'ils croyaient au fond
qu'un accord devrait être possible. Cette apparente contradiction a sa raison
profonde : il est bien vrai que le jugement de goût ne saurait prétendre à la
même objectivité que le jugement logique dans la connaissance, car il ne se
fonde pas comme lui sur des concepts, il est esthétique et il se rapporte à
un sentiment, comme tel inaliénable en connaissance, celui d'une satisfaction
éprouvée dans l'appréhension d'une forme ; s'il prétend néanmoins exiger comme
nécessaire un assentiment universel, c'est que ce sentiment n'est pas subjectif
au même titre que celui de l'agréable, suscité par la seule sensation. Il doit
être éprouvé par tous parce qu'il est désintéressé, indifférent à l'existence de
la chose, qui est simplement contemplée, sans devenir l'objet d'aucune
connaissance ni d'aucun désir, et qu'il est la conscience d'une espèce
d'appropriation de la nature à l'homme se manifestant dans le jeu libre et
harmonieux de l'imagination et de l'entendement, qui sont les conditions
universelles de la faculté de juger. Le principe de cette harmonisation des
facultés en nous et de l'appropriation de la nature hors de nous à notre faculté
de juger est le suprasensible qui fonde la liberté et l'unité des fonctions
théoriques et pratiques de la raison. La faculté de juger s'y rapporte comme à
une norme indéterminée, celle d'un sens commun à tous, sur lequel elle règle sa
réflexion et qui lui permet, lorsqu'elle décide de ce qui rend le sentiment
universellement communicable, d'exiger l'assentiment de tous comme une sorte de
devoir. Le beau est finalement le symbole du bien moral, une présentation
sensible indirecte de l'idée que la raison forme de ce principe suprasensible.
Il ne serait rien pour l'homme s'il n'était capable d'éprouver le sentiment
moral, le seul sentiment que l'animal ait en partage étant l'agréable. Le goût
rend ainsi possible le passage de l'attrait sensible à l'intérêt moral, de la
nature à la liberté, de l'entendement à la raison.
3) La beauté n'a pas besoin de la médiation du
jugement.
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- Où donc est la justice? En ceci que le jugement ne résulte point des forces, mais d'un débat libre, devant un arbitre qui n'a point d'intérêts dans le jeu. Alain, Propos, Pléiade, I. page 434. Commentez cette citation.
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