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l'avenir de l'homme lui appartient-il ?

Publié le 25/10/2005

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L'avenir est une dimension du temps qui, contrairement au passé ou au présent, est tournée vers le futur, et il se distingue lui-même du futur en tant par sa relation au présent. C'est de l'ambiguïté constitutive de cette définition qui fait problème. En effet l'avenir est la dimension du temps privilégié de l'homme dans la mesure où c'est à travers lui que l'homme accomplit la réalisation et la continuité de son propre être. Ainsi à travers les situations paradigmatiques du projet, de l'attente et de l'espoir, il appartient à l'homme volontaire par son action de faire ad-venir l'avenir qu'il désire. Par conséquent l'avenir de l'homme lui appartiendrait en tant qu'il serait lui-même l'auteur et le producteur de son propre avenir. Cependant l'avenir ne se définit pas exclusivement par sa relation au présent puisque il est d'abord et avant tout orienté vers le futur. Or le futur ne peut en lui-même être défini comme une propriété de l'homme dans la mesure où il est incertain avant d'être advenu. Aussi toutes nos anticipations et tous projets peuvent-ils être contredits par un temps que nous contrôlons pas. Par conséquent, l'avenir dans sa relation au futur semble moins nous appartenir que nous ne lui appartenons nous-mêmes. Cependant nous ne pouvons nous laisser dépouillés de la propriété que nous revendiquons sur l'avenir au risque de rendre toute action impossible. Nous sommes alors confrontés à ce problème : notre propre avenir, l'avenir de l'homme, est-il nôtre ou bien ne nous appartient-il nullement ? En quel sens pouvons-nous affirmer que son propre avenir appartient à l'homme ?

« _ L'avenir est essentiellement incertain.

Aussi nous passons notre temps à tenter de l'anticiper afin de nousréapproprier ce qui nous échappe.

Une anticipation désigne la tentative de notre esprit à reprendre la maîtrise sur un temps que nous ne maîtrisons pas.

Or ce travail de réappropriation, s'il nous rassure, n'est pas toujours efficacecar l'avenir comporte une part de hasard qui le rend opaque à la raison humaine.

Le hasard est ce qui constitue lapart d'indétermination essentielle de l'avenir et qui, à ce titre, rend nos prévisions fragiles et toujours susceptiblesd'erreur.

Par exemple l'empereur perse Xerxès pensait qu'il suffirait d'amener son immense armée en Grèce pour queles Grecs se soumettent à lui.

Or il n'avait pas prévu que les Spartiates se sacrifieraient pour le combattre à labataille des Thermopyles.

Par conséquent l'anticipation ne nous permet que d'établir des hypothèses par rapport àl'avenir, mais il ne nous garantit pas la vérité de cette hypothèse et donc ne permet pas la réappropriation del'avenir._ L'échec structurel de l'anticipation explique pourquoi l'attitude fondamentale de l'homme face à l'avenir est moinsune attitude conquérante qu'une attente fondée sur l'espoir .

L'espoir désigne ce sentiment que nous avons face à l'incertitude de l'avenir.

Si les hommes espèrent, c'est justement parce qu'ils ne peuvent compter sur leurs seulesforces pour réaliser ce qu'ils désirent.

L'espoir est alors ce sentiment qui nous étreint lorsque nous désirons unechose qui ne peut advenir par nos seules forces.

Ainsi nous émettons un souhait, nous faisons une actions et nouspensons : « l'avenir tranchera« , ou « le futur le dira ».

Or si c'est le futur qui a le dernier mot sur nos actions, nous pouvons alors affirmer que notre avenir nous appartient moins que nous ne lui appartenons nous-mêmes dansla mesure où nos projets et nos espoirs sont conditionnés par la toute puissance de l'avenir.

Cependant nous ne pouvons accepter de nous laisser complètement dépouillés de notre avenir car nous risquonsalors de rendre toute action impossible en perdant son sens.

En quel sens pouvons nous affirmer que l'avenir del'homme lui appartient ? III Conséquences éthiques de la non appartenance de l'avenir _ L'avenir est un temps qui ne nous appartient pas.

Cela nous ne devons plus chercher à le contester, mais plutôt àen tirer les conséquences.

Ce qui prouve que l'avenir de l'homme ne lui appartient pas de manière essentielle, c'estla finitude de l'homme.

En effet l'homme est un être fini par opposition à Dieu qui est un être infini.

Notre finitudedésigne la condition sous laquelle l'existence nous est donnée comme promise au néant.

Il n'y a pas de vie humainequi ne s'achève par la mort.

Or cette mort, nous savons qu'elle viendra, mais nous ne savons pas quand.L'indétermination de la mort ne fait qu'un avec l'indétermination de l'avenir lourd de menace.

Aussi la mort dépossèdeà jamais l'homme de son avenir en tant qu'il n'est jamais certain d'avoir le temps de réaliser ses projets.

Ainsi laconséquence éthique qu'il faut déduire de la non appartenance de l'avenir de l'homme est de se réfugier dans le seltemps qui est vraiment le notre, c'est-à-dire le présent.

Si l'avenir ne nous appartient pas, il faudrait alors nousancrer profondément dans le seul temps qui nous est absolument propre.

C'est ce que propose l'éthique existentiellede Montaigne, dans ses Essais III, 13 « à mesure que la possession de la vie est plus courte, il me faut la rendre plus profonde et plus pleine »._ Cependant la conscience de notre mort qui nous enlève la propriété de notre avenir nous empêche t-elle pourautant d'agir ? Cette prise de conscience de la non appartenance de notre avenir diminue en effet la valeur de nosprojets.

Car un projet a besoin de l'avenir pour se réaliser, et la perspective de notre mort ne nous garantit pas quenous pourrons le mener à son terme.

Aussi il semblerait que la sagesse recommande de cesser toute action et de seretrancher dans l'attente de la mort.

Néanmoins ce n'est pas ce que propose Montaigne puisque selon lui « noussommes nés pour agir ».

Aussi écrit-il dans ses Essais I, XX « je veux qu'on agisse et qu'on allonge les offices de la vie tant qu'on peut et que la mort me trouve plantant mes choux, mais nonchalant d'elle, et encore plus de monjardin imparfait ».

Ainsi la perspective de la mort nous conduit moins à ne plus agir qu'à relativiser la valeur de nosprojets et aussi à sélectionner ce qui mérite selon nous d'être fait dans l'imminence de notre mort : « il ne faut riendessiner de si longue haleine ou au moins avec telle intention de se passionner pour en voir la fin ».

En ce sens sil'avenir ne nous appartient pas du fait de notre mort, c'est justement la dépossession de notre avenir par la mort quinous révèle ce dont nous ne pouvons être dépossédés, c'est-à-dire le choix que nous faisons de notre vie enfonction du temps qu'il nous reste.

Nous sommes alors responsables de la vie que nous avons choisi pour nous-mêmes._ Mais en quoi serions-nous responsables de notre avenir si nous ne pouvons absolument le déterminer ? L'avenir del'homme lui appartient surtout et avant tout parce qu'il en est responsable.

Or nous avons dit que notre avenir nousappartenait en tant que nous étions ses auteurs, puis nous avons montré que l'avenir pouvait contredire nosprévisions.

C'est justement cette incapacité à prévoir jointe à la puissance d'agir qui fonde une éthique de laresponsabilité basée sur une heuristique de la peur.

En effet, Hans Jonas, dans l'introduction au Principe Responsabilité , soutient que le contraste entre la toute puissance de la technique et l'incapacité à prévoir la portée des effets de cette puissance fonde une éthique nouvelle face à l'avenir de l'homme.

Si l'homme se risque àcommettre des actions qui peuvent compromettre les possibilités d'un avenir humain sur terre alors qu'il ignore lui-même les effets de la puissance qu'il utilise, il sera seul responsable du désastre.

Aussi la projection imaginaire decette éventuelle catastrophe doit avoir pour conséquence éthique de ne pas parier pour le progrès en risquantl'avenir des générations futures.

L'impératif catégorique de Jonas s'énoncerait ainsi : agis toujours de telle sortequ'une vie humaine soit possible sur terre pour les générations futures ».

Par conséquent , si l'avenir ne nousappartient pas, l'avenir de l'homme comme espèce humaine nous appartient en tant qu'il est conditionné par leschoix qui nous faisons dans le présent.

Conclusion : L'homme est un être essentiellement tournée vers l'avenir et par son action, c'est son avenir qu'il fait ad-venir dans. »

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