L'avenir a-t-il une réalité ?

Ecoutons résonner en nous le terme « avenir «. Sa première résonance est une tonalité interrogative : l'avenir ? Mais à cette interrogation, aussitôt succède un double mouvement, une crainte, tout avenir est redoutable, parce qu'il va changer quelque chose en nous et hors de nous. Il représente une inquiétude, surtout pour les gens qui se satisfont d'un mode de vie « sans histoire «. Peut-être une part de nous-mêmes, est-elle en train de refuser la temporalité ! L'autre mouvement n'est pas d'inquiétude, mais d'aspiration. « Demain, quand je serai grand «, dit l'enfant, et sa notion incertaine du temps est une impatience d'avenir. Demain si redoutable et si attirant ouvre ses portes à nos craintes et à nos désirs.  Par rapport à cet avenir, tout présent est rassurant. Le présent est pour nous ce qui est, ce qui est là, ici et maintenant, à la fois le domaine de l'instant et celui du réel. Il ne faut pas lâcher la proie pour l'ombre, dit le proverbe. La proie c'est le réel assuré, l'ombre, insaisissable, c'est l'avenir. Le réel et le présent se confondent ; l'irréel et l'avenir s'assimilent l'un à l'autre. Telle est l'attitude, la réaction sentimentale que nous avons devant l'avenir : elle contient une contradiction, ou du moins une ambiguïté.  Pouvons-nous récuser l'avenir, c'est-à-dire affirmer qu'il n'a pas de réalité ?