L’autorité de l’Etat est-elle compatible avec la liberté des individus ?
Publié le 11/01/2023
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Dissert 09/05 : L’autorité de l’Etat estelle compatible avec la liberté des
individus ?
Les termes à définir :
L’État :
Cette réalité politique désigne une façon d’exercer le pouvoir.
C’est un
ensemble d’institutions dont le but est d’administrer une société sur un
territoire donné.
L’État implique l’existence d’une constitution qui définit
des types de pouvoir et le domaine propre à chacun.
Légiférer,
gouverner, juger sont les trois dimensions fondamentales de cette
organisation complexe qui oriente la vie sociale et se présente comme la
puissance souveraine, celle qui décide en dernière instance.
L’autorité :
Ce terme désigne la source du pouvoir, elle le fonde.
Pour qu’un pouvoir
puisse s’exercer, il faut qu’il soit autorisé à le faire et donc que sa
légitimité soit reconnue par les gouvernés.
L’autorité n’est pas forcément
synonyme d’autoritarisme.
Une personne qui fait autorité par la qualité
de ses travaux dans un domaine n’exerce pas une violence sur les autres.
Tout au contraire, elle les éclaire utilement.
Il est toutefois possible que
l’autorité soit usurpée et dans ce cas le pouvoir est injuste.
La liberté des individus :
Cette expression correspond à la sphère des droits que chacun de nous
possède en tant qu’il est homme, et non seulement citoyen.
Ces droits
sont multiples.
Ils peuvent être politiques comme le droit à la liberté
d’expression, sociaux comme le droit à la santé, ou socio-économiques
comme le droit au travail.
Cette liberté est susceptible d’entrer en conflit
avec le pouvoir étatique dans la mesure où celui-ci encadre son usage.
Dégager la problématique : la problématique repose sur la tension
existante entre l’autorité et la liberté.
Il est tentant de les opposer
frontalement.
La première serait synonyme d’oppression, voire de
tyrannie, quand la seconde signifierait l’usage de notre libre arbitre et
l’indépendance de notre conduite.
Cela semble d’autant plus vrai que
l’État exerce un pouvoir sur les individus et les punit parfois.
Il faut
toutefois questionner la pertinence de ce schéma.
N’avons-nous pas
besoin d’un État pour rendre compatible entre elles les libertés
individuelles ? Il faut s’interroger sur les buts de l’État.
Ne peut-il pas
contribuer à réaliser la liberté ? Se pose alors le problème suivant : s’il
est vrai que la liberté des individus paraît s’exercer hors du champ de
l’État, il apparaît que celui-ci est requis pour reconnaître le bien-fondé de
ces libertés et protéger leur exercice.
Intro : Une opinion courante voit volontiers l’État comme l’adversaire de
l’individu.
Son autorité n’aurait de cesse de brider les libertés
individuelles en leur imposant des lois.
Ce jugement est-il fondé ? Ne
peut-on au contraire soutenir que l’État est la condition pour réaliser
concrètement la liberté de l’individu ? Il est tentant de définir celle-ci
comme une absence de contraintes mais avons-nous bien réfléchi à ce
que ce droit suppose pour pouvoir se réaliser ? Le sens commun
reconnaît d’ailleurs volontiers que sans lois, le chaos s’installe, et avec lui
l’absence de liberté.
Il faut donc considérer le sujet de plus près et se
demander si l’autorité de l’Etat est-elle compatible avec la liberté des
individus, nous pouvons aussi tourner le problème en se demandant dans
un autre sens si l’autorité de l’État s’oppose-t-elle à la liberté des
individus.
Un État fort est-il nécessairement un État liberticide où les
gouvernants tyrannisent les gouvernés ?
1.
Les raisons de l’opposition
A.
UNE CROYANCE RÉPANDUE
On pense généralement que l’État et l’individu sont dans une relation
antagoniste, telle que le premier ne puisse se développer qu’au détriment
du second.
L’État se définit comme une forme de pouvoir qui régule et
oriente la vie sociale à travers des institutions.
Il encadre la vie des
hommes, lesquels ont des droits et des devoirs fixés par les lois
conformes à une constitution.
Ce pouvoir organisé s’exerce, selon Max
Weber, par le biais des administrations.
Il est dès lors tentant de croire
que l’individu sera d’autant moins libre que l’État sera puissant.
L’individu
est à distinguer du citoyen.
Celui-ci est le membre de l’État, celui-là
désigne chacun de nous en tant qu’il est une unité singulière, un être
doté de désirs particuliers qui n’ont pas pour souci primordial l’intérêt
général, dont l’État, au contraire, se veut le garant.
Nous pensons donc
que la satisfaction de nos envies individuelles ne peut qu’être freinée
voire opprimée par les lois de l’État.
B.
LE POUVOIR DE L’ÉTAT
Cette opposition paraît renforcée par l’examen des fonctions dites
régaliennes, celles par lesquelles l’État fait la démonstration de sa
souveraineté.
Par son pouvoir de légiférer, il trace les limites de
l’obligatoire, du permis et du défendu.
Les gouvernants ont, quant à eux,
la charge de décider des orientations que la nation doit prendre.
Enfin,
les jugements sont rendus au nom du peuple et il est très difficile de
contester un verdict, même si des juridictions supranationales existent.
L’État se présente donc comme l’institution qui détient le pouvoir de
décider et de juger en dernière instance.
Ainsi s’établit une relation
asymétrique entre des gouvernants et des gouvernés.
L’obéissance de
ces derniers est requise, et Nietzsche voit dans l’État « le plus froid des
monstres froids », qui trompe le peuple et l’utilise sans vergogne comme
de la chair à canon.
Les libertés individuelles, comme celles de s’exprimer
publiquement, de se cultiver, de circuler sont niées ou suspendues au
bon vouloir des dirigeants qui ne veulent que des sujets dociles.
L’autorité de l’État serait donc synonyme d’une contrainte infligée aux
individus dans le but d’en faire des atomes sans personnalité.
[Transition] Faut-il en conclure que sans État la liberté des individus
s’exercerait pleinement ? N’est-ce pas tomber dans une vision faussée
des désirs individuels ? L’homme n’est pas qu’un être de raison.
2.
La critique de l’opposition
A.
L’ÉTAT DE NATURE
Dans son ouvrage Le Léviathan, Hobbes élabore une théorie de l’État
destinée à nous montrer sa nécessité.
Il forme le concept d’un état de
nature qui se caractérise par l’absence totale d’institutions.
Il n’existe que
des individus définis par leur désir et par leur droit de pouvoir faire....
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