L’ARTISTE, DIEU ET LA CRÉATION
Publié le 18/01/2020
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Mais peut-être Pascal feint-il seulement de croire que l’art a simplement pour fonction d’imiter la Nature : en réduisant la peinture à une tâche subalterne autant qu’inutile, ne veut-il pas rabattre la prétention de l’artiste qu’il devine fort bien : celle de reproduire la « création », de rivaliser avec le Créateur, de s’égaler à Dieu, - d’être Dieu ? L’insupportable orgueil de la créature l’engagerait-il à vouloir créer, non pas seulement comme un laborieux démiurge qui retrousse ses manches pour mettre la main à la pâte, mais - comme Dieu - avec rien ou trois fois rien, ou comme Yves Klein, en donnant ses ordres en gants blancs ?
« De maximis et minimis »
En 1957, Yves Klein expose ses « Monochromes » d’un bleu outremer qu’il baptise I.K.B. (International Klein Blue) et qui symbolise « l’expansion infinie de l’univers ». En 1958, il crée ses « Anthropométries », empreintes sur papier ou sur toile de femmes nues enduites d’LK.B. - ses fameux «pinceaux vivants» - qu’il dirige, en gants blancs, aux accents d’une musique de chambre. En 1959, trois ans avant sa mort, Klein donnait deux conférences en Sorbonne sur l’Evolution de l’art et de l’architecture vers l’immatériel. Dès 1921, Rodtchenko présentait à Moscou ses trois «derniers tableaux» monochromes : rouge pur, jaune pur et bleu pur. Mais en 1918, Malevitch avait déjà exposé son fameux Carré blanc sur fond blanc.
La référence de l’activité artistique à la création divine est constante et souvent explicite, jusque dans l’art contemporain. Ainsi, en lui montrant un crâne humain, Picasso -qui n’imaginait guère un Dieu qui ne fût pas un démiurge - disait à l’abbé Morel : « On voit bien que le bon Dieu a pétri ça de ses mains : il y a l’empreinte des pouces. » Ainsi encore, en 1984, lors de la « Semaine des jeunes créateurs », la « performance » de l’une des créatrices se renouvela six fois de suite, par référence aux « six jours mis par Dieu pour créer le monde ».
L’art et la réalité
Quoi qu’il en soit, pas plus qu’il n’y a de Dieu sans création, il n’y a d’artiste sans œuvre, si «immatérielle» soit-elle. De plus :
les œuvres d’art ne sont jamais des restitutions à l’identique de ce qu’il est convenu d’appeler la réalité, ni des créations au sens théologique. Le tableau « réaliste » le plus minutieux, représentant «à s’y méprendre» un cheval de bataille ou une femme nue, est avant tout, selon la formule de Maurice Denis, «une surface plane recouverte de couleurs et de lignes en un certain ordre assemblées». Le tableau «abstrait» le plus irréel qui nous présenterait, comme dit Descartes, «quelque chose de si nouveau, que jamais nous n’ayons rien vu de semblable» serait «à tout le moins » composé de couleurs « véritables », empruntées à la « réalité ».
En théologie, créer c’est tirer du néant, c’est faire quelque chose de rien. La Création du monde (la seule qui, dès lors, mérite ce nom) est l’œuvre de Dieu.
Dans l’ordre humain, créer consiste à produire quelque chose de nouveau, d’original à partir de données préexistantes : L’air liquide, les fresques de la Sixtine figurant «La création du monde» et la dernière robe à la mode sont également, en ce sens très vague, des « créations ».
« Ce que je voudrais, dit Picasso, c’est faire une corrida comme elle est. Une vraie corrida. Evidemment, il faudrait faire le taureau grandeur nature... Mais alors, les arènes autour? Il faudrait une toile grande comme les arènes... C’est épouvantable de ne pas pouvoir le faire, ce serait magnifique.
«- Les Noces de Cana, c’est grand, dit quelqu’un. Picasso dit que Les Noces de Cana, à côté de l’arène, c’est tout petit.
- L’art et la réalité La Nature à refaire
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«
L'art 45
fois de suite, par référence aux « six jours mis par Dieu
pour créer le monde».
L'art et la réalité
Quoi qu'il en soit, pas plus qu'il n'y a de Dieu sans
création, il n'y a d'artiste sans œuvre, si «immatérielle»
soit-elle.
De plus :
les œuvres d'art ne sont jamais des restitutions à l'iden
tique de ce qu'il est convenu d'appeler la réalité, ni des
créations au sens théologique.
Le tableau «réaliste» le plus
minutieux, représentant «à s'y méprendre» un cheval de
bataille ou une femme nue, est avant tout, selon la formule
de Maurice Denis, «une surface plane recouverte de
couleurs et de lignes en un certain ordre assemblées».
Le
tableau «abstrait» le plus irréel qui nous présenterait,
comme dit Descartes, « quelque chose de si nouveau, que
jamais nous n'ayons rien vu de semblable» serait «à tout
le moins» composé de couleurs «véritables», empruntées
à la « réalité ».
En théologie, créer c'est tirer du néant, c'est faire
quelque chose de rien.
La Création du monde (la seule qui,
dès lors, mérite ce nom) est l'œuvre de Dieu.
Dans l'ordre humain, créer consiste à produire quelque
chose de nouveau, d'original à partir de données préexis
tantes : L'air liquide, les fresques de la Sixtine figurant
«La création du monde » et la dernière robe à la mode
sont également, en ce sens très vague, des «créations».
«Ce que je voudrais, dit Picasso, c'est faire une corrida
comme elle est.
Une vraie corrida.
Évidemment, il faudrait
faire le taureau grandeur nature...
Mais alors, les arènes ·
autour? Il faudrait une toile grande comme les arènes ...
C'est épouvantable de ne pas pouvoir le faire, ce serait
magnifique.
«- Les Noces de Cana, c'est grand, dit quelqu'un.
Picasso dit que Les Noces de Cana, à côté de l'arène, c'est
tout petit..
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