L'art répond-il à un besoin ?
Publié le 24/01/2004
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A) L'OMNIPRÉSENCE DE L'ART DANS LA VIE MATÉRIELLE ET SOCIALE DES HOMMES
1 - L'utilisation de l'oeuvre d'art
On constate un souci commun, partagé par la plupart, de faire de belles choses ou des choses intéressantes. Pour se loger, il suffirait de construire un cube fonctionnel, or nous voulons que nos maisons soient belles, originales, capables d'attirer l'attention ou l'admiration. Nous en attendons un profit social : un certain statut. Le raffinement esthétique est une forme de distinction sociale.
2 - Le besoin d'expression
En écoutant de la musique, il nous semble souvent que le compositeur a su dire ce que nous ressentons et que nous ne parvenons pas à exprimer d'ordinaire. De même, le psychologue déchiffre dans le dessin de l'enfant les peurs qu'il ne peut pas décrire. Les mots sont trop communs et trop généraux pour nous satisfaire : ils expriment mal ce que nous sommes singulièrement. L'oeuvre d'art est une forme d'expression originale qui transmet mieux notre vie intérieure. L'attachement des hommes aux oeuvres d'art n'est cependant pas utilitaire. C'est leur caractère gratuit, inutile, qui les rend indispensables dans la vie des hommes.
La question essentielle du sujet portesur l'autonomie de l'activité artistique. L'œuvre porte en elle-même sa raison d'être. Supposer que l'art est seulement un loisir, une activité superflue ou un moyen commode de véhiculer des idées revient dans tous les cas à ne pas lui accorder son autonomie. Il ne tire sa justification que d'une cause extérieure, il est traité simplement en moyen, sauf à considérer que la gratuité apparente de l'art cache en elle une raison plus profonde d'exister, d'ordre spirituel. Hegel a nommé cela d'une formule connue : « le besoin d'art «. L'utilité n'est plus à comprendre comme étant d'ordre instrumental, mais comme d'ordre existentiel. Elle touche aux justifications les plus hautes que l'homme puisse donner à son existence. En s'élevant au-dessus des besoins immédiats de notre condition, l'art manifeste la destination culturelle de l'existence humaine. Peut-être est-ce la raison qui en fait une activité de toutes les communautés sans exception.
«
anthropomorphique : le divin est le Christ, soit une pure individualité charnelle, qui a souffert et qui est morte encroix.
Seul l'art peut ici donner une représentation charnelle de ce divin, dont le passage historique a été fugitif, etsi l'art est mort dans notre société moderne, c'est probablement pour la raison que la spiritualité chrétienne ne suffitplus tout à fait aux besoins de l'esprit.
Le beau est une idée, soit l'unité d'un concept et de la réalité.
Le concept est l'âme tandis que la réalité en estl'enveloppe charnelle.
Le beau est donc la manifestation sensible de cette unité ; il exprime une réconciliation.
Il estnaturel qu'il échappe à l'entendement qui sépare et qui divise, de même qu'à la volonté qui cherche à soumettrel'objet à ses propres intérêts.
Tout ce qui est libre, indépendant, infini, conforme à la seule nécessité de sonconcept, peut être dit beau.
De plus, un bel objet est vrai, puisqu'il est conforme à son être.
Cela implique qu'aucunorganisme vivant ne pourra être beau, parce que soumis au besoin, il n'a pas de véritable liberté.
Seule la beautéartistique peut être accomplie : elle représente l'idéal.
L'idéal est soustrait de la vie quotidienne imparfaite etinauthentique.
Il incarne l'universel dans l'individualité absolument libre et sereine : le symbole en est l'individualitéapollinienne, perfection d'harmonie et de forme, sérénité conquise sur la douleur.
En un sens, cette beauté idéaleest hors du temps et de l'histoire, symbole de l'éternité.
Si cet idéal de beauté est désormais révolu, alors qu'ilculminait dans l'art grec, c'est que l'organisation sociale et la production économique sont devenues prévalentes,soudant les individus dans des rapports de besoin, d'échange et de travail complexes et étroits.
L'Idéal ne peut pluss'incarner dans l'art, il s'est incarné dans l'État et la politique à la fin du xixe siècle et au cours du xxe siècle.
Onpeut toutefois remarquer qu'à notre époque présente, ces deux formations ne semblent plus animées par lesaspirations spirituelles les plus hautes des individus et de la collectivité.
Nous vivons dans l'ère du nihilisme queNietzsche avait diagnostiquée à la fin du xixe siècle.
L'attachement des hommes aux oeuvres d'art n'est cependant pas utilitaire.
C'est leur caractère gratuit, inutile, quiles rend indispensables dans la vie des hommes.
B) L'ART EST INUTILE ET SANS PROFIT MATÉRIEL
1 - Liberté des sens pour le plaisir et l'émotionL'art contredit les habitudes, les manières.
Il n'est pas conforme à ce qui s'est déjà fait, il recherche l'originalité.
Dece fait, on soupçonne souvent le génie d'être fou.
Il suscite des réactions hostiles.
Au début, il est rejeté : telPicasso ou Monnet.Contre les intérêts sociaux, l'artiste affirme d'autres valeurs : la nouveauté, le jeu, la liberté de l'imagination.
Ilcherche davantage à émouvoir qu'à plaire.L'art se propose donc un but inutile au sens où il n'y a pas de profit matériel immédiat : inventer des formes pourfaire vivre la sensibilité, pour prendre plaisir à recomposer du sens à partir de signes nouveaux.
2 - La valeur de l'art est d'être un luxeL'oeuvre d'art est un luxe, on peut d'ailleurs s'en passer sans périr.
Mais notre vie, alors mise sous le signe del'utilité, devient une vie animale ou conforme à la société.
Dans l'art, il y a quelque chose de plus que dans leprésent.
Il témoigne de la liberté de créer et de la fécondité du temps.Magritte a parfaitement raison d'intituler sa toile représentant une pipe: Ceci n'est pas une pipe.
On pourrait en direautant de toutes les autres oeuvres figuratives.
Elles ne sont que la représentation de la réalité.
Le boeuf écorchéde Rembrandt n'a aucune utilité par le boucher, pour l'amateur de viande ou pour un homme affamé.
L'art est unluxe inutile car il n'est pas la satisfaction d'un besoin.
Depuis le xviii siècle, le mot « art » désigne essentiellement la pratique de l'artiste ; auparavant, l'art de l'artiste seconfondait plus ou moins avec l'art de l'artisan.
C'est le résultat de la lutte des artistes, que l'art soit considéré àprésent comme un art libéral et non plus seulement un art mécanique.
L'art de l'artisan a pour fonction de joindre l'agréable à l'utile ; se dissociant de cette tâche, l'art de l'artiste, quis'est dégagé en même temps de la fonction d'utilité de l'objet qu'il produit, se consacre tout entier à d'autrestâches.
La distinction de l'artiste et de l'artisan est celle du beau et de l'utile.
Doit-on placer artiste et artisan l'un au-dessus de l'autre ? Inférieur, selon Platon, à l'artisan, l'artiste se borne àreproduire ce que l'artisan fabrique.
IV - DES REFERENCES UTILES
Bergson : Le rireKant : Critique de la faculté de jugerHegel : Esthétique, Introduction.
V - LES FAUSSES PISTES
Ne pas définir les différents besoins.
Réduire le besoin à l'urgence vitale, ce qui priverait le sujet de son sens.
VI - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR
Sujet difficile à problématiser, le sens semble trop simple, trop évident.
Il faut donc faire un effort pour comprendrele sens de la question..
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