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L'art permet-il de s'évader hors du monde ?

Publié le 16/08/2010

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L'art est il une évasion hors du monde ? L'art est, au sens restreint qui n'est pas seulement pratique mais esthétique, l'ensemble des productions humaines manifestant un style original et s'adressant à la pensée - par le biais de la littérature-, au regard - par celui des Beaux arts- ou à l'écoute - la musique-. Il est inscrit dans notre histoire, dans notre monde ( du latin mundus, ou du grec kosmos), c'est-à-dire selon le sens latin, le globe terrestre et tout ce qui s'y trouve ou qui y vit, ou selon le sens grec, ce qui se trouve dans une dimension sensible et parfaite. L'art ne peut il pas servir de lien entre ces deux définitions du monde ? Ne pourrait-il servir à la fuite d'un lieu où nous serions retenus prisonniers, captifs ? Quel rôle l'art joue t il dans notre rapport à la réalité ? Vient-il (ou non) modifier ce rapport, déjà établi, entre moi et le réel ? Une oeuvre d'art nous permet elle de nous évader du monde, ou de mieux le regarder ?  L'art ne permet pas à l'homme de se détacher physiquement du monde, et du réel. Mais ne permet-il pas une évasion psychique de la conscience humaine ? L'art ne modifie-t-il pas notre rapport à la réalité, et au monde ?   

« rendre matériel.

Hegel souligne que représenter un corps ou un objet, c'est en effet attirer sur lui l'attention duspectateur, c'est-à-dire l'extraire d'un contexte initialement indifférencié.

En ce sens, l'objet peint ou dessiné n'estpas l'équivalent de l'objet réel qui sert de modèle : il dépend d'une activité de l'esprit et appartient à la sphère de cedernier.

Ainsi, le rocher est naturel sa représentation est spirituel, et nous révèle une capacité de tenir le réel àdistance pour en élaborer des interprétations éventuellement artistiques.

Une telle opération suffit à modifier laconscience première du réel, donc notre rapport au monde, ne serait ce qu'en accordant une valeur nouvelle àcertains de ses aspects.

L'art permet donc à l'homme qui fait de l'art, et à celui qui le contemple, de s'évader horsdu monde.

B : l'art ne se contente pas de représenter le réel- l'art moderneLes transformations imposées par l'art moderne au réel visible sont telles qu'il finit par en abandonner, au moins danscertains de ses courants, la représentation.

Le fauvisme n'en conserve que des formes grossières, agressivementcolorées ; le cubisme le traduit en structurations géométriques ; le surréalisme en propose des combinaisons et desmétamorphoses telles que l'on manque de mots pour en nommer les résultats.

Il n'en reste pas moins que cesdémarches continuent à concerner le réel : soit qu'elles en proposent des versions totalement inédites, desperceptions du monde totalement nouvelles, soit qu'elles suggèrent que celui-ci est constitué tout autrement quenous le pensons spontanément.- L'art comme représentation d'une valeur nouvelleL'art, la représentation, introduit donc une valeur inédite.

Parce que la représentation n'est pas une simple copie,mais qu'elle résulte d'une élaboration, le réel qu'elle restitue est transformé, ses formes changent.

Dans l'artclassique, il en résulte une beauté parfaite, qui n'est pas dans la réalité de la nature ordinairement perçue, mais quel'on a interprétée, soit comme une idéalisation du monde, soit comme une exhibition d'un arrière plan qui eut étésecret.

Quoi qu'il en soit, la formule de Kant selon laquelle : « L'art n'est pas la représentation d'une belle chose, ilest la belle représentation d'une chose.

» (vritique de la faculté de juger), souligne fortement l'écart existant entrela « chose » telle qu'elle est présente dans le réel, et la chose telle qu'elle apparaît dans l'oeuvre : entre la premièreet la seconde est venue s'ajouter la beauté.

Il apparaît que la conscience que nous avions du réel est elle-mêmetransfigurée.

Elle s'enrichit d'une version plus « intéressante », mais qui pourrait être comprise comme exaltante oudéprimante, selon que l'on admet que l'art fuit le réel ou qu'au contraire il en révèle des aspects inconnus.

C : l'art comme représentation de l'inaccessible- l'art comme vision des dieuxDes l'origine, l'art a représenté les dieux, leur beauté, leur harmonie, leur totale perfection.

Ainsi, le sculpteur Phidiasutilisa-t-il le nombre parfait, ou « nombre d'or », pour construire le Parthénon, sanctuaire grec de la puissancedivine.

L'art est historiquement la première incarnation de l'esprit, il se confond d'abord à la religion : la religiongrecque est l'art grec lui-même.

Ce sont Homère, dans son Iliade, et Hésiode, qui ont inventé les dieux grecs.Puis l'art romantique, issu du christianisme, représente la totalité du monde spirituel, y compris la négativité, ladouleur, le déchirement et la mort qui s'y jouent.

La religion chrétienne est essentiellement anthropomorphique : ledivin est le christ, une pure individualité charnelle, qui a souffert est qui est morte en croix.

Seul l'art peut ici donnerune représentation charnelle de ce divin.- l'art comme moyen de communication avec les dieuxEn Egypte, la représentation, tant sculpturale que picturale, des dieux, et des rites leur étant attribués, permettaitaux hommes initiés, d'entrer en contact avec ces « entités supérieures ».

Au Tibet, c'est grâce au livre des mortsque les sages pouvaient entrer dans le monde des morts.

L'art est donc une évasion hors du monde sensible, unmoyen de nous arracher à un lieu où nous serions retenus contre notre gré.

C'est une évasion hors de notre réalitéquotidienne, hors de l'espace temps qui est le notre, hors de notre univers même.

Il nous permet d'atteindre l'étatde plénitude que nous recherchons tous, en passant outre notre condition d'homme ancré dans la réalité.Mais plus qu'une évasion, l'Art n'est il pas une fenêtre ouverte sur un autre monde - celui de l'artiste - qui nouspermettrait d'avoir un retour réflexif sur notre vision de la réalité ? III - L'art ne modifie-t-il pas notre rapport à la réalité ? A : même quand l'art se contente de présenter le réel,Tout art dont les éléments entretiennent avec le réel une relation au moins analogique commence par modifier laperception que nous en avons.

Ainsi, les oeuvres contemporaines consistent fréquemment non plus à représenterquoi que ce soit, mais à présenter un fragment de réel, comme le fait Marcel Duchamp avec ses ready-made : unsèche bouteille acquis dans une quincaillerie et présenté dans un espace d'exposition n'est plus perçu de la mêmefaçon.

Il n'a plus d'usage, et sa forme passe au premier plan, même si l'on sait qu'il ne résulte pas du travail d'unsculpteur.

De même, que John Cage consacre l'une de ses compositions au silence à pour effet non seulementd'élargir la définition de ce que peut être la musique, mais aussi de placer l'auditeur dans une écoute plusaccueillante à tous les bruits qui peuvent survenir au cours de ces « 2 minutes 33 ».

De telles stratégies de simpleprésentation ont donc pour effet de nous révéler des aspects du réel dont nous n'aurions pas conscience enl'absence de ces formes d'art.B : l'art expose donc la liberté de l'esprit (L'art est donc l'exposition de l'esprit)A travers sa longue histoire, l'art n'en finit pas d'enseigner que la conscience a toujours la possibilité d'interpréterautrement ce qui était admis jusqu'alors comme « réel ».

L'artiste, en faisant partager au monde l'expression de son. »

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