L'art n'est-il qu'un moyen d'évasion ?
Publié le 27/02/2011
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DIRECTIONS DE RECHERCHE • Évasion de quoi ? de qui ? • Se demander s'il n'y aurait pas plusieurs acceptions possibles du terme évasion (en extension et en compréhension). • Se demander si l'art n'aurait pas d'autre(s) fonction(s) et (ou) d'autre(s) origine(s) que celle « d'évasion « (selon, éventuellement, les diverses acceptions de ce terme qui auraient pu être retenues). • Méditer cette réflexion du poète Henri Michaux : « Il traduit aussi le monde, celui qui voulait s'en échapper. Qui pourrait échapper? Le vase est clos. « — La volonté d'évasion ne pourrait-elle être en elle-même, un signe du « monde «, de la « réalité «, ou plus précisément le signe d'un « monde «, d'une « réalité «? Cf. certaines analyses de procédures marxistes ou psychanalytiques. — L' « Ailleurs « ne pourrait-il être un « alibi « que se fabrique un certain type de société, ou certains dans telle(s) société(s)?
«
assiste à une pièce de théâtre représentant certaines passions de façon outrée, on purge en soi ces passions.Freud va plus loin à l'aide de la théorie psychanalytique.
Selon lui en effet, l'artiste est un «introverti qui frise lanévrose» (Introduction à la psychanalyse), c'est-à-dire un homme animé de désirs d'origine sexuelle que la réalité nesaurait satisfaire à cause des tabous, des interdits, des codes sociaux, etc.
Freud montre alors qu'il se détourne dela réalité par la création artistique.
En se concentrant sur sa vie imaginative et en se donnant les moyens del'incarner dans une oeuvre où chacun pourra se reconnaître, l'artiste supprime le refoulement de ses désirs inavouéset leur procure une satisfaction substitutive, détournée.
C'est le processus de « sublimation ».L'art permet donc de s'évader de la réalité au sens fort où il permet de ne pas tomber fou.
Mais Freud précise bienqu'après la sublimation, l'artiste «retrouve le chemin de la réalité ».
Il veut dire que l'artiste peut à nouveau, sansperturber l'ordre social, y retrouver sa place.
L'art a agi comme un défouloir.
Mais la création a-t-elle vraimentéloigné l'artiste des autres hommes ? Dans quel monde est-il allé se ressourcer, et comment a-t-il pu y puiser lesressources pour aimer et comprendre à nouveau la « réalité » des autres ?
[II.
L'art permet d'accéder à la » vraie » réalité]
[1.
L'art met au jour la réalité]
Freud explique que dans la sublimation, l'artiste échange un but à l'origine sexuel et dérangeant contre un autre but,socialement valorisé.
Si bien que chacun peut se reconnaître dans l'incarnation de l'oeuvre finale.
Il faut donc quel'artiste ait saisi de la réalité des hommes quelque chose de commun.
L'art serait la mise au jour de l'essentiel, et loind'échapper à la réalité, il permettrait au contraire de mieux l'appréhender.
La sublimation : le cas de Léonard de Vinci
La sublimation est une des notions qui ont le plus retenu l'attention en dehors même de la psychanalyse parce qu'elle semble susceptible d'éclairerles activités dites « supérieures », intellectuelles ou artistiques.
Pour cette raison même, sa définition est incertaine, chez Freud lui-même, parce qu'elle fait appel à des valeurs extérieures à la théorie métapsychologique.
Le motmême évoque bien entendu la grande catégorie morale et esthétique dusublime, mais aussi la transformation chimique d'un corps quand il passe del'état solide à l'état gazeux.
Peut-être pouvons-nous en tirer l'idéed'élévation depuis les bas-fonds (sexuels ?) de l'âme jusqu'à ses expressionsles plus élevées.
La psychanalyse ferait alors le mouvement inverse de celuique lui assignait Freud quand il choisissait comme épigraphe à L'interprétation des rêves, le vers de Virgile dans l'Énéide : « Flectere sinequeo superos, Acheronta movebo » (« Si je ne peux fléchir les dieux d'enhaut, j'ébranlerai ceux de l'enfer »).
Freud va jusqu'à utiliser l'expression paradoxale de « libido désexualisée », éloignée des buts et objets sexuels.Notons cependant que ce n'est pas « l'instinct sexuel » unifié qui est ainsisublimé.
La sublimation est essentiellement le destin des pulsions partielles, c'est-à-dire celles dont l'issue aurait pu être la perversion ou la névrose.Freud n'a guère précisé le domaine de la sublimation en dehors des activités scientifiques ou artistiques.
Dans le Malaise dans la civilisation il semble lui rattacher les activités professionnelles quand elles sont librement choisies.D'autre part, il considère comme une forme de sublimation les formations réactionnelles c'est-à-dire ces barrières élevées contre les pulsions,consolidées pendant la période de latence par l'éducation, mais qui tirentleurs forces de la libido elle-même.
Ainsi se forment les traits de caractère :« Ainsi l'entêtement, l'économie, le goût de l'ordre découlent-ils del'utilisation de l'érotisme anal.
L'orgueil est déterminé par une fortedisposition à l'érotisme urinaire » (Trois essais, p.
190).
Le processus de lasublimation ne nous propose pas seulement une esquisse de caractérologie, mais plus généralement encore de la vie éthique : « C'est ainsi que laprédisposition perverse générale d e l'enfance peut être considérée commela source d'un certain 'nombre de nos vertus dans la mesure où, parformation réactionnelle, elle donne le branle à leur élaboration »(ibid., p.190).Cependant le texte principal sur la sublimation reste Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci (1910).
Le souvenir est le suivant : « Je semble avoirété destiné à m'occuper tout spécialement du vautour, écrit Léonard, car undes premiers souvenir d'enfance est qu'étant au berceau, un vautour vint àmoi, m'ouvrit la bouche avec sa queue et plusieurs fois me frappa avec saqueue entre les lèvres ».
Bien entendu ce récit peut n'avoir aucuneobjectivité et être une reconstruction.
Or Freud ne dispose que d'un matériel fort réduit pour interpréter cet unique souvenir d'enfance : quelqueséléments biographiques peu sûrs, des textes et des dessins des fameuxCarnets et enfin surtout l'oeuvre artistique.
En fait Freud s'appuie sur la symbolique dégagée par l'expérience psychanalytique et sur la symbolique.
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