L'art est-il le règne de l'apparence
Publié le 11/03/2005
Extrait du document
«
contes », en outre contes dangereux car ils véhiculent une fausse image des Dieux et des Héros.
Par exemple, les Dieux sont jaloux, se font la guerre et les pires vilenies.
Or, « la bonté n'appartient-elle pas à ce qui est divinité? » (Rep.379).
D'autre part, représenter les Dieux à l'image de l'homme, ne pas en faire des modèles de vertu, n'est-ce pas encourager le mal? Les peintres et sculpteurs, quant à eux, illustrent les fictions inventéespar les premier.
et créditent le mensonge.
b) Pour plaire ces fictions doivent avoir l'apparence du vrai.
Le savoir-faire de l'artiste est donc bien semblableà celui du sophiste puisqu'il permet de produire l'illusion du vrai, de présenter comme vrai ce qui ne l'est pas etn'en a que l'apparence en utilisant les séductions du sensible (flatterie, plaisirs des sens ...
).
Par exemple lebon peintre est celui qui est capable de représenter dans un espace à deux dimensions un objet qui, lui,occupe un espace à trois dimensions.
Plus l'image produite par le peintre semble vraie, plus elle est en faitinfidèle à son modèle tel qu'il est.
L'exactitude de l'art repose sur la déformation du réel sensible (cf.
les règles de 1a perspective).
2) Parce que l'art n'est qu'imitation .
L'imitation de quoi ? Des apparences sensibles, de la réalité telle qu'elle se manifeste à nous par l'intermédiairede nos sens.
C'est dans la juste mesure où le poète ne s'élève pas au dessus des apparences sensibles qu'ilreprésente les Dieux à l'image des hommes.
L'art conforte les hommes dans leur erreur première : ce qui est,est ce qui apparaît.
L'art n'est qu'illustration de l'opinion, représentation de la représentation subjective.
3) Parce que l'art n'est qu'imitation d'une imitation, un simulacre .
Dans La « République » (X 597b-598c - cf.
texte), Platon montre que le peintre est « l'auteur d'une production éloignée de la nature de trois degrés ».
En effet, il y a trois degrés de réalité.
· La première, celle qui est vraiment et pleinement, est la réalité intelligible ou Idée.
Pour Platon les Idées ne sont pas des produits de notre intelligence, constitutives de cette dernière (rationalisme) ouformées au contact de l'expérience (empirisme).
Elles existent indépendamment de notre pensée.
L'Etre estl'intelligible ou monde des Idées.
Cette thèse rend compte et de la connaissance, la réalité est intelligible,objet d'une connaissance, et de l'ordre du monde.
C'est parce que le monde est en lui-même intelligible quenous pouvons le connaître.
· La seconde, ensemble des êtres naturels ou artificiels, est seconde, sa réalité est moindre, dans la mesure où elle est imitation de la première.
Les êtres naturels doivent leur existence à un Démiurgequi a façonné la matière en contemplant le monde des Idées (« Timée » ).
De même le bon artisan fabrique son objet en se réglant sur son Idée.
Ces êtres ont moins de réalité que les Idées puisqu'ils se contententde les imiter.
· La troisième, la plus éloignée de la réalité telle qu'elle est en elle-même, est celle produite par le peintrepuisqu'il imite ce qui est déjà une imitation.
Elle est donc un presque rien, n'a pas plus de réalité que notrereflet dans le miroir.
Elle est le reflet d'une apparence.
En fait, il n'y a rien à voir.
Au nom de la vérité Platon critique l'art.
Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art comme imitation, reproduction de la réalité sensible et à la définition de la réalité sensible comme apparence,apparence trompeuse, apparence du vrai.
Non seulement l'artiste ne produit que des apparences et enaccentue la puissance trompeuse, mais encore il nous attache à ce monde des apparences en produisantdes apparences qui plaisent, excitent les sens et l'imagination.
L'art, effet du désir sensible et des passions,les accroît en retour.
L'homme raisonnable n'y a pas sa place.
L'art, ennemi de la vérité est ennemi de lamorale.
On trouve ici la première condamnation morale de l'art et par suite la première justification théoriquede la censure artistique dont relève encore la condamnation des « Fleurs du mal » au milieu du XXe.
Rousseau au XVIIIe, sur ce point fort différent des philosophes des Lumières, reprendra le flambeau de cette critique.
L'art n'élève pas l'âme, bien au contraire.
Apparence, il joue le jeu des apparences.
Toutd'abord parce qu'il est, dans la société bourgeoise - société de la comparaison, du faire-valoir, del'hypocrisie, de la compétition -, indissociable d'une mise en scène sociale.
On va au théâtre pour exhiber satoilette et autres signes extérieurs de richesse, pour se comparer, médire, recueillir les potins...
Ensuiteparce qu'il nous plonge dans un monde fictif où nous pouvons à bon compte nous illusionner sur nous-mêmes.
Par exemple nous versons de chaudes larmes en assistant an spectacle des malheurs d'autrui etnous restons froids et impassibles lorsque nous avons l'occasion de lui porter secours.
Mais cependant nousavons pu croire à notre bonté naturelle.
Pour Platon comme pour Rousseau l'art est un divertissement qui nous divertit, nous détourne de nous mêmes.
Bien que Platon ne définisse pas l'art par la beauté, il est tout de même possible de nuancer son propos, à partir de la prise en compte de sa conception de la beauté.
Si l'art n'est que simulacre, la beauté existe enelle-même, elle est une Idée et précisément une des plus belles.
Qu'est-ce qu'un beau cheval ? N'est-ce pasun cheval conforme à l'Idée du cheval ou archétype, à l'idée de ce que doit être un cheval sensible pour êtrepleinement un Cheval.
Un cheval est plus ou moins beau et son degré de beauté est proportionnel à saconformité au modèle idéal ou Idée.
Est beau ce qui est ce qu'il doit être, laid ce qui ne l'est pas.
Est beauce qui est parfait.
Comme la perfection n'est pas de ce monde, comme le cheval dans le pré ne sera jamais lacopie exacte et sans défaut du modèle mais toujours une imitation imparfaite, la beauté la plus grande, réelle,.
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