L'art est-il la forme sensible du spirituel ?
Publié le 18/04/2010
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Ce sujet sous-entend les thèses hégéliennes suivant lesquelles l'art serait la spiritualisation de la matière et la matérialisation de l'esprit. L'art ne pourrait être que la rencontre d'une matière et d'esprit. Aussi, il semble difficile de concevoir qui ne se trouve à être exprimé dans une forme matérielle ou sensible. Hegel lui-même avait théorisé la mort de l'art, après que son contenu spirituel ne trouve plus la matière adéquate pour s'exprimer. L'art laisserait place à la religion et à la philosophie. La fin de la figuration, la naissance de l'abstraction, la disparition au fond de toute forme d'art sensible donnerait-il raison à Hegel et à sa théorie ?
«
On reproche souvent à l'art qu'il est illusion.
Au contraire, Hegel dira son Esthétique que l'apparence est essentielle à l'essence.
Il n'y aurait pas de vérité s'il n'apparaissait pas pour elle-même et pour autrui.
On a tendance a opposerle Monde Extérieur, matériel, jugé véritable et le Monde Intérieur et sensible de l'art d'illusoire.
Justement, il faut voirau-delà de la réalité pour trouver la vérité.
Ce qui est réel est pour soi et en soi.
C'est la substance de la Nature etde l'Esprit qui malgré le temps et l'espace continue d'exister en soi et pour soi.
Le monde est imparfait, chaotique.L'art dégage la vérité des apparences et la dote d'une réalité plus haute crée par l'esprit lui-même.
Aussi notrerelation habituelle aux choses est de l'ordre du désir.
Quand on désire une chose, on ne laisse pas l'objet dans saliberté.
Désirer une chose, c'est supprimer son indépendance, en faire usage et donc la détruire.
Mais l'art n'est pasde l'ordre du désir.
L'objet existe pour lui-même.
La contemplation esthétique ne satisfait que des intérêts spirituels.Pour Hegel, le véritable art donne à penser puisqu'il ouvre le domaine de la spiritualité.
Il n'est pas à confondre avecle simple plaisir des sens qui ne vise qu'à la satisfaction du désir.
L'art, milieu entre sensible et intelligible, aura nepeut satisfaire entièrement l'esprit, la présentation de l'intelligible y sera toujours défectueuse, et l'esprit ne serapleinement satisfait que dans la religion car l'absolu ne pourra être présentée que dans la pensée pure.
L'art a pour objet la présentation sensible de la vérité comme identité du fini et de l'infini.
L'objet est de médiatiserl'intelligible et le sensible.
Hegel différencie ces modes de médiatisation, et en fera une hiérarchie, d'une part desgrandes formes d'art comme le symbolisme, le classicisme, le romantisme.
Et les arts particulier comme architecture,sculpture, peinture, musique, poésie) qu'il inclura dans un système des beaux-arts.
Mais l'art ne pouvant s'évader dusensible, la présentation de la vérité y sera toujours défectueuse.
Après la réforme protestante, l'absolu se déplacede l'objectivité de l'art vers l'intériorité du sujet.
L'art progresse vers la religion.
L'absolu s'exprime dans l'intérioritéde la conscience religieuse.
Celle-ci demeure dans l'élément de représentation.
Mais Dieu continue à être posé horsde la conscience.
L'absolu ne peut s'exprimer que dans la pensée pure.
Seule la philosophie spéculative peutconcilier art et religion.
Elle seule comprend que l'infini se réalise par le fini.
Hegel veut entamer une granderéconciliation des oppositions produites par l'entendement fini qui, nécessairement, en voyant deux entités lesopposent.
L'art ne donne plus satisfaction.
Notre époque (ici le XIX siècle) n'est pas propice à l'art.
Notre époqueest figée par des règles abstraites et générales qui ne laissent plus place aux sentiments et à la vie Pour Hegel, dans l'art classique par exemple qu'il assimile à la sculpture, l'esprit constitue le fond de lareprésentation, seule la forme extérieure est empruntée à la nature.
La forme est accordée avec l'idée.
L'esprit acrée une image fidèle à lui-même.
Pour Hegel le sommet de l'art., c'est la sculpture qui représente l'unité du corps etde l'esprit dans la forme humaine.
La forme humaine est la seule capable de manifester l'esprit de manière sensible.On ne concevoir de sculpture qui n'aie pour bu de représenter une idée.
C'était vrai de la sculpture qui représentaitdes formes humaines, ça l'est d'autant plus à l'heure de l'abstraction.
L'immatérialité, l'effacement de la matière dansl'oeuvre de Giacometti, les mobiles de Calder.
De même, le constructivisme russe de Tatline avec ses constructionsmêlant architecture et sculpture, répudie la distinction de la forme et du fond.
L'art doit donc être avant tout un artfonctionnel, directement lié à la production et à la construction.
Il faut abolir la différence traditionnelle de la formeet du contenu, puisque la matière elle-même est à la fois forme et contenu.
C'est le concept qui présiderait à labeauté de l'art.
La maîtrise d'un matériau ne relèverait que de l'artisanat, du savoir-faire technique.
2) L'expression du divin dans le sensible ? Le mystère de la beauté interroge celui de l'union de l'âme et du corps, le mystère du connaître, de l'espérance, lemystère de l'amour, de la présence, de l'être.
Selon Gabriel Marcel : « Quand je dis qu'un être m'est donné commeprésence ou comme être (cela revient au même, car il n'est pas un être pour moi s'il n'est une présence), celasignifie que je ne peux pas le traiter comme s'il était simplement posé devant moi ; entre lui et moi se noue unerelation qui, en un certain sens, déborde la conscience que je suis susceptible d'en prendre ; il n'est plus seulementdevant moi, il est aussi en moi ; ou plus exactement, ces catégories sont surmontées, elles n'ont plus de sens.
» On pourrait croire, en lisant par exemple tel traité de scolastique sur le statut de l'art humain, que toute oeuvre, àcondition d'être belle, participerait de la Beauté considérée comme qualité transcendantale et ainsi travaillerait à« exprimer » le divin, tout simplement.
Et telle serait la teneur « théologique » de toute création artistique.
On nepeut ramener tout le sacré à l'être en tant que tel.
L'expression de l'intelligible dans le sensible ne peut suffire àfaire de l'oeuvre d'art quelque chose de sacré.
Heidegger pense que l'oeuvre d'art est dévoilement de la vérité de lachose.
L'oeuvre installe un monde, ce n'est pas elle qui est installée.
L'oeuvre rayonne, elle a une aura. Ce qui enlève le sacré de l'oeuvre d'art, c'est « l'ici et le maintenant » de la véritable présence de l'oeuvre d'art.
Il se fait souvent un silence quasi religieux face à une oeuvre d'art digne de ce nom .
A l'exemple du romantisme qui a voulu rénover le sentiment religieux, la peinture de Caspar David Friedrich, Le retable de Tetschen , peinture de paysage représentant un Christ sur une montagne éclairée par le soleil Une oeuvre d'art ne mérite pas un discours mais uneprière car la contemplation d'une peinture élève notre âme vers Dieu.
La contemplation esthétique est uneexpérience intime d'union avec l'esprit du Créateur.
Cette pensée qu'on pourrait appliquée au Retable exprime ce désir d'union de la nature, de l'art et de la religion en vue d'une certaine totalité.
La beauté a un sens mystérieuxcar elle est capable d'exprimer le divin dans l'art et la nature, la beauté est le signe du divin.
Il n'y a pas vraiment demots pour décrire une oeuvre d'art, la beauté invite inexplicablement au silence, l' « aura » d'une oeuvre d'art n'estpas quelque chose de véritablement humaine.
L'art n'est pas que l'expression du divin mais aussi de la beauté, del'intelligible que tout le monde n'assimile pas au divin..
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