L'art en philosophie
Publié le 17/06/2023
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L’art
L’art est une forme d’expression de l’homme apparue bien plus tard que les premiers outils (il y a
30 000 ans contre environ 2 millions d’années) en même temps que l’émancipation de ses capacités
psychologiques, c’est-à-dire qu’il a commencé à penser et créer au-delà de ses simples besoins, de sa
survie.
Cette époque est en accord avec le début du paléolithique supérieur et surtout la base de
l’homme que nous sommes aujourd’hui, l’homo sapiens.
L’art peut prendre plusieurs formes mais il a
toujours la même consistance, le même but : représenter ses idées ou le monde en reflétant comment
l’artiste le voit, cela sur un support qui permet de prendre de la distance à l’œuvre comme le disait
Jean Paul Demoule.
Comme l’homme l’a toujours fait, il a continué peu à peu à améliorer les formes de
l’art et les outils pour perfectionner l’expression de ses créations mentales (certains ont créé des
courants, comme le cubisme pensé sur l’expression de sa vision par la géométrie, etc) mais sa vision
est toujours basée sur sa personnalité, qui est constituée en grande partie de sa propre matérialisation
des images, de la manière dont il pense le monde et se pense lui-même.
Même si rien ne prouve que
les premières traces « artistiques » que nous avons retrouvées n’ont pas plutôt une dimension de rituel
ou de religion, elles ont laissé des traces qui ont conduit à l’art que nous connaissons aujourd’hui,
caractérisé par le symbolique (symboles ou autres pour exprimer des idées, des concepts).
Alors, si
l’homme s’exprime à travers l’art et que ce dernier possède des attributs propres à notre espèce
(outils, réflexion…) pourrions-nous dire que ce dernier le caractérise ou lui appartient spécifiquement ?
Et de ce fait crée-t-il en fonction de critères ou plutôt à la recherche de sentiments, d’émotions ?
1- L’art est-il aussi humain que la technique ?
Il est certain que l’art est proprement humain : il a besoin d’inventivité, de création, d’imagination
et de réflexion, attraits que seul l’humain possède dans une forme suffisamment développée, mais il
reste à savoir dans quelle mesure il nous caractérise.
On dit que l’art nécessite une forme de technique,
mais celle-ci désigne l’utile comme pour créer des objets industriels.
En effet il y a cette opposition
entre art et technique car le premier n’est pas utile mais aussi car il est différent par ce dont il a
besoin (imagination etc).
Il est aussi unique, mais cependant ce sens doit être vu sous tous ses aspects
car une œuvre peut être recréée ce qui n’altère pas son côté artistique, elle reste unique dans son point
de vue originel et dans le style de l’artiste.
De plus, pour certaines formes d’art comme le théâtre, le
fait de rejouer une pièce permet de la faire vivre à travers le temps et ne lui enlève en rien ses
caractéristiques, la reproduction est même sa condition d’existence (on dit qu’il s’agit d’une œuvre
allographique).
Certains objets pourraient poser débat dans la mesure où ils ont également les
spécificités de l’art mais n’en restent pas moins utiles ; c’est le cas de grandes constructions comme la
tour Eiffel, les bâtiments d’architectes ou bien les créations artisanales.
Dans l’art du XXe siècle nous
retrouvons l’école du Bauhaus où les étudiants apprenaient aussi l’architecture la menuiserie ou encore
le textile, en effet pour le directeur l’art doit être total et se retrouver partout ; l’architecture de l’école
répondait même à ce critère, liant une forme pensée pour être parfaitement utile et une forme d’art ; il
s’agit de l’architecture fonctionnaliste.
Alain disait que l’industrie était le résultat d’un travail mécanique
et/ou dissocié de la création, mais il expliquait aussi en quoi un artiste peut différer d’un artisan : ce
dernier n’a pas la place à l’erreur et doit penser son projet dans sa finalité avant de le réaliser à
l’inverse de l’artiste comme il le dit dans la phrase : « la belle statue se montre belle au sculpteur à
mesure qu’il la fait ; le portrait naît sous le pinceau ».
Ce serait donc l’idée qui les différencie.
L’artiste doit posséder, en plus de son imagination, un savoir-faire spécifique et une certaine habilité
peu importe le moyen utilisé (dans l’art moderne ils sont de plus en plus variés).
Dans cette optique, on
peut distinguer trois types principaux : l’artiste qui connaît et applique les règles et la « technique » de
son/ses art(s), le virtuose qui a la capacité d’effectuer un geste artistique à la perfection ou en tout cas
avec une très grande précision et le génie qui connaît les règles mais peut aussi en créer, c’est le cas
de la plupart des grands noms de la musique, de la peinture… (Beethoven, Chopin, Mozart, Picasso
avec le cubisme, Van Gogh avec le fauvisme et l’impressionnisme…).
Le génie possède un talent,
quelque chose de naturel ou d’inné qui ne suppose pas d’apprentissage mais cela n’exclut pas que le
génie ait pu apprendre les principes de son art et il connaît même très bien son domaine dans la
plupart des cas, il réussit tout de même à s’en détacher pour créer quelque chose d’original.
Ses
œuvres deviennent le point de départ d’une nouvelle manière de faire, il s’oppose donc à l’esprit
d’imitation mais lui ouvre cependant la voix pour les artistes (Kant a ainsi dit dans sa critique de la
faculté de juger qu’il « fait école »).
Ainsi, art et technique s’opposent en ce qu’ils désignent deux manières d’agir sur la réalité et de
donner corps à des idées.
En effet l’art se détache du monde des marchandises, mais cela ne la
détache pourtant pas du monde dans lequel nous vivons.
Parfois, elles se retrouvent dans un même
projet.
Ces deux activités semblent définir le propre de l’homme par sa capacité à innover et à se
découvrir d’une certaine façon lorsqu’il créée, elles montrent que celui-ci n’est pas seulement capable
d’inventer des moyens de subvenir à ses besoins mais peut aussi représenter de manière symbolique
voire esthétique sa vision des choses et ce qui l’entoure.
L’art a besoin d’imagination, de création, il
ouvre la voie de l’originalité et de la liberté presque sans fin pour ceux qui sauront trouver de nouvelles
perspectives (les « génies »).
Après cela on pourrait se demander alors quel est le but de l’art ; par
quels moyens l’artiste doit montrer sa vision ? Y-a-t-il des règles ou une façon de le juger ? Comme
Kant le disait dans la critique de la raison pure, la nature agit techniquement en même temps comme
art, cela fait-il d’elle le modèle à copier absolument et sous tous ses attraits ?
2- L’homme recherche-t-il dans l’art la reproduction fidèle de ce qu’il voit ?
Nous pourrions supposer que certains critères objectifs prédominent sur le jugement de l’art, c’est
déjà ce que montrait Aristote quand il disait que quelqu’un qui utilisait toutes les teintes sur une toile
serait moins apprécié que celui qui a reproduit fidèlement le sujet.
On viendrait à penser que l’art a
besoin d’imiter, mais est-ce que cela signifie reproduire et se rapprocher au maximum de l’œuvre ?
Certains ont déjà avancé le fait que l’art se devrait d’être aussi fidèle à la réalité qu’il en deviendrait
trompeur pour être réussi, comme dans Métamorphoses d’Ovide entre les peintres Zeuxis et
Parrhasios.
Mais alors si ce critère s’affirmait, une grande catégorie ne pourrait plus être considérée
comme telle (l’art abstrait) et certaines formes d’art seraient difficiles à juger, en quoi la musique peutelle se rapprocher plus ou moins de la nature ? Cela serait mettre un obstacle à l’expression de notre
imagination ainsi que de notre créativité et enlever une des caractéristiques primordiales de l’art, mais
on peut quand même grâce à cette réflexion la classer selon deux catégories : l’art abstrait et l’art
figuratif.
Oscar Wilde disait même que c’était la nature qui copiait l’art.
En effet pour en revenir à la musique son cas est particulier mais ne la rend pas moins artistique ;
elle est qualifiée comme « art du temps » ce qui la distingue des arts de l’espace qui mobilisent un
support extérieur pour s’exercer.
En ce sens, la musique semble plutôt tournée vers l’expression de
l’intériorité et ne pas faire référence aux choses ou au monde, elle ne serait donc pas une imitation de
la nature.
Il a souvent été soulevé la question de savoir si elle est reliée à l’expression des sentiments,
ou si elle exprime la personnalité de son compositeur.
Eduard Hanslick, dans Du beau musical pensait à
ce sujet que la musique se caractérisait par une forme plutôt que par un contenu : il ne faut pas
confondre l’effet de la musique avec son contenu.
La musique est plutôt une construction de sons, de
mélodies et d’harmonies qui....
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