L'Art de persuader chez PASCAL (Les Pensées)
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
l'ordre des corps représenté par les rois, les riches et les capitaines, l'ordre des esprits représenté par les avants etcelui de la charité qui nous renvoie aux saints et au christ.
Les grandeurs charnelles, intellectuelles et spirituellessont perceptibles chacune à l'intérieur de leur ordre.
Le cœur, cette intuition de l'être est aussi un amour de l'être;la raison n'est pas sensible et c'est là, son moindre défaut.
L'être moi est l'homme singulier par opposition a l'hommeuniversel, Dieu.
Si le moi renie l'amour, l'ordre universel pour son amour à soi, le moi deviens haïssable.
L'être estcompris entre Dieu et par Dieu.
L'amour de soi n'est compréhensible que par rapport à l'amour de Dieu.
Un homme quia conscience de lui-même s'aime lui-même.
Le cœur est quelque chose de naturel mais c'est le point d'insertion dusurnaturel, c'est dans le cœur que réside tout ce qui constitue la loi.
L'homme ne peut se connaître lui-même quepar une dérivation de l'être qui se connaît parfaitement par lui-même.
Dieu est l'examen de conscience, l'homme nepeut pas connaître son propre être, par opposition au cogito cartésien.
En fait nous pouvons affirmer que Dieu estau fond de nous même, c'est pourquoi, Dieu est sensible au cœur et non à la raison.
Nous ne pouvons faire l'impasse sur Pascal, l'écrivain génial des Pensées et des Provinciales (dix-huit Lettres «anonymes», où Pascal prend parti avec fougue pour la rigueur janséniste, contre le laxisme de la casuistique jésuitequ'il fustige avec une ironie mordante) car tout le monde connaît d'oreille et son célèbre pari apologétique et son«esprit de finesse» (la logique du cœur) qu'il oppose à l'« esprit de géométrie » (savant et cartésien) qui, seul, nesaurait suffire à persuader ni à rendre compte de tout («le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas» — cœurchez Pascal signifie intuition ou connaissance directe et non la balançoire des passions).C'est à trente et un ans que Pascal connut sa nuit d'extase mystique et de conversion, dont il gardait le souvenirinscrit sur un parchemin qu'il cousait dans la doublure de ses pourpoints.
Ce texte d'une trentaine de lignes, désignésous le nom de Mémorial, résume la certitude essentielle de Pascal (qu'il introduit lui-même sous le vocable à la foisénigmatique et transparent de : FEU) :Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob, non des Philosophes et des savants.
Certitude.
Certitude.
Sentiment.Joie.
Paix.
Dieu de Jésus-Christ.C'est cette certitude qui est au feu intime et de son essai projeté d'apologie du christianisme, dont nous n'avonsque le brouillon (Pensées), et de son recours constant à l'«esprit de finesse».Surtout, Pascal veut inculquer des « vérités divines ».
Or, concernant ces vérités, Dieu, « a voulu qu'elle entrent ducœur dans l'esprit et non pas de l'esprit dans le coeur, pour humilier [la] superbe puissance du raisonnement » (L'Artde persuader).La nature humaine est corrompue et la raison, une faculté trop faible pour qu'on puisse s'appuyer entièrement surelle.
Le coeur, en revanche, est ce qui, en nous, est resté le plus proche de Dieu : « Instinct et raison, marques dedeux natures » (frag.
103) : la nature corrompue est dans la raison, la nature restée pure dans l'instinct ou lecoeur.
Pascal va donc s'employer, dans son Apologie, à tenir compte du coeur de son interlocuteur pour lepersuader, parce qu'il pense que la vérité de certaines choses exerce sur les esprits un attrait mystérieux («l'agrément »).
Dans la matière de l'Apologie, le raisonnement est donc inférieur au coeur (frag.
101).
Le coeur est lelieu stratégique de la persuasion pascalienne.
II.
L'effroi comme argument persuasif
Chez Pascal, l'angoisse et le pessimisme sont des moyens tactiques, destinés avant tout à convaincre son lecteurqu'il se fourvoie dans le monde, tant qu'il n'y cherche pas Dieu.
Les fragments (64, 65) sur l'épouvante cosmique ousur l'imminence de la mort ne doivent donc pas être pris pour les confessions personnelles d'un homme angoissé maispour des rappels à l'ordre.
La mise en place de l'angoisse fait partie du système rhétorique pascalien : il va peindrela condition humaine de manière qu'elle se révèle inexplicable et contradictoire tant qu'on demeure à un niveauhumain.
Il va décrire l'homme et le monde comme bourrés de contradictions que le bon sens ne peut pas résoudre.
III.
L'argumentation de l'Apologie
Première partie de l'Apologie : l'homme misérable et grandPascal tente d'abord d'arracher à son lecteur l'aveu que la raison, après la chute, est impuissante à expliquer quoique ce soit (chap.
II, « Vanité »).
Il s'applique à mettre la pensée face à son infirmité : la seule chose que puissesaisir la pensée, ce sont ses limites (« Ne vous étonnez point s'il ne raisonne pas bien à présent, une mouchebourdonne à ses oreilles », frag.
44).Ensuite, il s'emploie à décrire la folie, l'absurdité de la créature, jouet de ses illusions, victime de ses mensonges,dérisoire dans ses prétentions (VII, « Contrariétés »).
Il veut obliger son interlocuteur, qu'il imagine imbu de saraison, à avouer qu'il est un être déraisonnable : « Comme la mode fait l'agrément, aussi fait-elle la justice » (frag.57).Enfin, il montre que l'homme n'est pas seulement faible mais aussi grand et qu'il a un destin tragique puisqu'il sait oùest le bien mais ne peut l'atteindre (chap.
VI, « Grandeur »).Il conclut que l'homme ne doit pas seulement se haïr mais aussi s'aimer, dans la mesure où il a encore en lui lesmoyens d'échapper à sa misère et qu'il peut espérer en sortir en recourant à Dieu..
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