Devoir de Philosophie

L'apprentissage se réduit-il à de l'information ?

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

On peut remarquer également que la simple information, si elle constitue une activité intellectuelle moins élaborée que celle de l'apprentissage, peut s'avérer être un bon complément à celle-ci. En effet, si l'information constitue la base de tout apprentissage, elle peut aussi venir après, afin de compléter ou préciser des connaissances déjà acquises au préalable. Ainsi on peut dire que l'esprit humain est toujours en évolution, et comme le dit Pascal dans la Préface pour le Traité du Vide, l'homme « s'instruit sans cesse dans son progrès », en tirant profit à la fois de son expérience et de celle des autres, et des connaissances qu'il a acquises définitivement en apprenant. En utilisant les informations il peut ainsi conserver, réactiver et même augmenter les connaissances qu'il possède déjà. L'homme se développe donc à la fois par l'apprentissage et par l'information. De même pouvons nous voir que l'homme doué de raison, est capable à la fois de s'informer et d'apprendre. S'informer est certes une activité qui comme nous l'avons vu, est plus passive que l'apprentissage, mais qui peut le plus peut le moins. Ainsi l'homme capable d'exercer sa raison en vue d'une réelle assimilation du savoir peut très bien aussi décider de simplement s'informer, pour le plaisir, comme lorsque l'on lit ou regarde la télévision par exemple. On voit donc bien que apprendre et s'informer sont deux actions différentes mais qu'il n'est pas possible de séparer radicalement, elles restent très liées par le fait que dans les deux cas elles sont utiles

« constituer une méthode d'enseignement de base, ne serait-ce pas une activité qui, ne faisant pas appel à un réelraisonnement, se distinguerait profondément de la véritable activité d'apprentissage à proprement parler ? Dans un deuxième temps nous pouvons alors nous intéresser à ce qui permet d'opérer une réelle distinction entreapprendre et s'informer.

On observe en premier lieu qu'il y a une différence indéniable entre une connaissance, objetdu véritable apprentissage, et une simple information.

En effet l'on peut voir qu'une information est un savoir quiporte sur un fait isolé, ponctuel, à un moment donné, et sa possession peut avoir un prix (par exemple il faut payerpour acheter le journal dans lequel on peut lire les actualités) ; alors qu'à l'inverse une connaissance est toujoursune idée en lien avec d'autres savoirs qui forment un tout et ayant une portée universelle (par exemple uneconnaissance liée au domaine scientifique ou mathématique).

Il y a donc une différence à la fois de nature et decontenu entre une connaissance et une information.

L'on peut également dire qu'une information relève du registrede l'opinion, c'est-à-dire de la pensée isolée, livrée à son immédiateté.

Ainsi dans son Rapport officiel à Niethammer,le philosophe Hegel s'interroge sur le contenu et les principes de l'apprentissage dans les établissements scolaires.

Ilmet ainsi en évidence la différence qui doit être faite entre le culturel (les informations immédiates, les opinionscommunes partagées par une société) et le cultivé (excellence de la pensée qui réussit à se détacher des opinions)et montre que justement ce genre d'opinions doit être rejeté au profit d'un véritable travail d'apprentissage quiconsiste à assimiler les connaissances, s'approprier des théories et des pensées déjà existantes, mais pour ensuiteêtre capable de les réeffectuer par soi-même, par un véritable travail de la raison.

Cela suppose que la raison estuniverselle (tous les hommes la possèdent) et que, comme nous l'avons dit, les connaissances et les penséesrelèvent de l'universel également puisqu'elles peuvent être reproduites par n'importe quel individu, pour peu qu'il aitréussi à véritablement apprendre au sens où l'entend Hegel.

De même l'on peut par ce principe apprendre à fairequelque chose, pour agir dans un but précis, alors que la simple lecture d'une information ne permet pas d'allerjusque là puisqu'il n'y a pas eu de réelle assimilation du mouvement de la pensée. Cela nous amène à faire maintenant une seconde distinction entre apprendre et s'informer qui réside dans la manièred'acquérir le savoir.

En effet, dans le cadre d'une simple information il s'agit de lire ou de visualiser un savoir à unmoment donné, mais cela ne suppose pas nécessairement que l'on retienne ce savoir.

Il est en effet tout à faitpossible de s'informer sans retenir ou sans comprendre réellement ce dont il est question.

L'on ne peut donc pas direque l'on acquiert définitivement une connaissance lorsque l'on s'informe, et l'attitude qui consiste à seulements'informer peut être considérée comme passive, fondée uniquement sur notre expérience, notre perception du réelpar nos sens.

La raison et la mémoire rationnelle (ne retenir que les pensées et raisonnements qui sont valides, enaccord avec la raison au moment où elle s'exerce) ne sont pas ici en jeu.

Cette manière d'acquérir le savoir aumoyen de la seule information, ou autrement dit de l'expérience, est vivement critiquée par le philosophe RenéDescartes qui dans les Méditations Métaphysiques (méditation première) s'efforce de montrer le caractère douteuxdes connaissances acquises par le sensible et des opinions couramment admises auxquelles on est habitué, enopposition aux vérités mathématiques qui semblent être des connaissances indubitables...

De même peut onremarquer que l'activité qui consiste à s'informer se distingue de celle qui consiste à apprendre en ce sens quelorsque l'on apprend, il s'agit de comprendre et de pouvoir réemployer ce que l'on a acquis.

Il y a donc bien dans lecadre de l'apprentissage un rôle non négligeable de la mémoire qui permet d'assurer une possession définitive desconnaissances, et de la raison qui permet de s'en resservir.

L'on peut donc dire que s'informer n'est pas la mêmeactivité qu'apprendre ! Comme nous le disait Hegel dans le Rapport à Niethammer, on peut voir ainsi quel'apprentissage constitue en une véritable aliénation puisqu'il s'agit de perdre sa disposition, sa tendance naturellevers l'immédiateté de l'opinion, de rejeter ce qui empêche la pensée vraie.

C'est pourquoi alors que l'on peut trouverles informations (les opinions) par soi-même, il faut au contraire l'intervention d'un maître qui se soit lui-même déjàdétaché de l'opinion afin de transmettre le savoir et les pensées universelles vraies à ses élèves.Apprendre va donc plus loin que simplement s'informer, et, comme nous l'avons vu, s'en distingue fortement àplusieurs points de vue.

Mais peut-on pour autant dire que ces deux activités se détachent complètement l'une del'autre ? N'y a-t-il pas plutôt une certaine forme de relation entre s'informer et apprendre ? Apprendre et s'informer sont deux activités intellectuelles certes différentes, mais en tant que se basant sur dessavoirs déjà existants et possédés par d'autres individus, nous pouvons considérer cependant qu'il y a comme unesorte de relation, de hiérarchie entre les deux.

En effet, toute connaissance n'est-elle pas indissociable d'unecollecte d'informations préalable ? Cela signifie qu'il faudrait commencer par s'informer avant d'apprendre...

il s'agitd'abord de prendre en compte les informations, puis de les assimiler, les apprendre.

Les informations constitueraientdonc la matière de l'apprentissage, une certaine base de données dans laquelle l'on peut piocher pour lestransformer en véritables connaissances qu'il sera par la suite possible de réactiver et réutiliser.

Comme nous l'avonsvu dans notre première partie avec André Giordan, l'activité d'information rejoint donc celle d'apprentissage.

Mais lesimple fait de se mettre au courant de quelque chose ne suffit pas : il faut l'assimiler.

Nous pouvons alors dire quel'information constitue la première étape, le premier niveau de l'apprentissage.

Par exemple, avant d'apprendre uncours ou des notions sur un sujet donné, il faut commencer par s'informer, c'est-à-dire rechercher les informationsen lien avec ce que l'on veut apprendre.

Cela suppose alors que les informations ne sont pas toutes nécessairementdes opinions immédiates et fausses qu'il faut rejeter...

Ainsi Platon dans Le Menon admet l'existence d'opinions quisoient vraies, qu'il qualifie d'opinions « droites ».

Et c'est par le fait de les apprendre, ou autrement dit de les. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles