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L'animal métaphysique d'A. SCHOPENHAUER

Publié le 05/01/2020

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schopenhauer
Au dualisme cartésien de l'âme et du corps, Schopenhauer substitue le dualisme de la volonté (ou vouloir-vivre) et de l'intellect. Cependant, un tel dualisme n'est pas particulier à l'être humain : il se retrouve en tout animal.
 
Aucun être, sauf l’homme, ne s’étonne de sa propre existence ; pour tous les autres animaux elle est une chose- qui s’entend de soi et qui ne les frappe pas. Dans le calme de leur regard c’est la sagesse même de la nature qui s’exprime ; car chez eux la volonté et l’intelligence ne se sont pas encore assez fortement séparées pour s’étonner mutuellement, quand elles se retrouvent réunies. Ici l’ensemble du phénomène tient encore fermement au tronc primitif d’où il est né, et participe de l’omniscience inconsciente de notre mère commune, la nature. - Ce n’est qu’après que l’essence intime de la nature (l’objectivation de la volonté de vivre) s’est élevée, vaillante et joyeuse, à travers les deux règnes des êtres, inconscients, puis ensuite à travers la longue et vaste série des animaux, qu’elle arrive enfin, avec l’apparition de la raison, c’est-à-dire dans l’homme, et pour la première fois, à réfléchir sur elle-même ; elle s’étonne alors de sa propre œuvre, et se demande ce qu’elle est elle-même. Son étonnement est d’autant plus grave qu’elle se trouve ici pour la première fois, avec conscience, en présence de la mort, et que la condition finie de toute existence, non moins que l’inanité de toute aspiration, s’imposent à elle avec plus ou moins de force. Ce sont ces réflexions et cet étonnement qui donnent naissance à ce besoin métaphysique propre à l’homme exclusivement : celui-ci est donc un « animal métaphysicum ». A la première origine de sa conscience, lui aussi se considère comme quelque chose qui s’entend de soi. Mais cela ne dure pas ; bientôt, dès ses premières réflexions, se manifeste cet étonnement, appelé à faire naître la métaphysique.
 
Arthur Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation (1819), Supplément, chap. 17, trad. Cantacuzène, Perrin, 1876, tome 2, p. 235.

schopenhauer

« chose qui s'entend de soi.

Mais cela ne dure pas ; bientôt, dès ses premières réflexions, se manifeste cet étonnement, àppelé à faire naître la métaphysique.

· · Arthur SCHOPENHAUER, Le Monde comme volonté et comme représentation ( 1819), Supplément, chap.

17, trad.

Cantacuzène, Perrin, 1876, tome 2, p.

235.

PÇ)UR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE Tout corps doit être considéré comme une incarnation de la volonté, comme un vouloir-vivre individualisé et qui ne cesse de s'affirmer aveuglément comme tel.

Quant à l'intellect, il n'est pas le propre de l'homme : tout animal doté d'un cerveau, même rudimentaire; est capable de,se représenter en quelque façon le monde dans lequel il vit, et donc de s'y adapter.

C'est cette adaptation que Schopen­ hauer appelle la « sagesse » de la nature.

Avant l'homme, l'intellect {« l'intelligence ») n'est d'abord qu'un moyen au service du vouloir-vivre.

Mais avec l'homme survient le langage et, ·avec le lan­ gage, la réflexion et la conscience de soi.

L'homme peut prendre du recul sur l'expérience immédiate à laquelle les autres êtres vivants restent attachés ; il peut penser non seulement le présent mais ce qui n'est plus ou ce qui n'est pas encore.

Il y a là une supériorité de l'intellect humain ; mais désormais la raison humaine prend conscience des limites du vouloir-vivre individuel, et de la mort.

C'est alors que naissent les interrogations métaphysiques et reli­ gieuses.

Schopenhauer renouvelle ainsi le vieux thème de l'étonnement philosophique, qui n'est plus seulement désir de connaître les choses et leurs principes, mais sur­ tout conscience tragique d'être mortel dans un monde sou­ mis à une volonté de vivre elle-même sans cause et sans fin.

Nietzsche dira que Schopenhauer est le premier philo­ sophe à s'être posé radicalement la question du sens de l'existence.. »

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