Langage, pouvoir et vérité
Publié le 10/01/2020
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3. la méditation sur l'idée d'une responsabilité des hommes à l'égard du langage.
« Quand dire, c'est faire »
Tel est le titre donné par le philosophe britannique J. L. Aus-tin à son ouvrage le plus célèbre. Il est au moins deux types de situations, très courantes, dans lesquelles des paroles ou des textes équivalent à de véritables actions de ceux qui les profèrent ou les écrivent sur ceux qui tes reçoivent. La lecture d'un roman, d'une pièce de théâtre, d'un poème, mais aussi parfois (et heureusement) celle d'un texte théorique, peut produire sur le lecteur des effets qu'il est légitime de comparer à ceux qu’induit l'action. Les émotions, les rêves, ou l'incitation à la méditation qui accompagnent ces lectures, sont autant de manifestations de l'efficacité avec laquelle l'écriture peut opérer dans un univers mental ou affectif. Il est remarquable à ce propos que les produits du travail de ceux qui écrivent soient encore aujourd’hui couramment nommés œuvres, ou ouvrages, alors que ces termes sont tombés en désuétude lorsqu'il s'agit de désigner les produits d'autres formes de travail.
À la source de cette action efficace : celui qui écrit ou celui qui parle. Peut-on donc en espérer, au-delà d'une efficacité psychologique, affective, ou intellectuelle, une véritable intervention dans l'ordre du réel ? Certainement. Les exemples ne manquent pas de « déclarations » de guerre qui ont changé la face du monde. Et pour nous en tenir à des situations banales, il suffira d'évoquer toutes les fois où, « en quelques mots », chacun d'entre nous engage toute sa personne, ou détermine l'action d'autrui : lorsque nous promettons quelque chose à quelqu'un, par exemple (cf. texte 17).
La parole des plus forts n'est pas toujours la meilleure
Il n'est pas surprenant, si les mots ont de tels pouvoirs, que la tentation d’en abuser soit forte chez ceux qui sont en position de le faire. On peut « parler pour ne rien dire », mais être si brillant que l’auditoire est néanmoins impressionné.
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3.
la méditation sur l'idée d'une responsabilité des hommes
à l'égard du langage.
« Quand dire, c'est faire »
Tel est le titre donné par le philosophe britannique J.
L.
Aus
tin à son ouvrage le plus célèbre.
Il est au moins deux types
de situations, très courantes, dans lesquelles des paroles ou
des textes équivalent à de véritables actions de ceux qui les
profèrent ou les écrivent sur ceux qui les reçoivent.
La lec
ture d'un roman, d'une pièce de théâtre, d'un poème, mais
aussi parfois (et heureusement) celle d'un texte théorique,
peut produire sur le lecteur des effets qu'il est légitime de
comparer à ceux qu'induit l'action.
Les émotions, les rêves,
ou l'incitation à la méditation qui accompagnent ces lectures,
sont autant de manifestations de l'efficacité avec laquelle
l'écriture peut opérer dans un univers mental ou affectif.
Il
est remarquable à ce propos que les produits du travail de
ceux qui écrivent soient encore aujourd'hui couramment nom
més œuvres, ou ouvrages, alors que ces termes sont tom
bés en désuétude lorsqu'il s'agit de désigner les produits
d'autres formes de travail.
À la source de cette action efficace : celui qui écrit ou celui
qui parle.
Peut-on donc en espérer, au-delà d'une efficacité
psychologique, affective, ou intellectuelle, une véritable inter
vention dans l'ordre du réel? Certainement.
Les exemples
ne manquent pas de « déclarations )) de guerre qui ont
changé la face du monde.
Et pour nous en tenir à des situa
tions banales, il suffira d'évoquer toutes les fois où, «en quel
ques mots)), chacun d'entre nous engage toute sa personne,
ou détermine l'action d'autrui: lorsque nous promettons quel
que chose à quelqu'un, par exemple (cf.
texte 17).
La parole des plus forts
n'est pas toujours la meilleure
li n'est pas surprenant, si les mots ont de tels pouvoirs,
que la tentation d'en abuser soit forte chez ceux qui sont en
position de le faire.
On peut « parler pour ne rien dire )) , mais
être si brillant que l'auditoire est néanmoins impressionné..
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