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Langage et inconscient

Publié le 11/03/2015

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langage

Dans les Études sur l'hystérie, Freud écrit qu'il lui était souvent arrivé,

avec son ami Breuer, de comparer la symptomatologie hystérique

à des hiéroglyphes que la découverte de certains écrits bilingues leur

avait permis de déchiffrer. C'est que le symptôme hystérique n'est

pas quelque chose qui traduit une maladie, comme la fièvre, par

exemple. C'est quelque chose qui a un sens. Si cette femme a une

main paralysée sans qu'aucune lésion organique puisse en rendre

compte, c'est parce que cette main pouvait, par exemple, servir à certaines

manoeuvres érotiques ou agressives. La paralysie exprime tout

à la fois le désir et son interdiction. L'hystérique, sans le savoir, manifeste

donc avec son corps ce qu'il ne réussit pas à dire. Parfois même,

il réalise en symptôme le sens littéral de certaines expressions du langage

se rapportant au corps. Cette femme éprouve une douleur «térébrante

« au front, entre les yeux. Mais ne s'était-elle pas sentie regardée

par sa grand-mère d'une façon si «perçante« que «ce regard avait

pénétré profondément son cerveau« ? Cette autre femme qui éprouve

une sensation de coup de poignard dans la région cardiaque n'a-t-elle

pas ressenti comme «Un coup au coeur« à l'occasion d'une offense?

L'hystérique ne joue pas la comédie et ne cherche pas à attirer l 'attention

sur lui. Ses symptômes sont un discours dont il n'a pas lui-même

conscience et qui ne s'adresse à personne. L'inconscient ne délivre

pas un message.

langage

« D'UNE NOTION À L'AUTRE 2 Les actes manqués ont un sens Les lapsus sont des erreurs de langage qui échappent à ceux qui par­ lent et qui ont un caractère involontaire.

Par exemple, le locuteur dit le contraire de ce qu'il voudrait dire.

Freud cite le cas d'un président qui, dans son discours d'ouverture, dit: «Je déclare la séance close.» Les lapsus ne sont pas dus à l'inattention ou à la fatigue, ils ont un sens: « ..

.il est clair que tout acte manqué est un discours réussi, voire assez joliment toumé 1 .» Les lapsus, comme les actes manqués en général, témoignent d'un désir profond et inconscient et résultent de l'interfé­ rence de l'expression de ce désir avec ce qu'on voudrait ou devrait consciemment dire : «dans le langage verbal lui-même il y a des figures qui font échec à la communication, et qui sont des rejetons de l'incons­ cient2.» Ce qu'on découvre, avec le lapsus, c'est qu'au fond, tout dis­ cours a un double sens, est équivoque, veut dire autre chose que ce qu'il dit, tout simplement parce que le désir fait échouer la parole et échoue lui-même à parler clairement.

3 Le rêve comme «rébus» et comme exercice «rhétorique» Il y a en tout rêve un sens manifeste absurde, incohérent, le rêve tel qu'il apparaît à celui qui en fait le récit, et un contenu latent, c'est-à­ dire une organisation de pensées, un discours, exprimant un ou plusieurs désirs, le rêve tel qu'il apparaît une fois déchiffré: «les pensées du rêve et le contenu du rêve nous apparaissent comme deux exposés des mêmes faits en deux langues différentes( ...

) Le rêve est un rébus, nos prédécesseurs ont commis la faute de vouloir l'interpréter en tant que dessin 3 .» Il y a donc un travail de déguisement, de chiffrage, dit travail d 'éla­ boration du rêve, qui est le passage du désir au rébus.

Dans ce passa­ ge, il y a la suppression presque totale des articulations et des liaisons logiques du discours qui ne sont pas visualisables, il y a aussi la trans­ formation des pensées en images et le recours à un «vocabulaire» sym­ bolique.

Ainsi, dit Freud, pour représenter symboliquement la castra­ tion, le rêve utilise la coupe des cheveux, la perte d'une dent, la décapitation.

Ajoutons que le contenu manifeste, comparé au contenu latent, est laconique, condensé, et que les signifiants essentiels du récit du rêve sont à la fois contigus et décalés par rapport à ceux de cet autre texte qu'est le contenu latent.

1.

Jacques Lacan, Écrits, Le Seuil, 1966.

2.

Jean-François Lyotard,Discours,figure, Paris, Klinscksieck, 1971.

3.

Sigmund Freud, L'interprétation des rêves, trad.

l.

Meyerson, PUF, 1957.

64. »

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