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L'analyse de l'idée de cause chez HUME

Publié le 22/12/2009

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hume
L'empirisme de Hume apparaît alors comme un scepticisme ; donner l'explication psychologique de la croyance au principe de causalité, c'est refuser à ce principe toute valeur. En effet, il n'y a dans l'idée de causalité que le poids de mon habitude et de mon attente. je m'attends invinciblement à voir bouillir l'eau que j'ai mise sur le feu. Mais cette attente n'est pas fondée en raison. Après tout il pourrait se faire — sans contradiction — que cette eau chauffée se transforme en glace ! « N'importe quoi, dit Hume, peut produire n'importe quoi «. Dans le domaine des propositions logiques A ne peut être non A. Mais dans les « matters of fact « tout peut arriver. Ce roi du Siam qui fit mettre à mort son ambassadeur norvégien (parce que ce dernier se moquait de lui en prétendant que dans son pays, l'hiver, les rivières devenaient si dures qu'on pouvait y faire glisser des traîneaux ! ! ) avait bien tort de nier un fait contraire à son expérience.

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« dans le monde de la nature et se manifeste sous des formes aussi nombreuses et aussi variées.

Si Ies idéesque l'on peut et que l'on doit considérer à part pour les besoins de l'analyse restaient à jamais isolées les unes desautres, nous ne pourrions formuler aucune pensée, aucun raisonnement.Il faut donc qu'une force les lie les unes aux autres, de même que dans le monde physique une force lie les uns auxautres les corps célestes (sans elle, ils partiraient dans l'infini de l'espace, en ligne droite, à la manière d'une pierrelâchée par une fronde).

Cette force d'association des idées est spontanée (nous dirions aujourd'hui qu'elle estinconsciente). Hume distingue trois types d'associations: la ressemblance, la contiguïté, la causalité. L'association par ressemblanceUne idée en appelle une autre si, par un élément ou en totalité, elle présente une analogie avec celle-là.

Ainsi uninconnu dans la rue peut-il nous faire aussitôt penser à un ami parce qu'il a la même allure générale ou parce qu'ilporte une verrue sur le front comme lui.

L'association par contraste, bien qu'inverse, peut être considérée commeune variante: un inconnu trèsmaigre peut nous faire penser à notre ami très gros justement parce qu'il y a dissemblance accusée entre eux(après tout, l'homme n'aurait pas à ce point cru aux paradis religieux puis politiques s'il n'avait pas lui-même vécu detels enfers). L'association par contiguïtéUne idée en appelle une autre si, par un élément ou en totalité, elle a été associée dans un même contexte spatialou temporel à une autre.

Ainsi une musique peut-elle nous faire penser à celui ou à celle avec qui nous avonscouché pendant les vacances, un soir de saoulerie.

La madeleine de Proust est un fameux exemple littéraire (et plusdistingué) d'association par contigüité. L'association par causalitéUne idée peut nous faire penser à une autre si elle en est la cause ou bien l'effet.

Ainsi une publicité pour voitureneuve peut faire penser aux inconnues que je pourrais séduire en cascade dans les rues.

Notons à ce propos quela publicité qui fuit le raisonnement comme une petite peste fonctionne exclusivement à l'association d'idées: lapoitrine du mannequin ne sert pas seulement à vendre telle marque de soutien-gorge, elle pointe vers le yaourt et letaboulé aussi bien. Pourquoi une telle attention à la causalité? Si Hume attache une telle importance à la critique de l'idée de causalité (plus d'un nul parmi les lecteurs serait eneffet en droit de se demander: pourquoi s'énerver pour si peu?), c'est pour plusieurs raisons.D'abord la causalité est un principe d'association des idées, l'un des trois principes.

Ensuite, l'idée de causalité estau coeur de tous les systèmes métaphysiques - que l'on pense au rôle exorbitant que l'on a donné à Dieu au xviiesiècle.

Les rationalistes pensaient que la relation de causalité est une déduction: de l'idée de la cause, je tire par laseule pensée l'idée de l'effet.

Hume le conteste: de l'idée de refroidissement, je ne pourrai jamais tirer celle deglace.

Si je le sais, c'est que je l'ai vu de nombreuses fois, que j'en ai fait l'expérience.Enfin, last bat not least comme disent les Anglais, la causalité semble dès le départ mettre en échec l'idée de basede l'empirisme.

Cette relation, en effet, conduit la pensée à passer d'une cause donnée (le feu) à un effet nonencore donné (l'ébullition de l'eau) mais seulement attendu.

Faut-il en conclure que l'esprit, par ses seulesressources, soit capable de dépasser l'impression reçue?Fine mouche, Hume cherche l'impression particulière d'où naît l'idée de causalité.

Qu'avons-nous dans la tête lorsquenous parlons de causalité? Tout d'abord une relation de contiguïté inscrite dans l'espace et le temps proches (le feutouche la casserole d'eau, l'ébullition suit immédiatement la chaleur du feu).

Même lorsque la cause et l'effetsemblent éloignés l'un de l'autre, nous supposons quelque chose qui les relie: si le soleil grille les feuilles des arbresl'été, c'est parce que son énergie chauffe l'air de manière excessive, l'atmosphère étant le lien entre le soleil et laplante.. »

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