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l'amour se réduit-il a la simple sexualité ?

Publié le 21/10/2005

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amour
Deuxième partie : La jouissance Ce qui pouvait être entendu comme un instinct se sophistique par la recherche du plaisir et l'attente de ce que se plaisir soit d'une nature identique à celui procuré par d'autres expériences sensibles ou d'autres circonstances de la vie : "Les passions affirmatives: l'orgueil, la joie, la santé, l'amour sexuel, l'hostilité et la guerre, le respect, les beaux gestes, les belles manières, la volonté forte, la haute discipline intellectuelle, la volonté de puissance, la reconnaissance envers la terre et la vie, tout ce qui est riche et veut donner, tout ce qui fait des dons à la vie, la dore, l'éternise et la divinise, toute la puissance des vertus qui transfigurent, tout ce qui approuve, affirme, dit oui en paroles et en actes." Nietzsche, La volonté de puissance. La quête de la jouissance coïncide avec un besoin de dominer et comprendre ses propres passions. Nous ne sommes plus du côté de l'impulsivité mais déjà de quelque chose qui n'est pas pure matière mais requiert la participation de l'être entier et notamment de son intelligence. "A mesure que l'on a plus d'esprit les passions sont plus grandes, parce que les passions n'étant que des sentiments et des pensées qui appartiennent purement à l'esprit, quoiqu'elles soient occasionnées par le corps, il est visible qu'elles ne sont plus que l'esprit même, et qu'ainsi elles remplissent toute sa capacité. Je ne parle que des passions de feu... dans une grande âme tout est grand." Pascal, Discours sur les passions de l'amour. Troisième partie : L'amour du beau « La vraie voie de l'amour, [...] c'est de partir des beautés sensibles et de monter sans cesse vers cette beauté surnaturelle en passant comme par échelons d'un beau corps à deux, de deux à tous, puis des beaux corps aux belles actions, puis des belles actions aux belles sciences, pour aboutir des sciences à cette science qui n'est autre chose que la science de la beauté absolue.

La poésie, la peinture, la philosophie ont attaché un tel prix à la représentation de l’amour comme d’un idéal qu’on a peine à penser que cet enthousiasme puisse se réduire à la simple expression d’une pulsion libidinale. L’emploi du verbe « se réduire « connotant immédiatement ce déni du corps qui a sévi longtemps dans la culture occidentale et qui voudrait que l’amour puisse justement atteindre à quelque chose d’éthéré pour trouver sa justification publique. « Beaucoup de courtes folies, - c'est ce qui, chez nous, se nomme amour. Et votre mariage finit beaucoup de courtes folies, en une longue bêtise. « Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche. La citation reprend l’espèce de jugement dépréciatif en utilisant le mot « folies « pour signifier que le plaisir d’un instant se confond avec quelque chose de durable et de vraiment haut, relevé, conduisant notamment au fourvoiement bourgeois qu’est le mariage.

amour

« a.

Encore une fois, Freud commence par dire que le rapport à autrui enveloppe aussi la possibilité d'une relationreposant sur un respect mutuel.

Mais, immédiatement suit une énumération qui a pour but de dérouler lesconséquences de ce qui précède, à savoir l'identification d'une agressivité d'origine pulsionnelle, composantefondamentale de l'homme.

Il faut en analyser le détail.b.

Il est significatif que Freud parle de « prochain », ce qui peut renvoyer implicitement à la détermination religieused'autrui : « tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Ce qui peut le confirmer encore, c'est l'usage du terme de «tentation » qui suit immédiatement la notion de « prochain ».

La tentation peut se définir comme un attrait pour unechose défendue et suppose un mouvement intérieur qui incite l'homme au mal.

C'est précisément parce que leprochain est défendu qu'il incite l'homme au mal : l'agression est donc pensée comme relative à un fonds pulsionnelet signifie qu'il y a transgression d'un interdit à l'égard de la personne d'autrui.

Il est l'objet qui tente, bien qu'il n'ensoit pas directement responsable cependant.

Il tente malgré lui, pour ainsi dire, et réveille en l'homme le désird'agression.

Si une authentique relation de nature morale (« aide ») ou naturelle (le partenaire « sexuel ») est «possible », elle ne résume pas encore l'ensemble des désirs qu'autrui suscite chez l'homme.Suit alors une énumération des actes violents auxquels l'homme peut être conduit en vertu de sa nature propre.L'ordre de leur présentation est intéressant : Travail (VOIR FICHE 26) : Freud rapporte le désir d'exploiter l'homme àun désir de lui faire violence et de le soumettre à une condition servile.

Notons qu'il ne s'agit pas d'une conceptionéconomique de la raison de l'exploitation humaine.Sexualité : elle devient également une forme d'exploitation.

Il est à souligner que, dans les deux cas, Freud insistesur la non-réciprocité de l'acte (» sans dédommagement », « sans son consentement »), soulignant ainsi que nousavons bien affaire à des formes possibles du rapport à autrui qui se situent en dehors de l'échange proprement dit(VOIR FICHE 27).Propriété : aux dépossessions de l'activité et du corps vient s'ajouter celle des biens.

Nous avons là trois figurespossibles de l'aliénation, conséquence directe du penchant agressif de l'homme.Quatre nouvelles formes apparaissent : l'humiliation, la douleur, la martyrisation et la mort.

Elles semblent insistermoins sur un rapport de propriété qu'autrui possède avec lui-même ou à l'égard de choses, que sur un ensemble derapports de négation qui finissent par aller jusqu'à la forme suprême : la mise à mort, négation absolue de lapersonne humaine.

Ce n'est sans doute pas un hasard si Freud termine cette énumération par la mort : l'agressivitédont il est question depuis le début du texte, qui est l'expression d'une aptitude pulsionnelle, est mise en rapport,dans la théorie freudienne des pulsions, avec la pulsion de mort (thanatos), qui consiste justement en une activitédestructrice.

On peut donc y voir le terme auquel conduit l'agressivité, son but propre, la manière même dont lapulsion de mort peut se « décharger » et ainsi se satisfaire. 3.

Le rapport violence-culture.La dernière phrase du passage nous signale quel est l'objet véritable de la réflexion freudienne.

Il ne s'agit pas deverser dans l'apologie de l'agressivité humaine et de toutes les formes de violence qu'elle peut engendrer.

Freud necondamne pas l'homme, pas plus qu'il ne l'excuse.

Il essaye seulement de le comprendre.

Et il voit, dans cetteoriginepulsionnelle, un fonds primitif (o hostilité primaire ») que la « société de la culture « ne peut manquer de rencontrerdans son édification.

« L'hostilité primaire des hommes entre eux fait écho à la guerre de chacun contre chacun"(Hobbes, Léviathan).

Que l'homme puisse être un loup pour l'homme « n'est pas une découverte (Freud reprendd'ailleurs plusieurs fois dans son oeuvre l'expression à son compte).

Ce qui l'est, en revanche, c'est d'attribuer cetteviolence, non seulement à la nature humaine, mais à la nature pulsionnelle de l'homme.La conséquence ultime de cette violence qui s'attache à l'homme et le définit pour une part considérable, c'est lamanifestation d'une résistance à entrer dans la culture.

Toute entrée dans la culture se paye du prix d'unrenoncement à ce fonds pulsionnel premier: l'homme ne peut, en ce sens, qu'être dénaturé pour devenir civilisé.Mais si la culture et la civilisation éduquent l'homme, en polissent le penchant naturel agressif, elles ne le fontpourtant pas disparaître.

C'est pourquoi la dernière phrase du texte souligne combien toute civilisation repose sur unconflit latent de l'individu et de la culture.

Ce conflit devient manifeste sur les plans politique (guerres) et moral(relations à autrui).

Il explique ainsi pourquoi il y a malaise dans la civilisation et pourquoi celle-ci doit constammentrester vigilante devant l'homme et toujours réfléchir sur les moyens de dompter l'animal sauvage qui gît en lui – voir,par exemple, l'usage possible de la notion de « sublimationchez Freud, qui est la transformation des pulsions primitives en sentiments d'ordre supérieur (esthétiques, moraux,religieux), utilisant leur force et la dérivant vers des buts socialement acceptables.

Si Freud retrouve donc une idéeancienne de la pensée politique et morale, il constate encore combien la violence s'attache inévitablement à la miseen place de toute culture et ne s'exprime pas seulement sur un plan politique.

Mais c'est là donner à la culture unetâche infinie que de lui assigner pour but la maîtrise de cette nature violente. Deuxième partie : La jouissance Ce qui pouvait être entendu comme un instinct se sophistique par la recherche du plaisir et l'attente de ce que seplaisir soit d'une nature identique à celui procuré par d'autres expériences sensibles ou d'autres circonstances de lavie : "Les passions affirmatives: l'orgueil, la joie, la santé, l'amour sexuel, l'hostilité et la guerre, le respect, lesbeaux gestes, les belles manières, la volonté forte, la haute discipline intellectuelle, la volonté de puissance, lareconnaissance envers la terre et la vie, tout ce qui est riche et veut donner, tout ce qui fait des dons à la vie, ladore, l'éternise et la divinise, toute la puissance des vertus qui transfigurent, tout ce qui approuve, affirme, dit ouien paroles et en actes." Nietzsche, La volonté de puissance.. »

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