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L'amour racinien : passion coupable et amour innocent

Publié le 26/03/2015

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amour

Conclusion : L'amour racinien, meurtrier, pitoyable et terrifiant, donne à voir une nouvelle dimension du tragique. Dans cet amour tout entier tourné vers le désastre, on peut voir, comme Paul Bénichou, « l'altération du sublime héroïque. (...) La nouveauté de Racine ne réside pas dans la pri­mauté donnée à l'amour parmi les autres instincts, mais dans la façon de concevoir l'instinct en général, étranger à toute valeur, tragique et naturel, au sens janséniste du mot « (Morales du Grand Siècle, Gallimard,l948, p. 233).

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« Amour et violence L'amour racinien est donc, selon la formule de Barthes dans Sur Racine (1963), «un Eros immédiat», c'est-à-dire prédateur, destructeur et impossible à maîtriser: il naît brusquementet surgit dans la vie du héros à la façon d'un événement absolu.

Le héros est alors saisi, lié comme dans un rapt.

Au moment où Néron voit Junie pour la première fois, il se dit« ravi d'une si belle vue» (Britannicus ; Il, 2), c'est­ à-dire saisi.

À l'opposé de l'amour innocent, que Barthes appelle« !'Eros sororal», la passion racinienne est indissociablement liée à la mort.

A ce titre, elle représente une des formes fondamentales de l'échec.

Il -LE TRAGIQUE DE LA PASSION Passion et fatalité La passion racinienne est une des modalités du tragique, car elle est une puis­ sance fatale et aveugle.

«Egaré», saisi par« le trouble», le personnage racinien vit alors, sous l'emprise de la passion, un état de disjonction: il fait l'expérience de la perte de soi.

Phèdre ne peut accepter la passion qu'elle éprouve, parce qu'elle la met en marge de la société, mais elle ne peut pas non plus la rejeter, car elle lui est deve­ nue vitale.

La seule issue est dans l'auto-destruction, puisque la fatalité est aussi muette qu'aveugle : dans le monde tragique, la divinité est omniprésente et silen­ cieuse ; le héros tragique est donc seul, en proie à ses déchirements.

Passion et idéal La passion racinienne est aussi une des figures significatives du rapport del' être à la valeur.

En effet, alors que le sage coïncide avec la valeur et que le héros la conquiert, le passionné tend désespérément vers elle, en la sachant inaccessible.

La violence qui se déchaîne dans la tragédie racinienne est caractéristique de cette ten­ sion de !'être vers une figure idéale, incarnation de la valeur, qui le refusera néces­ sairement, puisqu'ils sont antinomiques par nature : en apercevant Junie, Néron découvre son insuffisance ; plus il essaie de la conquérir par les moyens qui lui sont propres (séduction, violence), plus il aggrave l'antagonisme qui existe entre eux.

Le rapport d' Athalie à Joas, le pur enfant qui la fascine, celui de Pyrhhus à Andro­ maque, reposent sur le même mécanisme profondément tragique.

Conclusion: L'amour racinien, meurtrier, pitoyable et terrifiant, donne à voir une nouvelle dimension du tragique.

Dans cet amour tout entier tourné vers le désastre, on peut voir, comme Paul Bénichou, « l'altération du sublime héroïque.

( ...

) La nouveauté de Racine ne réside pas dans la pri­ mauté donnée à l'amour parmi les autres instincts, mais dans la façon de concevoir l'instinct en général, étranger à toute valeur, tragique et naturel, au sens janséniste du mot» (Morales du Grand Siècle, Gallimard,1948, p.

233).. »

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