L'Amour excuse-t-il tout ?

« Mais, au fait, qu'est-ce que l'Amour ? Tout le monde sait ce qu'est l'amour.

Il n'est pas nécessaire de consulter de gros traités savants pour savoir que l'amour c'est, d'abord et avant tout, la relation sentimentale qui unit les êtres entre eux.

Mais ce sens général que nous accordons au mot amour n'est pas exactement le même que celui qu'ont donné les philosophes.

L'amour philosophique ne se limite pas à l'attirance que peuvent éprouver deux êtres humains l'un envers l'autre.

C'est une notion à la fois plus abstraite et plus vaste : il s'agit de l'amour comme compréhension, intuition, sympathie envers les êtres et les choses.

Platon, dans Le Banquet, distinguait déjà divers degrés, diffé­ rents niveaux à de l'amour selon qu'il se rapporte à un être charnel, à une idée, à une valeur morale ou bien à la recherche de la vérité, à la découverte de l'essence des êtres et du monde.

Ainsi, l'amour platonique ce n'est pas du tout ce que l'on croit ! N'allez pas vous imaginer que Platon voulait nous offrir en modèle deux amoureux transis qui, la main dans la main et les yeux dans les yeux, vivent comme deux purs esprits et sans autres attouchements que de chastes baisers sur le front.

Non.

Pour Platon, l'amour n'est pas nécessairement synonyme de chasteté.

Le problème c'est que Platon voit dans l'amour une sublimation de l'être, une quête de l'absolu, une recherche de l'idéal.

Il ne s'agit pas d'aimer une femme en particulier, mais de découvrir à travers elle l'essence même de la femme, toutes les femmes à la fois, sublimées, mythifiées ...

L'amour est peut-être, en effet, le meilleur mode de connais- 76. »