L'action politique doit-elle être guidée par la connaissance ?
Publié le 10/03/2009
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La vie politique est devenue telle qu’aucun gouvernant, si éminent soit-il, ne pourrait admettre que, pour diriger son action, il lui suffit de s’inspirer du passé. Et même l’invoquer, ou prétendre y trouver quelque leçon engageant la conduite de ses concitoyens, risque de se révéler une arme à double tranchant. C’est que le devenir historique est désormais admis comme une évidence, qui fonde la vie de tous : il devient dès lors impossible de croire à la possibilité, dans ce domaine, de strictes répétitions. En histoire pas plus que dans la nature héraclitéenne, « on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve «.
- I) Connaître l'histoire pour agir (Machiavel).
- II) Il n'y a pas de leçons de l'histoire (Hegel).
- III) L'histoire comme devoir de mémoire.
«
conceptions politiques) sont absents.
C.
Des répétitions « floues » Lorsque Marx veut formuler la loi la plus générale de l'Histoire, elle prend l'aspect de la lutte des classes, mais il ajoute que cette lutte des classes présente des modalité variables selon les époques : c'est une constante,mais qui se trouve, si l'on peut dire, dotée de souplesse ou d'adaptation aux différents moments de l'histoire.
C'estdire qu'elle ne produit jamais des évènements strictement répétitifs, même s'ils sont volontiers nommésuniformément, et que chaque évènement de la série dépend de facteurs extrêmement complexes caractérisantchaque époque dans les domaines politique, social, intellectuel, idéologique, etc.
Et l' « échec » des applications dumarxisme à l'action politique vient sans doute – entre autres raisons – de l'oubli de cette variabilité, qui a pourconséquence que les solutions proposées par l'action politique ne peuvent elles-mêmes reproduire simplement dessolutions déjà éprouvées, ou éprouvées dans d'autres circonstances, sinon, en l'occurrence, simplement conçuespour d'autres circonstances.
III.
Qui agit politiquement ? A.
La connaissance du « roc : ce fut ». Nietzsche est très méfiant à l'égard de la connaissance de l'histoire : de son point de vue, « le roc : ce fut », c'est-à-dire le passé, risque de freiner les initiatives et de scléroser les capacités d'action pour peu qu'on y porte trop d'intérêt : ne risque-t-on pas d'y trouver des exemples déprimants, capables de suggérer que touteentreprise est par principe vouée à l'échec ? L'histoire est toujours « pleine de bruit et de fureur », elle abonde enconflits, en guerre, en massacres, et sa connaissance peut être démoralisante, au point de dégoûter de touteaction politique.Sans aller jusqu'à une position aussi critique, on peut se demander ce que la connaissance de l'histoire peutréellement apporter, soit aux dirigeants, soit aux acteurs plus anonymes de l'histoire.
B.
Les « experts » L'action politique, telle qu'elle doit être menée par les dirigeants, est devenue de plus en plus complexe.
Au point qu'il est désormais impossible à un homme politique de prendre une décision sans consulter d'abord uneescouade d'experts et de conseillers spécialisés dans l'analyse de différentes données : économiques,géostratégiques, militaires, démographiques, religieuses, idéologiques, etc.
Chacun de ces experts a sans doute uncertain nombre de connaissances historiques, dont il peut déduire des « modèles », mais il faut peut-être entendreces derniers au sens où l'on parle de modèles mathématiques : ils demeurent abstraits, indiquent des évènementspossibles, mais leur mise en contact avec la réalité du moment risque toujours de leur ajouter une interprétationimprévue.
S'il n'en allait pas ainsi, on ne pourrait constater, dans l'action politique, la moindre hésitation, et pasdavantage – ce qui serait plus important – le moindre échec.
On comprend donc que la connaissance de l'histoire, sielle n'est pas inutile, ne garantit absolument pas l'efficacité de la décision finalement prise à partir des rapportsd'experts.
C.
Les acteurs anonymes Mais l'action politique est partagée : elle n'appartient pas qu'aux dirigeants.
Tout citoyen y participe à sa mesure.
A ce niveau commun, il n'y a plus d'expertise, chacun décide (par exemple au moment d'un vote, ou d'uneélection) à partir de choix qui lui sont personnels (même s'ils sont en même temps constitutifs d'un courantd'opinion).
Il n'est pas impossible que la connaissance (très relative sans doute, ou sélective en fonction des optionsde chaque citoyen) de l'histoire influence les décisions, mais elle est alors loin d'être le seul facteur.
C'est ce quipeut se constater lorsqu'une population désavoue son gouvernement, alors même que ce dernier a pu, pendant unecampagne préparatoire au vote, utiliser un maximum d'exemples empruntés à l'histoire pour faire pencher le votedans ce qui incarnerait pour lui le bon sens.
Peut-être est-ce alors que l'histoire semble précisément un peuencombrante : si la majorité d'une population est avide de changement, de « faire bouger les choses » , ce n'est pas en la renvoyant au passé qu'on pourra la persuader.
Conclusion La vie politique est devenue telle qu'aucun gouvernant, si éminent soit-il, ne pourrait admettre que, pour diriger son action, il lui suffit de s'inspirer du passé.
Et même l'invoquer, ou prétendre y trouver quelque leçonengageant la conduite de ses concitoyens, risque de se révéler une arme à double tranchant.
C'est que le devenirhistorique est désormais admis comme une évidence, qui fonde la vie de tous : il devient dès lors impossible decroire à la possibilité, dans ce domaine, de strictes répétitions.
En histoire pas plus que dans la naturehéraclitéenne, « on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve »..
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