L'accord avec autrui est il un critère suffisant de vérité ?
Publié le 14/02/2005
Extrait du document
«
ne peuvent jamais être fausses » dit Spinoza.
Descartes écrit de son côté : « Et remarquant que cette vérité : je pense donc je suis était si ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions étaient incapables de l'ébranler, jejugeais que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie....
Après celaje considérai en général ce qui est requis à une proposition pour être vraie et certaine, car puisque jevenais d'en trouver une que je savais être telle, je pensais que je devais aussi savoir en quoi consistecette certitude.
Et ayant remarqué qu'il n'y a rien du tout en ceci : je pense donc je suis, qui m'assureque je dis la vérité sinon que je vois très clairement que pour penser il faut être : je jugeais que jepouvais prendre pour règle générale que les choses que nous concevons fort clairement et fortdistinctement sont toutes vraies.
»C'est donc dans l'intuition de l'évidence des idées claires et distinctes que Descartes situe le critère duvrai ; une perception claire de l'entendement étant « celle qui est présente et manifeste à un espritattentif » et « distincte, celle qui est tellement précise et différente de toutes les autres, qu'elle necomprend en soi que ce qui paraît manifestement à celui qui la considère comme il faut.
» (« Principes »,I, 45).
Vérité et procédure.
La lumière, la clarté et la distinction sont toutefois le propre des idées les plus simples ; on doitcependant pouvoir s'assurer more geometrico, c'est-à-dire par une démonstration de typemathématique, de la vérité des énoncés plus complexes.
Ici aussi l'accord entre les hommes n'est pasle critère premier mais la conséquence du bien-fondé de la procédure mise en place.
III.
L'accord entre les hommes est-il parfois le seul gage de vérité ?
La vérité comme norme absolue et éternelle, validant une fois pour toutes un énoncé, est-elle toujours accessible ? La pensée moderne,même dans le domaine des sciences, fait valoir le fait qu'elle demeure un horizon idéal et que l'accord entre les hommes, à conditiond'être encadré, peut constituer une norme intermédiaire plus opérationnelle.
La vérité scientifique : logique et accord entre les hommes.
Étudiant de près la « structure des révolutions scientifiques », Thomas Kuhn propose d'abandonner la norme d'une vérité absolue au profitde la notion de paradigme, ensemble de principes, de règles et de méthodes expérimentales adoptés par une « communauté dechercheurs ».
La « vérité » d'une théorie scientifique est reconnue au fait qu'elle est adoptée par un groupe cohérent de chercheurs qui ladéveloppent et montrent sa fécondité pour résoudre des problèmes demeurés sans réponse.
Mais au sens strict, l'accord entre leshommes n'est pas ici un critère de la vérité mais plutôt de l'efficacité et de la fécondité d'une théorie.
LA NOTION DE PARADIGME SELON KUHNL'histoire des sciences, pour Kuhn, n'est pas constituée par un progrès continu et cumulatif, mais par des sauts, par des crises quivoient des paradigmes se substituer soudainement à d'autres.
Un paradigme, c'est un modèle dominant, faits de principes théoriques,de pratiques communes, d'exemples fondateurs qui soudent une communauté de chercheurs, qui orientent leur recherche etsélectionnent les problèmes intéressants à leurs yeux.
Un paradigme n'est jamais totalement explicite.
C'est pourquoi, selon Kuhn, lequestionnement scientifique n'est jamais neutre.Dans la postface à son livre La Structure des révolutions scientifiques (1 962), Kuhn cherche à classer les différentes significations duconcept de paradigme :
La notion de PARADIGME Explications
Désigne une manière d'être et de penserpropre à une communauté scientifique. (La communauté scientifique est unesociété comme les autres, avec sescircuits, ses relations, ses communautésd'intérêt et de discussion.)
1) Un même cursus de formation; dans les matières scientifiques, cette « initiation professionnelle est semblable, à un degré inégalé dans la plupartdes autres disciplines » : même enseignement, même littérature technique,mêmes exemples, etc.).2) Un ensemble d'objectifs communs, « qui englobent la formation de leurs successeurs ».3) Des réseaux spécifiques de circulation d'informations : périodiques, conférences spécialisées, articles, correspondances officieuses ouofficielles.
Désigne la matrice disciplinaire de cette communauté.
(Le paradigme représente « l'ensemble decroyances, de valeurs reconnues et detechniques qui sont communes auxmembres d'un groupe donné.
» C'est iciune communauté technique de pratiques,de gestes et de vocabulaire qui soude legroupe de chercheurs.)
1 ) Des généralisations symboliques : ce sont les éléments formalisables (symboles, concepts, principes, équations de base...) couramment utilisés.Certaines équations fonctionnent à la fois comme lois de la nature et commedéfinitions conceptuelles.
Par exemple, la formule newtonienne : la force estle produit de la masse par l'accélération, est à la fois une loi de la nature, etune définition de la force.2) Des croyances en des métaphores, des analogies fonctionnant comme modèles heuristiques (qui aident à la découverte).
Par exemple,l'analogie entre le courant électrique et le modèle hydraulique ; entre desmolécules de gaz et des boules de billard élastiques se heurtant auhasard...3) Des valeurs générales : exactitude des calculs, cohérence interne, simplicité, «beauté» d'une démonstration, efficacité des théories...
Ces valeurs peuventêtre communes à plusieurs groupes, mais leur application, leur hiérarchisationdiffèrent souvent d'un cercle scientifique à un autre.
Désigne au sens strict les exemples.
»
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