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L'accomplissement de tous nos désirs s'oppose-t-il à une bonne règle de vie ?

Publié le 01/05/2022

Extrait du document

« Dans la mythologie grecque les Danaïdes, pour assouvir leur désir de vengeance, épousent leurs cousins puis les tuent le soir de leurs noces.

Punies pour leur crime les Danaïdes sont condamnées à remplir sans fin un tonneau percé.

D'après cette légende accomplir ses désirs ne semble pas être une bonne chose puisque ceci est puni et est qualifié de crime. L'accomplissement de tous nos désirs s'oppose-t-il à une bonne règle de vie ? Tout dépend du sens que nous donnons au mot règle de vie.

Le but de notre existence est-il d'atteindre le bonheur ou bien d'être conforme aux normes comme le souligne le mot règle ? La totalité de nos désirs estelle nécessairement opposée à un avenir heureux ou vertueux ? Il apparaît comme l'illustre la mythologie que certains le soient.

Cependant, le désir nous promet le bonheur, le plaisir.

Il semble y avoir ici une contradiction : l'assouvissement de nos désirs nous permettrait de combler un manque et ainsi de ne plus souffrir mais dans le même temps, cet accomplissement pourrait être mêlé de douleurs. Il s'agit de savoir s'il faut admettre le précepte de satisfaire tous ses désirs sans exception ou si au contraire, il convient de maîtriser certains d'entre eux pour être heureux ou moral. Tout d'abord, les désirs sont des caractéristiques propres à l'homme.

Un animal ne désire pas, il ne possède que des besoins.

Contrairement au besoin qui est corporel, vital, le désir correspond à la recherche d'un objet que l'on imagine.

Un animal ne peut pas imaginer, se représenter un objet futur.

Ainsi, il ne faut pas condamner tous ses désirs car cela reviendrait à se réduire à nos instincts. La philosophie elle-même est désir, celui de la connaissance et du savoir.

Elle ne condamne donc pas ce qui lui est propre et ce qui relève de la condition humaine.

Bachelard dans la Psychanalyse du feu disait à ce sujet « l'homme est une création du désir, non pas une création du besoin.

» Ensuite, par définition le désir est bon.

En effet, le désir est un manque.

On désire ce que l'on a pas.

Ainsi l'accomplissement de tous nos désirs constitue une promesse de bonheur, un soulagement.

En plus de cet espoir, un désir peut aussi correspondre à une image positive d'accomplissement de soi au cours de notre existence.

Le désir est alors bon et il doit être satisfait. Comme le pensait Spinoza : « le désir est l'essence même de l'homme c'est-à-dire l'effort par lequel l'homme s'efforce de persévérer dans son être ».

Mais le plaisir promis par les désirs est-il bien réel ou ne relève-t-il que de notre imagination ? Si comme Spinoza, on pense que le désir de l'homme est tout simplement celui de vivre, le bonheur promis par ce désir est bien réel tant que l'homme vit.

Le désir est ainsi le mobile de notre vie.

L'homme cherche à vivre le plus longtemps possible, en bonne santé, dans de bonnes conditions.

Mais dans ce sens le désir devient unique.

Or, il semble falloir s'intéresser plutôt aux désirs au pluriel.

On peut penser que satisfaire ceux qui émanent de nous constitue une bonne règle de vie.

Il s'agit de désirer ce qui est bon pour nous.

Mais une chose est désirable non pas parce qu'elle est bonne mais parce que nous la désirons.

Dans ce cas peut-on désirer quelque chose de mauvais.

Ce qui est bon n'est pas nécessairement bien, le désir peut alors nuire à autrui.

S'il semble bon d'accomplir les désirs qui émanent de nous quand est-il de ceux qui dépendent de l'extérieur ? Si je considère le premier sens de règle de vie, c'est-à-dire celui d'atteindre le bonheur, je m'aperçoit que l'accomplissement de tous mes désirs s'oppose à une bonne règle de vie.

En effet, si la satisfaction d'un désir apparaît comme un soulagement, elle s'ensuit d'un nouveau désir.

Le désir se transforme.

Ainsi je n'atteindrais jamais un état de satiété.

Je ne peux pas satisfaire tous mes désirs car ceux-ci se renouvellent.

Schopenhauer illustre bien cette idée en disant « leur accomplissement (des désirs) miroite devant nous; mais dès qu'ils sont atteints, ils ne sont plus les mêmes; on les oublie ...

».

Il est donc insensé que le but de notre vie, que notre règle de vie, soit celui d'accomplir la totalité de nos désirs.

Le bonheur est fixé dans l'instant contrairement au désir infini.

L'ataraxie serait alors impossible.

De plus, la satisfaction peut être décevante.

Nous avons tous tendance à embellir l'objet de nos désirs.

L'accomplissement est parfois impossible.

Dans ce cas nous souffrons.

Le désir instaure le doute, l'incertitude, je ne suis jamais certaine de parvenir à mes fins.

En voulant satisfaire tous nos désirs nous risquons de tomber dans l'hybris, la démesure. Tel un tyran ou Dom Juan qui subit le désir de la passion amoureuse, notre âme ne trouvera jamais. »

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