L'absurde peut-il avoir un sens pour une pensée rationnelle ?
Publié le 16/12/2009
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• Qu'est-ce qui peut amener à se poser cette question ? — Cf. définition du terme absurde : « 1) Qui est contraire à la raison; qui viole les lois logiques. 2) Pour les existentialistes, désigne la facticité, l'étrangeté de l'univers, son absence de sens, ou son mystère. « • De ce que l'absurde est défini comme le contraire de la raison (du rationnel) s'ensuit-il nécessairement qu'il ne peut avoir de sens pour une pensée rationnelle ? — De ce que, par exemple, (et si on les appréhende comme absurdes) la passion, le désir, l'inconscient se déploient hors ou contre toute démarche rationnelle (et) ou raisonnable, s'ensuit-il nécessairement qu'ils ne peuvent être pensés rationnellement, avoir un sens pour une pensée rationnelle ? — Conclure positivement : ne reposerait-il pas sur une confusion entre la pensée et son objet ? • Nombre de penseurs modernes (tels que par exemple Foucault, Lacan) s'efforcent de faire apparaître que le conflit raison-absurdité se situe lui-même à l'intérieur d'une logique des relations entre le vécu et l'impensé (ou l'inconscient) : la subjectivité vivrait un certain ordre tout en méconnaissant cet ordre. — Cf. Freud : les lapsus, les actes manques, les rêves, cessent d'être absurdes quand on les rattache à une logique inconsciente (à la logique symbolique de l'inconscient dirait Lacan). — Comme l'écrivent Watzlawick, Helmich-Beavan, Jackson dans leur livre Une logique de la communication (Éditions du Seuil), p. 14 : « Un phénomène demeure incompréhensible tant que le champ d'observation n'est pas suffisamment large pour qu'y soit inclus le contexte dans lequel ledit phénomène se produit. «
- Absurde
Qui est contraire à la raison, qui s'oppose au bon sens.
• La logique distingue le faux l'absurde. Un raisonnement absui renferme une contradiction inter] alors qu'un raisonnement faux n' pas nécessairement contradictoire.
• Pour l'existentialisme, l'absurde est un concept central. Il caractérise l'existence qui échappe à toute tentative de justification et à laquelle il est impossible de donner un sens (le Mythe de Sisyphe, d'Albert Camus).
• La démonstration par l'absurde consiste à prouver de manière indirecte qu'une proposition est vraie en montrant que sa négation conduit à une contradiction.
«
Descartes la raison qui nous rend homme.
Or dans une pensée rationnelle l'absurde est le non-être, ce qui ne peutpas être et qui ne peut prétendre à une degré de réalité.
Pour l'homme rationnelle il n'y a pas de s'arrêter surl'absurde.
Elle relève de l'erreur ou de l'ignorance et en ce sens elle doit être combattue le plus tôt possible.
Ainsi,par la raison ou plus exactement le « bon sens » comme il est question au début du Discours de la Méthode , nous sommes tous égaux.
En ce sens, l'absurde n'a pas de valeur, il est un autre lieu que la raison et n'a passpécialement de sens propre.
Et cela d'autant plus que le rationalisme considère que toutes nos connaissancesviennent de la raison.
Et c'est bien en ce sens que l'on peut dire que l'irrationnel est donc un non-sens, uneabsurdité : « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ; car chacun pense en être si bien pourvu queceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ilsen ont.
En quoi il n'est pas vraisemblable que tous se trompent: mais plutôt cela témoigne que la puissance de bienjuger et distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens ou la raison, estnaturellement égale en tous les hommes ; et ainsi que la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les unssont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, etne considérons pas les mêmes choses.
Car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquerbien.
Les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices aussi bien que des plus grandes vertus ; et ceuxqui ne marchent que fort lentement peuvent avancer beaucoup davantage, s'ils suivent toujours le droit chemin,que ne font ceux qui courent et qui s'en éloignent ».
b) La question est alors de savoir pourquoi l'esprit rationnel ne considère pas l'absurde ou ne lui accorde aucunevaleur.
La question est alors de savoir s'il existe-t-il un moyen assuré de parvenir à des vérités certaines ?Descartes dans son Discours de la méthode nous montre que l'ordre géométrique érigé en « mathématique universelle » fournit ce moyen : il suffit de déduire de façon ordonnée toutes les vérités à partir d'évidencespremières.
Et cela est compris ainsi par Descartes c'est notamment que pour lui la certitude doit être le critère devérité.
C'est pourquoi Descartes ajoute dans Les Règles pour la direction de l'esprit : « Il faut noter en outre que les expériences sont souvent trompeuses, mais que la déduction […] peut sans doute être omise si on ne l'aperçoitpas, mais ne saurait être mal faite même par l'entendement le moins capable de raisonner ».
Le principe decertitude, donc de vérité, de la connaissance scientifique repose sur la seule capacité de la raison, ou plutôt, del'entendement.
La vérité se comprend alors dans un modèle déductif et permet alors l'établissement d'une méthodequ'il définit comme : « des règles certaines et faciles, grâce auxquelles tous ceux qui les observent exactement nesupposeront jamais vrai ce qui est faux, et parviendront sans se fatiguer en efforts inutiles mais en accroissantprogressivement leur science à la connaissance vraie de tout ce qu'ils peuvent atteindre ».
Or de ce point de vue, ilest certain que l'absurde n'a pas de valeur scientifique.
Au mieux il sert de preuve indirecte comme on peut le voirdans le raisonnement par l'absurde.
Il ne s'agit pas de faire de l'absurde un élément scientifique mais bien de voirque sa fécondité cognitive est nulle.
c) Dès on peut voir apparaître que le privilège de la rationalité qu'elle donne aux mathématiques vient, enprofondeur de la nature même de l'évidence qui sous-tend tout l'appareil déductif et qui donc exclut l'absurde.
Lacertitude des mathématiques tient, en effet, au modèle même du raisonnement déductif, suite de propositionsnécessaires se ramenant à une série d'évidences claires et distinctes : l'esprit perçoit, à chaque étape de sonraisonnement, des « natures simples », objets d'intuition intellectuelle.
La déduction n'est ainsi qu'une longue suited'intuitions rationnelles : « Par là, on voit clairement pourquoi l'arithmétique et la géométrie sont beaucoup pluscertaines que les autres sciences : c'est que, seules, elles traitent d'un objet assez pur et simple pour n'admettreabsolument rien que l'expérience ait rendu incertain, et qu'elles consistent tout entières en une suite deconséquences déduites par un raisonnements.
Elles sont les plus faciles et les plus claires de toutes.
» Descartes , Règles pour la direction de l'esprit .
La déduction en tant que fer de lance de la pensée rationnelle s'oppose ainsi à l'absurde qui relève du non-sens.
Transition :
Cependant, faire de l'absurde le pendant du rationnel n'est-ce pas dire que l'absurde n'existe pas, qu'il n'a pas devaleur en dehors de se voir saisir par la raison ? Autrement dit, la raison est en croisade et recherche à toutconvertir.
Mais n'est-ce pas avoir un concept faible et réduit de l'absurde ? N'a-t-il pas tout de même quelquechose dans l'absurde qui est irréductible et en fait la valeur ?
II – L'absurde : limite permanente à l'intelligibilité
a) Pour bien comprendre l'ensemble du sens de cette partie, il est nécessaire de voir que l'on peut comprendrel'absurde comme le pendant de l'irrationnel.
L'absurde est bien une partie de l'irrationnel.
Or, on peut dire quel'irrationnel est irréductible.
En effet, Hegel , notamment dans la Raison dans l'histoire a tenté d'intégrer dans le mouvement de la raison toutes les contradictions de l'existence et de l'histoire.
La conjugaison apparemmentabsurde de l'ensemble des passions humaines ou de l'histoire des individualité n'est pas dénué de rapport à larationalité.
Il ne s'agit que d'un moment de la vie de l'esprit qui va tendre à devenir rationnel s'il est saisiecorrectement.
Or force est de constater que malgré cette volonté de rationalisme intégral, il n'en reste pas moinsque l'on peut observer un résidu irréductible d'irrationalité et d'absurdité.
On ne saurait en effet comprendre ouintégrer rationnellement toutes le violences et toutes les atrocités des guerres par exemple comme les chambres àgaz.
L'absurde est bel et bien présent.
b) Ou plus exactement, il peut-être ce qui est en passe de devenir rationnel.
Et c'est bien ce que l'on retrouveavec le rationalisme intégral de Hegel notamment dans la Préface de la Phénoménologie de l'Esprit .
Ainsi, tout.
»
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