L'abstraction nous éloigne-t-elle de la réalité ?

« — L'abstraction n'augmente pas notre pouvoir sur les choses — La pensée abstraite s'éloigne de la réalité concrète.

Elle ne donne qu'une idée simplifiée et réductrice du monde.

C'est l'expérience pratique qui nous donne un pouvoir sur les choses.

L'abstraction s'é- loigne de la réalité S i l'on accorde trop de pouvoir à la pen- sée abstraite, on finit par s'éloigner de la réalité et par créer des concepts vi- des de sens.

Qu'est-ce donc que le «monde des idées» platonicien ou la «monade» leibnizienne? Des représentations ima- «Je ne nie pas l'utilité des idées abstraites et géné- rales, pas plus que je ne conteste la valeur des billets de banque.

Mais de même que le billet de banque est une promesse d'or, ainsi une conception ne vaut que par les perceptions éven- tuelles qu'elle représente.» Henri Bergson, La Pensée et le mouvant ginaires auxquelles on a accordé un statut de réa- lités.

De telles notions nous égarent plutôt qu'elles n'augmentent notre pouvoir sur les choses.

L'abstraction «mutile le réel» D es philosophes com- me Bergson ou Husserl ont eux aussi critiqué l'abstraction au nom de l'expérience concrète, du vécu.

Pour Bergson, l'abstraction «mutile le réel»: elle appauvrit la réalité en ré- duisant à un concept com- mun une infinité de réa- lités singulières.

Le con- cept d'«amour» ne ren- dra jamais compte du sen- timent unique que j'éprou- ve pour telle personne.

La pratique nous donne un pouvoir sur les choses D ans la vie courante, l'abstraction est sy- nonyme de connaissance théorique.

Elle s'oppose à l'expérience pratique, concrète des choses.

Un mécanicien n'a pas be- soin de connaître les principes de la thermo- dynamique pour répa- rer un moteur.

Son sa- voir-faire et son pouvoir sur les choses, il les tire uniquement de son con- tact quotidien avec les objets.

L'abstraction détache la pensée de la réalité.

Elle ne saurait donc augmenter notre pouvoir sur les choses.. »