LABERTHONNIÈRE Lucien (186o-1932) Le Père Laberthonnière, de l' Oratoire, est un des initiateurs de ce qu'on a appelé péjorativement la pensée « moderniste ».
Publié le 21/10/2012
Extrait du document
«
se fonde toute connaissance et la pensée s'épuise à tenter d'en ressaisir la richesse infinie.
Entreprise condamnée dès le principe : la connaissance procède par décomposition et le jugement qui détermine le réel, distinguant l'attribut (le « What ») du sujet (le « That »), brise l'unité immédiate et s'interdit
par là même d'atteindre jamais le réel auquel l'apparence s'oppose comme le fragmentaire au total (Appearance and Reality, 1893).
Mais Bradley ne prétend pas revenir au devenir pur.
La pensée répond en effet à un besoin,
à une inquiétude inhérente à l'expérience
immédiate elle-meme : celle-ci est le fait de « centres finis », soumis au changement et à la contradiction et qui
aspirent à une expérience totale.
Ainsi la
réalité est-elle à la fois en deçà et au delà des prises de la connaissance; la pensée vise un absolu où elle s' accom plirait en se dépassant elle-même.
Mais si toute distinction implique une unité
plus profonde, apparence et réalité
doivent être considérées comme deux termes corrélatifs.
La philosophie a
pour centre une « double vérité » : « la relation positive de chaque appa rence en tant qu'elle qualifie la réalité,
et la présence de la réalité au sein des apparences, à différents degrés et avec des valeurs diverses » (Duprat).
D'où l'ambiguïté d'une telle philosophie, « apparence fragmentaire et unilatérale de l'absolu », et qui se fonde sur un « robuste scepticisme »; philosophie dont nous voudrions retenir l'effort
pour remonter aux racines mêmes de la connaissance et de la réflexion et
pour élucider les conditions de l'exercice de la pensée, la tentative pour définir un « universel concret », riche de toutes les déterminations du particulier et qui
soit comme l'horizon de l'expérience
elle-même.
{ H.D.)
BOSANQUET Bernard (1848-1923)
qui enseigna à Saint-Andrews, pro
fessait un idéalisme très proche de celui de Bradley.
Mais il fut plus que lui préoccupé d'éprouver cet idéalisme au contact de l'expérience la plus concrète et de définir la situation de l'individu, les conditions de sa réalisation, la signi
fication des valeurs (The Principle of lndividuality and Value, Value and Destiny of the Individual, 1913).
Nous réalisons en nous l'infini si nous parvenons, au prix d'un effort que Bosanquet qualifie « d'héroïque », à ordonner notre expérience, sociale, scien
tifique, etc.
en un tout cohérent qui
satisfasse l'esprit et l'affranchisse de la contradiction.
« C'est dans ses œuvres que nous devons rechercher la réalisation de l'individu ».
Ainsi de l'artiste, dont les œuvres sont à l'image de l'univers, « unité plastique d'un système incluant le détail » (Lectures on Aesthetics).
( H.D.)
ROYCE Josiah (1855-1916)
La réflexion sur la logique se combine dans son œuvre à la spéculation morale.
Si l'affirmation de l'esprit absolu répond, selon lui, aux conditions de l'exercice de la pensée, il a le souci constant de ne
pas sacrifier à un monisme abstrait les exigences de la vie pratique, de ne point
poser l'absolu à part des individus concrets : le moi absolu est la société des personnes dont le dialogue constitue le monde, « unité spirituelle et qui transcende la simple nature » (The World and the Individual).
La Philosophie du Loyalisme ( 1908) définit la « personne » par la fidélité
à une cause librement choisie.
Ce « loyalisme »fait le fond de la moralité, et représente la valeur suprême que l'homme doit respecter en l'homme,
par delà la diversité des causes, la
multiplicité des valeurs.
( H.D.)
CROCE Benedetto (1866-1952)
(Voir page 304)
HERR Lucien (1869-1926)
né à Altkirch, mort à Paris, fut biblio thécaire de l'Ecole Normale Supérieure de 1888 à 1926, et la conscience de la génération socialiste qui comptait
Jaurès et Péguy.
Ses Ecrits, peu
nombreux, ont été réunis en volume.
JAURÈS Jean (1859-1914)
Né à Castres, mort à Paris.
Ses œuvres principales sont De la réalité du monde sensible ; Le Socialisme et les peuples (1899) ; Etudes Socia listes (1902).
HAGERSTROM Axel (1868-1939)
un des principaux représentants de la
philosophie suédoise, fut à la tête du Groupe d'Upsal, de tendance rela
tiviste.
Ernst Cassirer lui a consacri une importante étude.
Il a été publié de lui, en allemand : Das Prinzip der Wissenschaft (1908) et en anglais : lnquiries into the nature of law and morais (1953).
STROUVE Pierre (1870-1944)
est l'auteur de : La théorie marxiste du développement social (1899);
Essais de philosophie pluraliste
(1922).
LOSSKI Nicolas-Onuprijervirsch
(né en 1870)
est l'auteur de : The world as an organic whole ( 1928); L'intuition, la matière et la vie (1928); The freedom of will ( 1932); Value and Existence (1935).
GENTILE Giovanni (1875-1944)
Né à Castelvetrano (Sicile), l'auteur de : Teoria dello spirito come atto puro (1916), tr.
fr.
L'Esprit, acte pur (1925), est mort à Florence.
La méditation de la philosophie hégé lienne en France avait été plus logique que politique, plus ontologique qu'his
torique; en Italie, l'hégélianisme appa
raît au moment où le mouvement de libération et d'unification du pays s'a morce, et c'est vers les principes de la
philosophie du Droit, la notion de l'Etat que les penseurs italiens se tournent.
Benedetto Croce constitue un « humanisme historique » dont la vigueur
fait des adeptes avec la
création, en 1903, de la revue « La Critica ».
Croce comme Gentile se réclament d'une
tradition philosophique strictement ita
lienne :
Croce se veut dans la ligne
philosophique de Vico, Gentile se pose en fonction de Bruno; l'un comme l'autre s'opposent à une philosophie du « cogito », dont l'approfondissement ne peut en aucun cas atteindre l'esprit;
la limitation de la réflexion philoso
phique à l'intérieur du cogito ignore que l'esprit ne peut être connu que dans l'histoire et dans l'histoire la plus concrète.
Gentile recherche l'Absolu dans la réalité même, Absolu qui est créateur de l'esprit.
L'absolu est inséparable de l'histoire qui est « non le présupposé,
mais la forme réelle et concrète de l'actualité spirituelle », dont la liberté
est ainsi établie.
Sa propre doctrine s'insère dans le devenir historique envers lequel elle veut être non contemplation
mais participation : morale et politique
sont d'autant plus significatives qu'elles
sont
les seules formes que peut prendre cette participation active à l'activité créatrice.
Mais il en résulte une anti
nomie, que Gentile appelle « l'antinomie
historique » : d'une part, l'esprit est
solidaire, jusque dans son intimité la
plus profonde, d'un développement his
torique; d'autre part, il n'est pas
historique, en tant qu'il est acte éternel.
L'antinomie n'est résolue que dans et
par la philosophie : « L'histoire n'est
vraiment concrète que dans l'acte de celui qui la pense comme histoire éter
nelle ».
Histoire, philosophie et histoire de la philosophie ne sont qu'une seule et même réalité, ce qui permet de com prendre que le moment subjectif de la
réalité, l'art, et son moment objectif,
la science, se trouvent réconciliés dans son moment absolu, qui est la philo
sophie.
(P.H.)
DE MAN Henri (1885-1953)
Né à Anvers.
Ses ouvrages ont contribué
à accroître la confusion où se débat le mouvement socialiste.
De Man se proposa de « dépasser » le marxisme, qu'il déclara responsable du déclin du mouve ment ouvrier dans Au delà du marxisme.
Il affirma la nécessité d'une critique de l'hédonisme économique sur lequel est
fondé - selon lui - le marxisme, et d'une « PeJJchanalyse de la pensée socialiste » : « la classe ouvrière est infériorisée parce qu'elle se sent infé
riorisée ».
De tels « complexes » suscitent l'apparition de « concepts compensatoires » : la lutte de classes n'est pas inscrite dans les faits mais
traduit le refus de la part de la classe ouvrière- et d'abord de ses dirigeants de s'adapter au milieu capitaliste.
D'où l'urgence d'une riforme morale du mouvement ouvrier, d'un retour à 1 'Idée Socialiste.
De Man voulut « gagner de vitesse le fascisme » : mais « gagner de vitesse », n'est-ce pas arriver plus
tôt au même but? On peut le craindre en pensant au rôle de De Man pendant
la dernière guerre.
Ce penseur doué, mais, dans l'action, sensible aux « ten
tations », est mort exilé en Suisse, dans
la solitude.
( H.
D.)
421.
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