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«La vraie liberté, c'est pouvoir toute chose sur soi» - Montaigne.

Publié le 29/10/2009

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montaigne

«Pouvoir toute chose sur soi«

Vivre à propos, c'est aussi savoir que «la vraie liberté, c'est pouvoir toute chose sur soi«.

Car, pour ce qui est des lois, le point de vue de Montaigne est éminemment socratique :

« ...les loix se maintiennent en crédit, non par ce qu'elles sont justes, mais par ce qu'elles sont loix. C'est le fondement mystique de leur authorité; elles n'en ont poinct d'autre.

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« «Pouvoir toute chose sur soi» Vivre à propos, c'est aussi savoir que «la vraie liberté, c'est pouvoir toute chose sur soi». Car, pour ce qui est des lois, le point de vue de Montaigne est éminemment socratique : « ...les loix se maintiennent en crédit, non par ce qu'elles sont justes, mais par ce qu'elles sont loix.

C'est lefondement mystique de leur authorité; elles n'en ont poinct d'autre. ...Il n'est rien si lourdement et largement fautier que les loix, ny si ordinairement.

Quiconque leur obeyt parcequ'elles sont justes, ne leur obeyt pas justement où il doibt... De même est-il adversaire non seulement de la révolution table-rase, mais encore du changement, source de tantde surenchère conflictuelle : ...de nos loix et usances, il y en a plusieurs barbares et monstrueuses : toutefois, pour la difficulté de nous mettreen meilleur estât et le danger de ce crollement (bouleversement), si je pouvois planter une cheville à nostre roueet l'arrester en ce point, je le ferois de bon cœur. Non pas que Montaigne soit adversaire de ce qui serait meilleur, mais manifestement il ne croit pas qu'il suffirait de«s'engager», au sens partisan de ce terme, pour que comme par enchantement tout en aille mieux.

Au contraire,c'est bien de cet esprit de parti et d'engagement que la France pâtit et que les luttes s'enveniment.

Pour lui, il luisuffit de ne pas se mentir à soi-même et de remplir sa charge comme l'usage le commande, car : «le Maire etMontaigne ont toujours esté deux, d'une séparation bien claire». «Tu meurs de ce que tu es vivant» Vivre à propos, pouvoir toute chose sur soi, voilà et la liberté et la jouissance.

Que vienne s'ajouter la«préméditation » de la mort, et l'homme prend la bonne mesure de son être naturel avec sérénité. La préméditation de la mort est préméditation de la liberté.

Qui a appris à mourir, il a désappris à servir. Tu ne meurs pas de ce que tu es malade ; tu meurs de ce que tu es vivant. C'est la condition de votre création, c'est une partie de vous que la mort : vous vous fuyez vous-mêmes.

Cet êtrequi est le vôtre, que vous jouissez, a également part à la mort et à la vie.

Le premier jour de votre naissance vousachemine à mourir comme à vivre. ...

que philosopher c'est apprendre à mourir. ...

quand la jeunesse meurt en nous, qui est, en essence et en vérité, une mort plus dure que n'est la mort entièred'une vie languissante, et que n'est la mort de la vieillesse.

D'autant que le saut n'est pas si lourd du mal être aunon être, comme il est d'un être doux et fleurissant à un être pénible et douloureux. ...

vous êtes mort après la vie; mais pendant la vie, vous êtes mourant, et la mort touche bien plus rudement lemourant que le mort, et plus vivement et essentiellement. Tous les jours vont à la mort, le dernier y arrive. Ce n'est pas contre la mort que nous nous préparons.

Un quart d'heure de passion sans conséquence, sansnuisance, ne mérite pas des préceptes particuliers.

A dire vray, nous nous préparons contre les préparations de lamort. «Chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition» S'il est vrai, comme le dit Montaigne, que « chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition», on peutdire qu'il l'a portée de façon exemplaire, autrement dit sans se spécialiser, sans se dénaturer, s'acceptant, commetout homme qui ne se « force » pas, «divers et ondoyant». Cela étant, contre toutes les pseudo-logiques dogmatiques, voilà un homme qui avoue — fût-ce parfois à motscouverts — se préoccuper plus de santé que de salut, vivre en mortel plus qu'en captif d'une âme immortelle, s'enremettre au filtre de l'expérience plutôt qu'aux philtres de l'illusion ou des dogmes, et qui, lorsqu'il se laisse aller àdire «le fond du pot», confesse un anarchisme authentique : un pays sans «nom de magistrat, ni de supérioritépolitique», « sans lois, sans rois».

Avec Montaigne meurt d'une certaine façon la philosophie qui a réponse à tout,dont les systèmes affirment plus qu'ils ne prouvent, dont les constructions savantes ennuyent encore plus qu'ellesne font accroire, et naît, fût-ce hors philosophie, cette « poésie sophistiquée», le plaisir de ne pas mentir, celui devivre à propos, et de raison garder en tout. Etre tout homme et tout honnête, non qu'il ne flanche ou n'erre, mais non pas sans aveu ou reprise, voilà l'honnêtehomme en ses essais.. »

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