La volonté d'avoir raison est-elle un obstacle au dialogue ?
Publié le 16/01/2011
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Pour le scientifique comme pour le philosophe, pour n’importe quel homme recherchant la vérité, la « volonté d’avoir raison « repose avant tout sur la volonté de convaincre. Cette volonté manifeste l’intention de faire triompher le point de vue qui semble légitime à un homme soit parce qu’il estime que les motifs rationnels qu’il a de les soutenir rendent cette thèse universalisable, acceptable pour tous, soit parce que la conviction qu’il attache à ce point de vue lui semble justifier qu’il soit partageable pour tous. Le dialogue demande une ouverture d’esprit, d’écoute afin de pouvoir échanger, communiquer mais il suppose aussi que l’on puisse admettre le point de vue se son interlocuteur.
En ce sens un problème se pose, vouloir à tout prix avoir raison conduit à la susceptibilité, l’intolérance et empêche de prendre en considération un autre point de vue que le sien. Pour aller plus loin encore, on peut même dire que cette volonté dissuade d’écouter la personne avec qui l’on parle, or n’est-ce pas le fondement même du dialogue ? Et donc dans ses conditions la volonté d’être dans le vrai empêche-t-elle de pratiquer honnêtement le dialogue ?
Pour cela, demandons nous si la volonté a un rôle dans la construction dans un individu de caractère ? Puis posons nous la question de savoir comment la volonté d’avoir raison peut-elle être un obstacle au dialogue et si oui, quelles en sont les conséquences ? Et enfin demandons nous comment se manifeste la volonté d’être dans le vrai ?
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On comprend donc qu'en ce sens la conviction d'avoir raison n'est pas un obstacle au dialogue bien au contraire: elle permetmême son existence.
Un dialogue intéressant ne peut l'être que s'il y a confrontation entre deux opinions, deux convictions qui,par lui, vont s'enrichir mutuellement.
Ainsi, entre le professeur et l'élève on ne peut dire par exemple qu'il y a dialogue.
Ledialogue pourra avoir lieu quant l'élève aura réfléchi la thèse de son professeur et qu'il s'en démarquera.
La volonté d'avoir raison peut-être alors dans certaines mesures un obstacle au dialogue d'une part parce qu'elle amène à undialogue de sourd à cause de l'émetteur qui oublie ce qu'est le dialogue au profit de la volonté d'être dans le vrai; et d'autre partcar elle dépend de la personne qui est prête à entendre ou non les arguments.
Cependant la volonté d'avoir raison, la convictionreste indispensable au dialogue car sans elle le dialogue ne pourrait avoir de sens, de but.
La volonté d'être dans le vrai amène à la notion de « désir d'être dans le vrai ».
En effet, sous le voile de la volonté se cachel'inclination pathologique ou calculatrice de la domination.
On passe de la volonté au désir.
Vouloir quelque chose signifie parfoisle désirer.
La raison qui peut nous pousser à désirer est le fait que l'on aime avoir raison et l'on est de ce fait réticent à avouer sestorts à quelqu‘un même si parfois on le reconnaît en son fort intérieur.
Les mobiles sensibles d'un tel désir se montrent à traversle caractère de celui qui veut « avoir raison » y compris contre la raison ou en abusant de celle-ci.
C'est à cela que l'on reconnaîtles personnes qui « veulent toujours avoir raison » ce qui donne alors une connotation péjorative du désir d'avoir raison.
Undiscours qui donne toute sorte d'arguments pour prévenir toute critique finit par perdre de son raidit parce que l'on soupçonne decacher des mobiles moins rationnels.
Il s'agit selon Kant d'une « pathologie » car ainsi il souligne la tendance quasi maladive.C'est une forme de volonté de dominer.
En revanche, si la « volonté » reste « volonté » et ne glisse pas en « désir » alors le motifsera acceptable, et l'on ne donnera aucun sens péjoratif à une personne qui veut simplement être dans le vrai, car peut-être peutelle se rapprocher de la vérité universelle, qui conviendrait à tous.
Certains hommes font de cette recherche de la vérité leur vertu.
Nous avons vu que sans l'obstination le dialogue tourne courtdevant celui qui sait imposer son point de vue par des moyens irrationnels autant que devant des arguments rationnels.
Or lavolonté d'avoir raison et les efforts qu'elle implique ont une portée qui est utile à la découverte de faits et de théories indéniable àcondition de ne pas être têtu: celui du scientifique, celui du politicien, celui de tout homme.
Nous pouvons donner l'exemple deBachelard qui dans La formation de l'esprit scientifique montre que les obstacles les plus importants se trouvent dans lasubjectivité de l'homme.
Cette obstination de celui veut avoir raison peut donc contribuer à révolutionner les mentalités.
Etbeaucoup de scientifiques et philosophes y ont consacré leur vie parfois même jusqu'à la donner.
Nous pourrons alors citerGiordano Bruno qui périt sur le bûcher ou Rousseau qui fut marginalisé.
En conclusion, nous pouvons dire que « vouloir avoir raison » est légitime car il construit un individu de caractère.
Toute foisnous pouvons dire qu'il « gêne » le dialogue car il amène les individus à ne pas se prendre en considération l'un l'autre, maisaussi car il suppose que certains ne sont pas encore prêts à admettre la vérité.
Il ne gêne pas à condition de savoir accepter lacritique.
Il n'est pas un obstacle au dialogue dans le sens où il est le « fil conducteur », le « moteur du dialogue ».
Cette volontépeut contribuer à révolutionner les mentalités, cette révolution est donc le fruit de tout ce travail, cette hargne et cette volonté dese rapprocher de la vérité universelle..
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