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La vitesse n'a-t-elle apporter que des inconvénients à notre civilisation ? (A partir de la thèse d'Alain)

Publié le 27/02/2008

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alain
Ne voit-on pas se développer, comme un corollaire de cette nouvelle condition imposée aux hommes, de véritables maladies de la vitesse prenant la forme de névroses obsessionnelles ? Le cinéma et de nombreux romans se font le reflet de cette fascination exercée par la vitesse sur nos contemporains. N'est-ce pas aussi l'une des causes principales des accidents de la route, nouveau fléau de notre temps ? La vitesse ne permet plus aux hommes de s'attarder aux beautés du monde Toute notre vie se trouve ainsi de plus en plus orientée vers la productivité, le « rendement », l'efficacité des mouvements. C'est ce qu'Alain nommait « la stupidité diligente des abeilles ». Il y a de moins en moins de place dans notre existence pour la poésie, la détente dans le calme de la nature. On se prend souvent à regretter l'époque des lents voyages qu'évoquait Vigny dans La Maison du Berger : « Adieu, voyages lents, bruits lointains qu'on écoute, Le rire du passant, les retards de l'essieu, Les détours imprévus des pentes variées, : Un ami rencontré, les heures oubliées, L'espoir d'arriver tard dans un sauvage lieu. » II. LES AVANTAGES DE LA VITESSE Intérêt économique Une telle condamnation peut cependant sembler injuste. Sans doute le monde moderne dépense-t-il beaucoup d'énergie, mais aussi quel prodigieux accroissement des possibilités offertes aux individus dans l'espace d'une vie ! Notre temps a inauguré l'ère des grands voyages.
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« «Et vous, grandes glaces à travers lesquelles j'ai vu passer la Sibérie et les Monts du Samnium,La Castille âpre et sans fleurs, la mer de Marmara sous la pluie tiède !Prêtez-moi, ô Orient Express, Sud Brenner-Bahn, prêtez-moiVos miraculeux bruits sourds...

» La vitesse dans la production des objets matériels n'accroît-elle pas aussi le bien-être de l'humanité en permettanttoujours à un plus grand nombre d'hommes de les utiliser ? Grâce à cela nous pouvons espérer vaincre un jour lafamine et la misère dans toutes les régions du globe.

Les économistes modernes savent que la consommation accruedes produits est le meilleur moteur de l'activité industrielle et commerciale d'une nation. Les plaisirs de la vitesseII existe par ailleurs un authentique plaisir de la vitesse que nosancêtres ne pouvaient qu'ignorer.

On peut aimer les impressions ressenties dans un véhicule très rapide sans êtrepour autant un « névrosé ».

Dans La Prose du Transsibérien Biaise Cendrars a décrit l'attrait d'un paysage vu d'untrain lancé à toute allure : « Toutes les gares lézardées, obliques sur la route, Les fils téléphoniques auxquels ellespendent Les poteaux grimaçants qui gesticulent et les étranglent Le monde s'étire, s'allonge et se retire comme unharmonica qu'une main sadique tourmente ». La vitesse permet d'accroître les loisirsLoin de nous empêcher de goûter les beautés de la nature, cet accroissement du rythme de notre vie permet ausside nous libérer davantage.

Le temps des loisirs devient plus important : pour le commun des mortels qui peutdésormais goûter chaque année une détente réelle pendant plusieurs semaines.

Les conditions inhumaines de travaildécrites dans les romans de Zola nous paraissent de plus en plus révolues. III.

UNE ADAPTATION NÉCESSAIRE L'inquiétude exprimée par Alain n'était donc pas entièrement fondée.

Il est cependant certain que ce nouveauvisage de notre existence présente des risques pour l'humanité. Une mutation trop brutaleL'apparition de la vitesse dans les divers secteurs de notre activité s'est faite d'une manière trop soudaine.

Le XIXesiècle a vu se succéder en un intervalle de quelques années des inventions très importantes par leurs conséquences: la machine à vapeur, le moteur à explosion, l'aviation, les applications industrielles de l'électricité.

Vigny traduisaitcette impression de brutalité par un symbole expressif : « Sur letaureau de fer qui fume, souffle et beugle,L'homme a monté trop tôt.

» L'ivresse du début et ses conséquencesLes générations qui nous ont précédés ont connu devant ces bouleversements une ivresse véritable qui les a parfoisconduites à certains excès.

A quoi bon accroître la vitesse des machines si toute une part de la main-d'oeuvre doiten échange être transformée elle-même en « bête humaine » ? Les responsables actuels du travail industriel doiventse garder de telles erreurs et l'on convient de plus en plus qu'il est nécessaire d'humaniser le monde des usines. Une optique neuve s'imposeD'autre part, notre univers du XXe siècle ne peut plus être pensé selon les normes du passé.

La vitesse a modifié lesrelations entre les êtres humains et le réel.

Ne vaut-il pas mieux s'adapter à ces conditions nouvelles ? Mais unetelle adaptation nous impose une discipline personnelle, un effort constant pour garder la préoccupation du servicedes hommes, en dehors duquel tout progrès demeurera vain.

C'est l'un des messages de Saint-Exupéry qui sutparticiper à la conquête de l'air sans perdre jamais de vue sa responsabilité d'homme.

« L'avion n'est pas un but,écrivait-il, c'est un outil comme la charrue.

» CONCLUSION La sagesse moderne ne consiste donc pas à rejeter la vitesse, mais bien plutôt à la maîtriser, à la fairevéritablement nôtre en l'adaptant aux exigences des hommes.

Ainsi, loin de nous appauvrir, elle nous aura donnéune dimension nouvelle; loin de nous abrutir, elle rendra notre vie plus savoureuse.. »

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