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LA VIOLENCE - Hobbes

Publié le 22/01/2020

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Dégagez l’intérêt philosophique du texte suivant en procédant à son étude ordonnée.

L’état de nature, cette guerre de tous contre tous, a pour conséquence que rien ne peut être injuste. Les notions de droit et de tort, de justice et d'injustice n’ont dans cette situation aucune place. Là où il n’y a pas de Pouvoir commun, il n’y a pas de loi ; là où il n’y a pas de loi, il n’y a pas d’injustice : force et ruse sont à la guerre les vertus cardinales. Justice et injustice n’appartiennent pas à la liste des facultés naturelles de l’Esprit et du Corps ; car dans ce cas elles pourraient se trouver chez un homme qui serait seul au monde (au même titre que ses sens et ses passions). En réalité la justice et l’injustice sont des qualités qui se rapportent aux hommes en société, non à l’homme solitaire. La même situation de guerre a aussi pour conséquence qu’il n’y existe ni propriété [...] ni distinction du Mien et du Tien, mais seulement qu’à chacun appartient ce qu’il peut s'approprier et juste aussi longtemps qu’il est capable de le garder.

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L’homme présocial n’est qu’un animal. Comme tel, il dispose de « facultés naturelles de l’Esprit et du Corps ». Pour l’« Esprit » : il semble qu’en dehors de la ruse, il n’existe pas grand chose. Pour le « Corps », c’est évidemment la puissance physique (à laquelle la suite du texte permet d’adjoindre les sens et les passions : relations à l’environnement, et répercussions de ce dernier — les « passions » étant à comprendre étymologiquement comme ce qui est subi). Autant considérer qu’il n’y a dans l’esprit pas d’autres facultés que celles qui peuvent seconder les rapports de force.

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« LA PRATIQUE ET LES FINS - Ne pas confondre propriété et appropriation momentanée (cf.

la fin du texte).

- Attention au cas de l'homme solitaire, presque paradoxal puisqu'il ne peut, par définition, être en guerre avec qui que ce soit.

CORRIGÉ [Introduction] De nombreux théoriciens ont admis l'existence d'un «droit naturel», ou celle de droits déjà inscrits dans la nature initiale de l'homme.

Hobbes les contredit ici, puisqu'il considère que dans l'état originel de nature, il ne peut exister aucun droit, ce qui a pour conséquence immédiate que toutes les notions relatives aux valeurs juridiques ou morales en sont éga­ lement absentes.

La nature est un espace, ou une situation, où se déploie uniquement la force physique, qui règle ou dérègle toutes les relations entre les hommes primitifs.

[I.

Inexistence du « droit naturel »] Dès le début du texte, le rappel d'une équivalence fondamentale entre état de nature et « guerre de tous contre tous » suffit à indiquer que, dans cet état de nature, ne règne rien d'autre que la force physique.

Et il convient de considérer ce règne comme excluant toute autre possibilité.

C'est pourquoi Hobbes prend soin de préciser que des notions comme le droit et le tort, la justice et l'injustice n'ont initialement aucune significa­ tion ou réalité.

Admettre leur existence dans cette période où l'homme ne se distingue pas encore vraiment de l'animal, c'est donc céder à une illu­ sion rétrospective (on sait que Rousseau la dénoncera lui aussi, déplorant que les philosophes de son temps attribuent trop facilement à l'homme de la nature des qualités ou propriétés que l'homme n'a pu acquérir qÙ'à tra­ vers une longue histoire).

Quelle est alors l'origine de toute loi (donc, du droit lui-même)? Uni­ quement l'instauration du pouvoir commun (distinct de la puissance indi­ viduelle : il s'impose à tous et dépasse les rivalités entre personnes).

Tant que celui-ci fait défaut, la loi est également absente, au sens juridique ou conventionnel.

Ne règne que la seule« loi de la jungle»: il s'agit simple­ ment d'être et de se montrer, dans chaque situation, le plus fort.

C'est pourquoi, dans la guerre première de tous contre tous, les « vertus cardinales» (expression utilisée ironiquement) ne peuvent être que la force et la ruse : tous les moyens sont bons, y compris - sinon en. »

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