La violence a-t-elle une fin ?
Publié le 12/12/2023
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La violence a-t-elle une fin ?
Comme l'a souligné Albert CAMUS dans son œuvre, L'Homme révolté
publié en 1951, la violence semble être une constante tragique dans le récit humain,
un fil rouge qui traverse les civilisations et les époques.
Il observe que l'histoire est
jalonnée de conflits, de guerres, et de révoltes, montrant ainsi la propension de
l'humanité à recourir à la violence pour résoudre ses différends.
Ainsi la violence
semble ne jamais avoir de fin et revenir dès lors qu’une tension apparaît.
De plus, sa représentation dans nos sociétés ne cesse d’augmenter : avec les
multiples formes de violence diffuse et spectaculaire, elle est omniprésente autour de
nous.
Et cela est notamment accentué par les médias, qui nous la présentent chaque
jour sous différente forme.
Mais cette violence n’est pas nouvelle : déjà dans les 1ères
civilisations, les conflits et les combats étaient inévitables, et se sont reproduits
encore et encore, devenant même mondiaux.
Et cela semble montrer que celle-ci n’a
pas de fin, et continue de se produire : elle est présente partout, à tout moment.
Cependant la violence, en plus de pouvoir se réguler, devient un moyen
d’atteindre un but.
Celle-ci peut avoir un objectif, atteindre une fin différente que la
violence elle-même.
En effet, par sa représentation, par le développement de la
justice ou d’un État même, il est possible de mettre un terme à la violence, ou d’au
moins la réguler.
Elle peut même devenir une fin en tant qu’elle permettrait de se
réguler elle-même, mais également de développer l’homme.
Sous certaines
conditions, la violence peut être justifiée dans le but de protéger les citoyens ou de
ramener l’ordre.
La violence n’a-t-elle donc comme fin que la violence elle-même, comme
semble nous le montrer l’histoire humaine, ne s’arrête-t-elle jamais ? A-t-elle un but,
sert-elle une cause, ou n’est-elle qu’un moyen d’accomplir ses objectifs ? La violence
a-t-elle une fin ?
La violence semble être omniprésente partout autour de nous, tant dans
l’histoire humaine et la représentation aujourd’hui qu’on en fait, que dans les
hommes eux-mêmes et les pulsions qui font partie d’eux.
Elle semble sans cesse
revenir, ne jamais s’arrêter, n’ayant pour fin qu’elle-même.
Cependant, elle peut
s'extérioriser, à travers les représentations qu’on en fait d’elle, mais aussi s’atténuer,
être moins présente, notamment avec la mise en place d’un État qui saurait la
contrôler.
Enfin la violence semble être un moyen d’atteindre un autre but.
Ce serait
par elle-même que sa régulation serait possible : la violence envers le bouc émissaire
par exemple, permettrait de l’apaiser.
Cette violence serait même un moyen de
développer l’Être, de faire évoluer l’homme vers son devenir.
La violence semble ne jamais s’arrêter, elle est omniprésente dans l’histoire
humaine, revenant chaque siècle avec des guerres et des conflits toujours plus
brutaux.
De plus, la présence de pulsion dans notre psychisme peut nous conduire à
exercer une violence, contre soi-même ou les autres.
Enfin, avec les représentations
qu’on lui donne dans nos sociétés, celle-ci est de plus en plus continue et prend de
plus en plus de place.
Depuis le début de la civilisation, les hommes se battent entre eux que ce soit
pour des possessions ou pour le pouvoir.
Les violences reviennent chaque siècle,
toujours plus fortes qu’avant, et toujours plus mondiales.
Selon Yves MICHAUD,
dans La violence publié 1986, les guerres sont sans doute une constante dans
l’histoire.
Au XXème, elles prennent une ampleur sans précédent : elles deviennent
industrielles.
Elles mobilisent les civils, et ne se contiennent pas dans les champs de
bataille.
Les guerres industrielles sont ensuite devenues électroniques, informatiques
donnant l’illusion de ‘guerre propre’, mais qui est toujours une forme de violence.
La
violence paraît alors présente dans chaque moment du développement de nos
sociétés.
De plus, pour le philosophe grec Thucydide, dans Histoire de la Guerre du
Péloponnèse, écrit au Ve siècle av.
J.-C, c’est “la paix qui est l’intervalle entre deux
guerres”, montrant ainsi que l’état de violence paraît être l’état naturel des
civilisations.
Les guerres ont tendance à se répéter au fil du temps.
Les périodes de
paix ne sont pas nécessairement le résultat d'une résolution définitive des tensions,
mais plutôt d'une pause temporaire entre les hostilités.
Les causes profondes des
conflits persistent souvent, même pendant les périodes de paix, montrant ainsi que la
violence ne s’arrête jamais.
De plus, il y a en chacun de nous, dans notre psychisme, des pulsions qui de
manière inconsciente nous pousserait à agir d’une certaine manière, et parfois même
à exercer une violence envers nous-même ou l’extérieur.
Selon FREUD dans Malaise
dans la civilisation publié en 1930, notre pulsion libidinale est telle que nous
cherchons à diminuer la tension psychique quel qu'en soit le prix : par un meurtre,
une violence.
La pulsion de mort, Thanatos, représente une force intérieure qui
pousse les individus vers la destruction et l'agression.
C'est une force opposée à la
pulsion de vie.
Pour FREUD, lorsque la pulsion de mort n'est pas canalisée de
manière constructive, elle peut se manifester de manière destructive, conduisant à
des actes violents envers soi-même ou envers autrui.
Cette violence peut être dirigée
aussi bien vers des individus spécifiques que vers des groupes entiers, prenant des
formes variées telles que la guerre ou le meurtre.
La violence semblerait alors ne pas
pouvoir s’arrêter, puisqu’elle se trouverait dans notre inconscient même.
Enfin, avec sa représentation grandissante dans nos sociétés, la violence ne
prend pas fin, mais nous revient sous différentes formes.
Les différentes formes d’art
qui existent peuvent susciter des émotions fortes, notamment la pitié et la crainte, et
ces émotions peuvent influencer négativement la rationalité et la moralité des
individus.
Il y a des profils qui se fragilisent, qui se brisent et laissent entrer la
violence face à son spectacle.
L'exposition à la violence dans les médias peut susciter
des émotions violentes chez les individus et, par conséquent, agir comme une
catharsis.
La représentation de la violence peut potentiellement libérer ou amplifier
les pulsions violentes plutôt que de les soulager, la répandant ainsi dans nos sociétés.
La violence paraît alors ne pas pouvoir s’arrêter, être omniprésente en nous et
autour de nous, par les guerres et les conflits qu’elle a engendrés dans l’histoire, mais
également par les pulsions qu’elles suscitent.
De plus, avec sa représentation
permanente dans nos sociétés, elle influence nos comportements et nous pousse à
agir violemment envers les autres.
Cependant, il est possible d’agir dessus, et même
sans la faire disparaître, de la réguler, faire en sorte qu’elle diminue.
Alors que certains pensent que sa représentation est néfaste, et pousse à sa
prolifération, la montrer permet en réalité de la canaliser.
De plus, il est possible de
la réguler, pour que sa présence diminue, que ça soit par la mise en place d’un État,
ou de la justice.
Même si le cinéma, la littérature ou encore le théâtre viennent redoubler la
violence que nous rencontrons dans la réalité, cela ne poussent pas forcément les
individus à le devenir ou à créer des conflits.
La représenter peut au contraire
permettre de la réguler, voire l’arrêter.
Jacquelines de ROMILLY, dans La Grèce
Antique contre la violence publié en 2000 explique que la société grecque invente des
procédés par lesquels elles se représentent la violence pour mieux la canaliser.
Même
si cette société a connu de très grands conflits, elle est celle qui s’est levée contre la
violence.
La tragédie est intimement liée à la violence dans une société qui s’organise
pour la refuser, elles sont presque toujours le commentaire qui dénonce le caractère
odieux de la violence.
Selon Jacquelines de ROMILLY, la tragédie montre la
préparation et les conséquences de la violence, mais ne l’expose pas, se contentant de
la commenter.
Il est dès lors possible de réfléchir sur le mécanisme de la violence
permise par l’intervention du chœur.
Il ne participe pas directement à l’action, mais
permet aux spectateurs de produire un jugement.
Ainsi, par sa représentation, il est
possible de la canaliser, de faire en sorte qu’elle diminue au sein des sociétés.
Par ailleurs, dans une civilisation dominée....
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